Les Français veulent que Chirac achève son mandat

Le baromètre Ipsos-le Point de juillet révèle que la cohabitation est bien acceptée. Mais si les Français souhaitent que le président aille au bout de son septennat, ils n'ont pas forcément envie de le réélire.

La cohabitation a d'heureux effets sur la popularité de Jacques Chirac, mais celle-ci ne garantit nullement son avenir politique. Le dernier baromètre Ipsos-le Point fait état d'une remontée de la cote présidentielle de trois points. Avec 65% des jugements favorables, le président de la République retrouve approximativement le très haut niveau d'approbation qui était le sien l'année dernière, à la même époque, dans l'euphorie de la victoire de la France à la Coupe du monde de football. Le chef de l'Etat a, semble-t-il, surmonté le contrecoup des déboires de l'opposition aux élections européennes de juin qui avaient fait plonger sa popularité lors de l'enquête précédente.

Réalisée quelques jours après la traditionnelle intervention présidentielle du 14 juillet, cette enquête montre que l'électorat de droite se range massivement aux côtés de Jacques Chirac. Celui-ci est plébiscité par les sympathisants RPR (91% d'approbation), mais aussi largement approuvé par ceux de l'UDF (79%) et du RPF de Charles Pasqua (76%). En termes d'opinion, et malgré les critiques plus ou moins ouvertes qui fusent à son encontre de la part des responsables de l'opposition, le chef de l'Etat demeure actuellement le fédérateur de la droite.

La "cohabitation émiollente" - selon l'expression employée par Philippe Séguin - a, par ailleurs, le mérite de lui valoir la sympathie d'une majorité d'électeurs socialistes et écologistes. Valéry Giscard d'Estaing a beau expliquer brillamment les effets pervers de la cohabitation, les Français gardent un faible pour cette combinaison institutionnelle qui leur permet d'équilibrer quelque peu les pouvoirs. Une majorité absolue des personnes interrogées estime même que la position de la France par rapport à ses partenaires européens s'en trouve renforcée, ce qui constitue un retournement spectaculaire par rapport à l'opinion qui prévalait en décembre 1997. La conduite harmonieuse des affaires diplomatiques par le couple Chirac-Jospin, notamment pendant la guerre des Balkans, porte visiblement ses fruits. Une courte mais nette majorité s'oppose, de même, à la perspective d'une réforme constitutionnelle anti-cohabitationniste.

Cette acceptation du système actuel rend logique la très large approbation (dans tous les secteurs de l'opinion) de la décision de Chirac d'aller au bout de son septennat. Certes, le quinquennat reste une idée prisée dans son principe même par l'opinion. Mais elle ne lui apparaît pas d'une urgence qui imposerait de bousculer le calendrier politique et électoral.

La popularité de l'actuel chef de l'Etat est toutefois ambiguë à l'aune de ses hypothétiques ambitions pour l'avenir. Si 52% des sondés souhaitent qu'il se représente à l'Elysée, une majorité n'espère pas sa réélection. Cette perspective n'enthousiasme réellement que l'électorat RPR tandis qu'elle est mollement accueillie par les sympathisants UDF et RPR. Chirac n'est pas forcément le champion de l'ensemble de l'opposition pour les années à venir. D'autant moins qu'une courte majorité de Français pronostique sa défaite dans le cas où il se représenterait. Là encore, seul le noyau des proches du parti qu'il a fondé croit massivement en son étoile.

Il est vrai qu'en face, Lionel Jospin affiche toujours une insolente santé sondagière. Stable avec 65% de jugements favorables, le Premier ministre fait jeu égal avec le président de la République alors même qu'il est exposé, pour sa part, aux risques et aléas de la gestion gouvernementale. Après plus de deux ans à l'hôtel Matignon, Jospin est toujours très soutenu par le cœur PS-PC de la majorité, tout en étant perçu avec une indulgence majoritaire par les écologistes, mais aussi par l'électorat UDF et même RPR. Le chef du gouvernement tire, lui aussi, partie de la cohabitation. En termes d'opinion, on ne distingue encore aucun signe patent d'"essoufflement" du Premier ministre.

La percée du Rassemblement pour la France de Charles Pasqua et Philippe de Villiers constitue un autre enseignement saillant de cette enquête. Testé pour la première fois parmi les formations politique, le RPF bénéficie d'un fort impact : 41% des personnes interrogées en conçoivent une "opinion favorable" contre 44% d'opinions défavorables. C'est presque aussi bien que le RPR (43% contre 48%). Le RPF est d'ailleurs perçu positivement par les deux-tiers des électeurs de droite.

Quant à Pasqua lui-même, il s'impose comme la personnalité de l'opposition la plus populaire auprès des Français avec 46% d'opinions positives (mais autant de défavorables). Le fondateur du RPF arrive très largement en tête des autres responsables de l'opposition auprès des sympathisants de droite. L'épais "matelas de popularité" que s'est reconstitué Pasqua au lendemain de son succès au scrutin européen n'est pas de nature à faciliter la stratégie présidentielle.

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