L'euro suscite plus d'appréhension
L'image de la monnaie unique européenne s'érode. Dans l'ensemble des cinq pays concernés par le baromètre " Tendances des opinions publiques européennes " Ipsos-AFP, les jugements positifs concernant l'euro reculent de 61% en novembre 1999 à 53% en février 2000. Parallèlement, les opinions négatives à l'égard de la monnaie commune progressent de neuf points. Significativement, ce mouvement touche tous les pays concernés par l'étude. L'évolution est la plus marquée au Royaume-Uni : alors que l'euro avait gagné une très faible majorité d'opinions positives, les réactions britanniques à son égard retournent dans une brutale hostilité avec seulement 36% de jugements favorables contre 58% d'opposés.
Le camp de ceux qui envisagent positivement l'euro se réduit dans tous les pays : moins six points en Allemagne, moins huit en Espagne, moins six en France, moins huit en Italie et moins onze au Royaume Uni. Voilà qui fait basculer, à nouveau, les Allemands dans la méfiance envers la monnaie unique. Selon cette dernière enquête, 51% des personnes interrogées ont désormais une " opinion négative " de l'euro.
Comme d'habitude, l'évolution des jugements concernant l'euro est corrélée avec la perception de la situation économique des pays concernés. Ce n'est pas un hasard si le mouvement négatif par rapport à l'euro est le plus marquant dans les deux pays où la " confiance " dans la situation du pays se détériore le plus. Il s'agit, bien évidemment, de l'Allemagne - où " l'inquiétude " progresse de trois points pour culminer à 65% - et du Royaume-Uni, pays dans lequel la confiance régresse de trois points.
A nouveau, les cycles de confiance politique ne sont pas indexés sur les indices de satisfaction économique. La question de la confiance envers les chefs de gouvernement met en évidence des évolutions autonomes. En Allemagne, malgré une perception plus morose du climat économique, la confiance envers le chef du gouvernement progresse de dix points grâce aux mésaventures de l'opposition. Il s'en suit un retournement du rapport des forces politiques : une majorité relative d'Allemands souhaite désormais que la coalition au pouvoir l'emporte au cas hypothétique où des élections législatives auraient lieu. L'autre évolution marquante concerne la France. Pour la première fois, la proportion des sondés qui font " confiance " à Lionel Jospin pour " faire face aux principaux problèmes du pays " est égale à ceux qui marquent leur défiance. Ce mouvement ne se traduit cependant pas par un véritable désir d'alternance puisque seulement 24% souhaiteraient la victoire de l'opposition tandis que 35% appuieraient la majorité en place - le reste des personnes interrogées se réfugiant dans le non-choix.