Les lycées doivent se recentrer sur la culture générale
Les idées avancées à la suite de la consultation nationale des lycéens et enseignants rencontrent certaines préoccupations de l'opinion.
Les lycées doivent bouger. Les idées de réforme, brassées les 28 et 29 avril lors du colloque national de Saint-Fons sur "les savoirs à enseigner au lycée", rencontrent une aspiration au changement de l'opinion. Organisée par le ministère de l'Education nationale, cette manifestation, a été marquée par le rapport de Philippe Meirieu, chercheur en sciences de l'éducation, qui s'est lui-même inspiré la consultation nationale des lycéens et enseignants.
Ses propositions visent d'abord à alléger les programmes d'enseignement et à les recentrer autour d'une "culture commune". Le fait est que les Français ont souvent le sentiment que l'école néglige trop l'acquisition des "savoirs fondamentaux" comme la lecture et le calcul. Une enquête Ipsos commandée par le ministère de l'Education nationale et publiée par "l'Express" (1) indiquait que 74% des sondés étaient favorables à ce que l'on consacre "plus de temps" à ces savoirs fondamentaux. La "maîtrise du français à l'écrit et à l'oral" était d'ailleurs citée comme le "problème le plus important" (51%) juste après "le nombre insuffisant des enseignants" (56%) selon une enquête Sofres réalisée par le syndicat FSU et publiée par "Libération" (2).
La vieille idée que l'école doit permettre à chacun de se forger une "culture générale" n'est pas morte. Cet objectif arrivait en seconde position, derrière "l'accession au monde du travail", mais devant six autres buts énoncés dans le sondage pré-cité. Sur ce plan, une majorité de Français perçoivent une dégradation de la qualité de l'enseignement. D'après une enquête Ipsos-"le Figaro" (3), 47% pensent que "l'enseignement de la culture générale" s'est "détérioré" contre 43% qui le voient en état d'amélioration.
Un autre axe des réformes envisagées va dans le sens des espoirs de l'opinion. Il s'agit de l'évolution du rôle des enseignants, appelés par Philippe Meirieu à consacrer quatre heures par semaine à des activités pédagogiques en dehors de leurs cours. Voilà qui devrait satisfaire des Français qui se plaignent majoritairement (51%), selon le sondage Ipsos cité plus haut, d'une détérioration de la "disponibilité des enseignants".
Une enquête CSA-"Phosphore" (4) auprès de lycéens montre que 41% (contre 50%) d'entre eux estimaient que "les professeurs devraient passer plus d'heures en dehors des cours pour participer à la marche générale du lycée". Mais une forte majorité (72%) reprochait à leurs "profs" d'être "routiniers". Le "manque d'ouverture sur le monde" des enseignements est la première critique adressée aux enseignants par leurs élèves.
Si les réformes à répétition du système éducatif ont d'indéniables effets pervers, l'école ne semble pas pouvoir se permettre le luxe de l'immobilisme. On observe, dans toutes les enquêtes, que le taux d'insatisfaction à l'égard de l'enseignement progresse avec le niveau de la formation...
- 1003 personnes âgées de 15 ans et plus interrogées les 21 et 22 novembre 1997.
- 1000 personnes interrogées du 22 au 24 octobre 1996.
- 1010 personnes âgées de plus de 15 ans interrogées du 9 au 12 février 1996.
- 802 lycéens interrogés du 17 au 24 mai 1991.