L’état d’esprit des maires à quatre mois des élections municipales

Ipsos a interrogé pour le Courrier des Maires un échantillon représentatif de 400 maires sur la campagne à venir : le souhait de se représenter, les difficultés rencontrées, les sujets émergents, les relations avec les administrés, l’Etat... Tour d’horizon.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Les maires davantage enclins à se représenter qu’en 2001

A quelques mois des élections municipales, 61% des maires actuellement en poste souhaitent se représenter au lieu de 45% en novembre 2000 juste avant le dernier scrutin.  Le refus de solliciter un nouveau mandat est davantage le fait de maires âgés (41% des maires de 65 ans ou plus sont certains de ne pas se représenter) ou qui en sont au moins à leur quatrième mandat (47%), mais n’épargne pas les maires dont c’est le premier mandat, même si c’est dans des proportions moindres (18%). Dans le détail, ce sont,  comme en novembre 2000,  les maires des communes de plus de 10 000 habitants qui expriment le plus massivement leur souhait de prolonger leur mandat (90%).  Les maires de communes plus petites sont un peu plus réservés (66% dans les communes de 2 000 à 10 000 habitants, 60% dans les communes de moins de 2 000 habitants, qui représentent 88% des communes françaises).

Les deux principales difficultés des maires : trouver des personnes disponibles et compétentes dans des domaines pointus >

Interrogés sur les priorités concernant la constitution de leur liste et de leur équipe municipale, les maires qui n’excluent pas de se représenter distinguent très nettement deux exigences : trouver des personnes compétentes dans des domaines pointus (62%) et trouver des personnes qui ont du temps à consacrer à leur mandat (60%). Ces deux éléments arrivent en tête de hiérarchie aussi bien dans les communes de moins de 2 000 habitants (respectivement 63% et 62%) que dans celles de 2 000 à 10 000 habitants (59% et 49%). En revanche, si les maires de communes de plus de 10 000 habitants soulignent également la difficulté à trouver des personnes compétentes dans des domaines pointus (44%), c’est surtout la volonté de rajeunir leur liste qui ressort (54% de citations), tandis que le fait de trouver des personnes qui ont du temps à consacrer à leur mandat est relégué à la troisième place (38%).

L’environnement, le thème qui comptera nettement plus dans la campagne de 2008 que dans celle de 2001 d’après les maires

Interrogés à faire part de leur pronostic sur les thèmes qui seront davantage abordés dans la campagne de 2008 par rapport à 2001, près d’un maire sur deux (44%) mentionne l’environnement et le cadre de vie. Pour les maires de grandes communes, l’environnement est associé au développement durable (39% de citations) tandis que les maires de communes de taille plus modeste évoquent plutôt l’assainissement (18% de citations dans les communes de moins de 2 000 habitants et 14% dans celles de 2 000 à 10 000 habitants), ou la qualité de l’eau potable (8% et 12%).
Le deuxième thème spontanément évoqué concerne la gestion de l’augmentation de la population (33%). Ce thème est surtout mentionné dans les communes de moins de 10 000 habitants, qui sont confrontées à l’arrivée de nouveaux habitants venus chercher « à la campagne » un environnement rural plus sain ou un logement plus grand. Dans ce contexte, les maires doivent souvent faire face à de nouvelles exigences (logements individuels, équipements culturels et sportifs modernes, infrastructures de télécommunication développées) tout en maintenant le caractère rural de leurs communes.
Les transports arrivent en troisième position (30%) – en cinquième chez les maires de communes de plus de 2 000 habitants – et révèlent là encore des enjeux différents selon la taille des communes. Les maires des petites communes évoquent essentiellement l’entretien et l’aménagement des routes et de la voirie, et la mise en sécurité des infrastructures routières. Les maires des communes de plus de 10 000 habitants évoquent quant à eux la circulation et le stationnement, mais aussi les transports en commun.
A noter encore que l’action sociale, le logement, ainsi que l’emploi et le développement économique devancent chez les maires de communes de plus de 10 000 habitants la thématique des transports. Ces trois sujets, sans être nouveaux, constituent dans les communes de plus grande taille des enjeux considérables.
Enfin, l’une des véritables nouveautés de cette campagne réside dans l’émergence de l’intercommunalité, un sujet à peine évoqué en 2001 mais qui est désormais spontanément mentionné par les maires (15%), et ce quelle que soit la taille de la commune. En revanche, le thème de l’insécurité, qui avait marqué la campagne de 2001, ne semble plus devoir peser autant en 2008.

Développement durable et droit opposable au logement : deux enjeux problématiques pour les maires

La mise en œuvre d’une politique de développement semble poser problème, notamment dans les  petites communes. La majorité des maires de communes de moins de 2 000 habitants (52%) estime même qu’il s’agira de l’enjeu le plus difficile à relever entre 2008 et 2014.  Les maires de communes de plus grande taille insistent moins sur le sujet. Si dans les communes de 2 000 à 10 000 habitants, ils sont encore 40% à considérer que le développement durable constituera le principal enjeu de ces prochaines années, on tombe à 17% pour les maires de communes de plus de 10 000 habitants. Ces derniers soulignent davantage les difficultés qu’ils pourraient rencontrer pour mettre en œuvre le droit opposable au logement (46%).

Avant toute autre réforme, les maires éprouvent un besoin de clarification des compétences et des financements de chaque collectivité locale

Le besoin exprimé par les maires, notamment dans les petites communes, d’une clarification et d’un encadrement de l’Etat des compétences et du financement, dépasse largement le domaine du développement durable. C’est l’ensemble du système instauré par la décentralisation que les maires souhaitent clarifier. Ainsi, quelle que soit la taille de la commune qu’ils dirigent, les maires considèrent majoritairement que la réforme des finances locales (57%) et la clarification des compétences entre les communes, l’Etat et les autres collectivités locales (57%) sont les deux réformes prioritaires des années à venir.

La relation avec les administrés passe par une meilleure appréhension de l’intercommunalité dans les petites communes, et  par le renforcement de la participation des citoyens dans les grandes communes

Concernant les relations avec les administrés on met l’accent dans les communes de moins de 2 000 habitants sur l’intercommunalité (51% de citations), en insistant sur la nécessité de développer l’adhésion des citoyens à cette structure, en les informant et en les faisant participer davantage à la politique intercommunale. Les maires de communes de 2 000 à 10 000 habitants se montrent partagés entre développement de l’adhésion des citoyens à l’intercommunalité (36%) et renforcement de leur participation au processus de décision (37%), tandis que les maires de communes de taille plus importante privilégient le renforcement de la participation des citoyens au processus de décision, via des dispositifs comme les budgets participatifs ou les conseils de quartier (50%).

Le besoin de protection juridique demeure prégnant aux yeux des maires

Le débat sur le nécessaire renforcement de la protection juridique des élus ressurgit de façon récurrente, en dépit de l’adoption de la loi de juin 2000 sur la redéfinition de délits non intentionnels, concernant notamment la responsabilité pénale des maires. Ces derniers, même s’ils ont été rassurés par la loi, semblent encore préoccupés à ce sujet puisque lorsqu’on les interroge sur la mesure qui leur semble prioritaire pour améliorer le statut des élus locaux, c’est le renforcement de la protection juridique qui arrive en tête (42%), tout particulièrement dans les communes de moins de 2 000 habitants (42%) et de 2 000 à 10 000 habitants (48%). Cette proposition est également en tête chez les maires de villes plus peuplées mais dans des proportions moindres (31%), dans la mesure où elle est talonnée par le souhait d’accroitre les crédits d’heures pour l’exercice de leur mandat (30%). On notera au passage que le renforcement de la protection juridique est la principale priorité des maires qui ne souhaitent pas se représenter (52%).

Des maires relativement confiants à l’égard du gouvernement

Six mois après l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, les maires expriment majoritairement leur confiance au gouvernement pour mener à bien un certain nombre de réformes. Dans le détail, la réforme de la fonction publique suscite la confiance de près de deux maires sur trois (62%), suivie par le statut des élus locaux (59%), la réforme de la carte judicaire (54%) et la fiscalité locale (51%). Par ailleurs, 68% des maires estiment que la réforme de la fonction publique proposée par Nicolas Sarkozy va plutôt dans le bon sens (22% d’avis contraire). La réforme de la carte judiciaire suscite des réactions plus contrastées, notamment dans les communes de plus de 10 000 habitants (47% se disent confiants sur ce sujet, 49% sont d’avis contraire).
Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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