Les maires veulent rester à l'écart du débat présidentiel

Pour préserver leur image locale, les maires des petites communes rechignent à s'impliquer dans le débat présidentiel. L'étude Ipsos-Courrier des Maires montre que la majorité d'entre eux ne souhaite pas parrainer de candidat, ni même donner son favori en cas de duel Chirac-Jopsin au second tour.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
Get in touch

Les maires, en particulier ceux des petites communes, préfèrent, pour préserver leur image locale, se tenir à l'écart de la prochaine échéance électorale. Ainsi, 60% des élus interrogés n'ont pas "l'intention de donner leur signature pour parrainer un candidat lors de l'élection présidentielle". Cet avis concerne toutefois surtout les maires de petites et moyennes communes. A l'inverse, 80% des maires de villes de plus de 10.000 habitants ont l'intention de parrainer un candidat. Cette différence d'attitude s'explique par le fait que les listes nominatives des 500 signatures sont désormais publiées : si cela est sans conséquence pour les maires des grandes villes, étiquetés politiquement, l'enjeu est plus important pour les maires de petites communes, souvent élus "sans étiquette", qui ne veulent pas prendre le risque de mécontenter une partie de leur électorat en affichant une couleur politique.

La nuance entre parrainage et soutien est d'ailleurs pour les élus relativement floue : 26% seulement des maires ayant l'intention de parrainer un candidat ont "l'intention de donner leur signature à un petit candidat pour qu'il puisse se présenter lors de l'élection présidentielle, même si les idées qu'il défend ne sont pas proches des leurs". On constate sur cette question que les maires récemment élus se montrent plus enclins que les autres à donner leur signature à un petit candidat.
Selon la même logique que pour la question du parrainage, 42% des maires interrogés refusent de divulguer leur souhait de victoire en cas de duel Chirac-Jospin au second tour de la prochaine présidentielle ; cette proportion tombe à 11% chez les maires de communes de plus de 10.000 habitants. Les autres se répartissent en deux camps d'égale importance : 29% préféreraient voir gagner Jospin, contre 29% qui souhaiteraient que Chirac soit réélu.
Il ne fait en revanche guère de doute, pour près des deux tiers des élus interrogés (63%), que les deux têtes de l'exécutif s'affronteront au second tour de l'élection présidentielle. Seul 18% pensent qu'une autre personnalité sera présente au second tour. Les maires croient donc encore moins que l'ensemble de la population française (36%) à l'hypothèse d'un "troisième homme".

Pendant la campagne électorale à venir, les maires souhaitent surtout entendre les candidats sur des thèmes qui les touchent directement.

Ainsi, en dépit d'une actualité dense en matière de risques (inondations, crise de la vache folle et surtout explosion de l'usine AZF à Toulouse), la question de "la prévention des risques naturels (du type inondations) ou industriels" n'apparaît qu'au dernier rang des sujets qu'ils souhaiteraient voir abordés lors de la campagne présidentielle. En fait, la majorité des maires se montre plutôt sereine et peu inquiète pour sa commune. Les risques les plus redoutés sont les "risques naturels", chez plus d'un maire sur trois, contre 64% de "peu inquiets". Les risques industriels, en revanche, ne préoccupent qu'une toute petite minorité, 17%, des élus interrogés. Il est vrai que globalement, le nombre de communes exposées aux risques industriels est assez faible. En dernier lieu, les risques liés à la sécurité alimentaire dans les écoles tourmentent 14% des maires (14%), contre 83% de confiants.

Les maires souhaiteraient en revanche que l'on débatte d'abord de "l'avenir de l'intercommunalité" (41% de citations) et "l'évolution des pouvoirs des maires en matière de sécurité" (32%), les deux problématiques les plus souvent citées. "L'avenir de l'intercommunalité" interpelle plus particulièrement les maires des petites communes : les systèmes intercommunaux, qui permettent de partager les services et donc leurs coûts, représentent en effet un enjeu majeur pour les communes qui disposent de faibles moyens.

Les questions de sécurité intéressent davantage les maires des grandes villes (47% d'entre eux contre 30% des maires des communes de moins de 2000 habitants), et les élus proches de la droite (39% contre 26% des maires sympathisants de gauche). Les maires se montrent d'ailleurs partagés sur la question du "transfert de compétences, de l'Etat vers les maires, en matière de sécurité" : 45% d'entre eux y sont favorables, contre 49% d'avis contraire. Le clivage est ici double : la majorité des élus proches de la droite parlementaire, la majorité des maires des grandes villes se déclarent favorable à un tel transfert, alors que les sympathisants de la gauche plurielle et les maires des communes de moins de 10000 habitants y sont majoritairement opposés.

Après l'intercommunalité et la sécurité, les maires souhaiteraient également que l'on aborde pendant la campagne les thèmes de "fiscalité locale" et "d'aménagement du territoire (transports en commun, services publics)" (22% de citations pour chacun des deux thèmes). La précédente vague de l'enquête Ipsos- Le Courier des Maires, réalisée en novembre 2000, avait d'ailleurs déjà montré qu'une forte majorité des maires était mécontente de la politique du gouvernement dans ces deux domaines.
Moins souvent cités, 19% des élus souhaiteraient que l'on parle également du "statut des élus locaux" et 18% que l'on s'intéresse à "l'avenir de la décentralisation". Ces deux derniers thèmes intéressent davantage les proches de la gauche que les élus conservateurs.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

Société