L'euro séduit jusqu'aux électeurs RPR et communistes
La premier baromètre mensuel Ipsos-l'Européen met en évidence le consensus qui est en train de se forger autour de l'euro. Même les électeurs RPR et communiste, il y a peu très réticents à l'égard de la monnaie unique, y sont désormais favorables.
La tonicité des débats que la France politique a connu au cours des derniers jours lors du débat sur l’Euro à l’Assemblée Nationale reflète assez largement l’état de l’opinion politique nationale. Le critère de proximité à l’une ou l’autre des familles politiques est en effet le plus discriminant sur les sentiments à l’égard de l’Euro, même si tout ne se passe pas aussi simplement qu'on aurait pu l'imaginer.
Première surprise, les électeurs du PC s’avèrent plus partagés que prévu sur l’impact de la monnaie unique dans la vie quotidienne des Français : 53% en attendent des effets positifs, contre 42% d'opinions inverses. Les sympathisants du PS (65%) rejoignent plus logiquement dans le soutien ceux de l’UDF, les plus enthousiastes vis à vis de l’Euro (73%).
La deuxième surprise se trouve à droite et semble donner raison à la stratégie d’Alain Juppé plus qu’à celle de Philippe Séguin : les " europhiles " apparaissent aussi nombreux parmi les proches du RPR (65%) que chez les sympathisants du PS ! Enfin, le Front National peut continuer à marteler son discours anti-monnaie unique, ses sympathisants le suivent : ce sont les seuls à se déclarer majoritairement hostiles à l’Euro (66%).
Au total, 60% de l’ensemble des personnes interrogées estiment que la monnaie européenne est une " bonne chose pour les gens comme eux ", près d’un tiers d’entre elles (30%) ayant aujourd’hui un avis opposé. Le solde de l'indice de popularité de l’Euro (différence entre les bonnes et les mauvaises opinions) se situe ainsi à +30. Cet indice d’adhésion à l’Euro en tant que facteur de changements au quotidien varie en fonction du profil de la personne interviewée. Il culmine chez les cadres supérieurs (+71), les revenus les plus hauts (+68), les diplômés du supérieur (+61) et les plus jeunes (+51). Il est le plus bas chez les employés (+16), mais aussi les travailleurs indépendants (+17) et les agriculteurs (+13), chez les plus de 70 ans (+3) et les femmes (+20). Cet indice devient même négatif chez les moins diplômés (-3).
Le consensus sur l’Euro est plus massif encore lorsque l’on s’intéresse à son impact sur l’économie française. Un peu plus de six mois avant la première étape de son lancement officiel, l’Euro apparaît comme une opportunité économique aux yeux de plus des deux tiers des Français (67% contre 22%). Cet enthousiasme varie toutefois sensiblement selon les catégories socio-professionnelles. Plus fort chez les hommes que chez les femmes, il décroît également en fonction de l’âge : 79% des moins de 25 ans jugent positivement la monnaie unique, pour " seulement " 57% des personnes âgées de 70 ans et plus. De même, les cadres supérieurs (81%) et les membres des professions intermédiaires (85%) font preuve, sans surprise, d’un attachement plus fort que celui des ouvriers (61%) et des retraités (60%). La différence est similaire entre les revenus les plus élevés (81% pensent que l’Euro est une bonne chose) et les revenus les plus bas (61%).
Enfin, c’est sur le niveau d’étude que l’écart est le plus marqué : la monnaie unique porte les espoirs de moins d’une personne sortie de l’enseignement primaire sur deux (47% contre 29%) alors que 82% des diplômés du supérieur lui accordent d’ores et déjà leur confiance économique.
Fiche technique :
Etude IPSOS OPINION réalisée pour l'EUROPEEN.
945 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, ont été interrogées par téléphone, les 24 et 25 avril 1998.
L'échantillon est construit selon la méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, catégorie d'agglomération et région.