Les patrons des très petites entreprises sont confiants pour leur compte, pas pour l'avenir économique de la France
Une perception de l'avenir contrastée : confiants à titre personnel, le contexte économique assombrit les perspectives d'avenir des TPE
Les dirigeants de TPE ont une vision de l'avenir contrastée : pessimistes sur l'avenir de la France, ils sont en revanche plutôt optimistes concernant leur propre entreprise. En effet, l'évolution de la situation économique de la France est source de pessimisme pour une grande majorité d'entre eux (73% sont pessimistes), tout comme le retour de la croissance économique (68% sont pessimistes). En revanche, 60% d'entre eux se disent optimistes concernant l'avenir de leur entreprise et 52% concernant l'avenir de leur secteur d'activité. Confiants à titre personnel, ils sont beaucoup plus mesurés à l'égard du contexte économique, et ce de manière d'autant plus prononcée que ce contexte est lointain (la situation économique française).
Par ailleurs, les dirigeants de TPE ont peu de perspectives quant au développement de leur activité dans les mois qui viennent. En effet, qu'il s'agisse de leur chiffre d'affaire, du volume de leur activité commerciale, de leurs investissements ou de leurs effectifs, ils n'envisagent majoritairement pas d'évolution positive dans les mois qui viennent. Ainsi, 52% ne pensent pas augmenter leur chiffre d'affaire, 58% le volume de leur activité commerciale et 72% leurs investissements. Leurs perspectives sont encore plus pessimistes concernant d'éventuels recrutements : 86% ne pensent pas augmenter leurs effectifs, une très nette majorité l'affirmant même avec certitude (61%). En définitive, seuls 13% d'entre eux envisagent de recruter un ou plusieurs salariés dans les mois qui viennent. Parmi ces derniers, 39% envisagent de le faire dès 2005, mais les échéances sont nettement plus lointaines pour une majorité de dirigeants souhaitant recruter puisque 38% indiquent que ces embauches n'interviendront pas avant 2006 et 16% avant 2007. Par conséquent, le potentiel de recrutement des TPE est faible.
Ces faibles perspectives d'avenir s'expliquent peut-être par les difficultés que rencontrent les TPE dans l'absolu, même si les dirigeants se montrent partagés sur ce point. Ainsi, 45% des petits patrons ne rencontrent pas de difficultés particulièrement importantes pour se développer et une majorité de chefs d'entreprises dans le secteur du BTP (53%) l'affirme même. Néanmoins une majorité relative de TPE (50%) affirme rencontrer des difficultés pour se développer, notamment les entreprises du secteur des services (55%). Ces difficultés sont liées pour partie à une certaine rigidité ressentie au niveau étatique : 66% mentionnent le niveau d'imposition et de charges et 29% la complexité administrative. Mais le contexte économique actuel contribue également pour une large part aux difficultés ressenties par certaines TPE, puisque 35% de leurs dirigeants invoquent un marché morose, 23% la faible croissance économique et 22% la mondialisation et la concurrence des pays émergents.
Le contrat Nouvelles Embauches relativement bien accueilli même si l'impact sur le recrutement et le développement des TPE est encore mesuré
Le nouveau contrat mis en place par le gouvernement, le CNE, séduit une partie des dirigeants de TPE, même s'ils sont plus circonspects sur les bénéfices réels que peuvent en retirer leur entreprise en termes de développement. Une majorité de dirigeants de TPE estime ainsi que ce nouveau contrat " répond efficacement aux besoins des TPE " (55%) et " va permettre de créer de nouveaux emplois " (52%). Ce nouveau contrat est donc relativement bien accueilli compte tenu notamment de la conjoncture économique jugée peu stimulante. Toutefois, l'impact du CNE sur leur propre entreprise est encore jugé médiocre par une très large majorité de dirigeants : 70% d'entre eux estiment ainsi que le CNE n'aidera pas leur entreprise à se développer, dont la majorité (51%) juge même que cela ne les aidera " pas du tout ". Cette posture plus circonspecte s'explique notamment par la mise en place extrêmement récente de ce nouveau contrat : les dirigeants attendent probablement de voir dans les mois qui viennent si cela représente réellement une opportunité pour eux.
Pour le moment, il semble que les chefs d'entreprise qui ont recruté un ou plusieurs salariés via le CNE - 3% depuis que ce nouveau contrat a été mis en place, mais 12% à 13% dans les entreprises de plus de 6 salariés - y ont vu pour certains une opportunité : en effet, 44% de ceux qui ont recruté un ou plusieurs salariés par ce biais expliquent l'avoir fait car ils y ont vu une opportunité pour recruter alors qu'ils n'envisageaient pas de le faire et 12% ont pu recruter un salarié, ce qu'ils estimaient ne pas pouvoir faire avant ce contrat. Toutefois, 44% d'entre eux avaient de toutes manières prévu de recruter un ou plusieurs salariés via un autre contrat. Dans tous les cas ces résultats sont à prendre avec une grande prudence compte tenu de la faiblesse des effectifs interrogés.
Encore peu utilisé, le CNE est-il amené à se développer ? Parmi les dirigeants qui pensent augmenter leurs effectifs à l'avenir, un quart (23%) pense proposer à leurs nouveaux salariés un contrat Nouvelles Embauches. Mais ce contrat arrive derrière le traditionnel CDI (39% comptent le proposer). En revanche, les patrons qui comptent embaucher privilégient le CNE au CDD (15%), signe peut-être que le CNE remplace davantage un CDD qu'un CDI.
Plus que les contrats et les procédures de recrutement, ce sont de toutes manières les charges sociales et patronales qui apparaissent aux dirigeants de TPE comme les principaux freins à l'embauche. En effet, près de deux patrons sur trois indiquent avoir renoncé à recruter un ou plusieurs salariés en raison du poids trop important des charges sociales et patronales (63%), alors qu'ils disent majoritairement n'avoir jamais renoncé à un recrutement en raison des difficultés à licencier ce salarié si l'entreprise venait à connaître une baisse d'activité (64%) ou en raison de la complexité des procédures d'embauche (76%). Si le CNE répond en partie aux attentes des dirigeants, il ne résoud donc pas d'autres problèmes mis en avant par les TPE et notamment " les difficultés à trouver du personnel compétent " qui ont poussé 48% des dirigeants - 61% dans les entreprises du BTP - à renoncer à un recrutement.