L'image de France Télécom s'est gravement ternie

La dernière vague du baromètre des grandes entreprises françaises Ipsos-Le Nouvel Economiste est surtout marquée par une chute sans précédent (67 points) de l'indice d'image de France Télécom. Le groupe Vivendi Universal bat quant à lui le record d'impopularité que détenait Total-Elf-Fina depuis février dernier.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Depuis la première vague de notre baromètre, en octobre 1999, de nombreuses entreprises ont subi de lourdes et soudaines dégradations d'image : Michelin, suite à l'annonce simultanée d'une vague de licenciements et de larges bénéfices, Total-Elf-Fina après le naufrage de l'Erika ou l'explosion meurtrière de l'usine AZF à Toulouse, la SNCF ou La Poste en période de grève pour ne citer que les plus marquantes. Mais aucune de ces chutes n'a été de l'ampleur de celle enregistrée ce mois-ci par France Télécom. Près de 60% des personnes interrogées déclarent aujourd'hui avoir "une mauvaise image" de l'entreprise (contre 25% en mai dernier), pour un indice d'image(*) à -19, en baisse de 67 points. Les annonces d'une dette de 70 milliards d'euros ou du départ de son PDG Michel Bon n'expliquent pas entièrement cette plongée dans l'impopularité. La hauteur de la déception est sans doute aussi à rapprocher de la confiance dont jouissait dans l'opinion l'un des piliers du secteur public, avant les tourments du secteur des télécommunications : France-Télécom appartenait encore récemment au peloton de tête des entreprises françaises, en termes d'image comme de proximité.

L'effondrement de France Télécom s'inscrit encore dans une crise d'image qui touche l'ensemble du secteur public. Avec un terrain d'enquête réalisé en période de grève du personnel, l'indice de la compagnie Air France accuse une forte baisse (41 points), pour retomber à l'un de ses plus bas niveaux, +6. Dans une moindre mesure, les popularités d'EDF (indice 74, -4 points) et du Gaz de France (indice 75, -8) sont également orientées à la baisse. Ces deux dernières entreprises restent toutefois parmi le top 5 des entreprises préférées des Français ; les baisses subies semblent ainsi plutôt conjoncturelles que structurelles. On observe en effet sur l'ensemble du baromètre un effet saisonnier : traditionnellement, l'image de l'ensemble des entreprises décline lors de la rentrée sociale. Sur les trente firmes testées, l'indice d'image moyen, situé aujourd'hui à 40 points, est en baisse de 6 points par rapport en mai dernier. En octobre 2001, la baisse moyenne était aussi de 6 points (indice 41), en octobre 2000, la moyenne était à -11 (indice 44).

La saisonnalité du baromètre n'induit toutefois pas de changement aux deux extrêmes du palmarès. A quelques jours du mondial de l'automobile, PSA-Peugeot-Citroën (indice 78) et Renault (75) sont pointés respectivement à la première et troisième place du classement, tandis que Leclerc, intercalé en seconde position (indice 77), conserve la très bonne image acquise avec la mise en place de l'euro. En queue de peloton, Vivendi Universal fait toujours figure de lanterne rouge. Le départ de Jean-Marie Messier n'a pas suffi à redorer l'image de la multinationale, qui perd encore vingt points d'indice sur cette vague, après une chute de 46 points relevé lors de la vague précédente. Plus des deux tiers des personnes interrogées ont à présent une mauvaise image du groupe, contre 13% d'avis contraire, soit l'indice le plus bas jamais mesuré dans ce baromètre (-55). L'impopularité est encore plus nette chez les personnes détenant un portefeuille d'actifs financiers : plus du tiers d'entre eux ont une "très mauvaise image" de Vivendi, pour un total "très" et "plutôt mauvaise image" qui met d'accord 80% des actionnaires interrogés : jusqu'à présent, aucune entreprise n'avait enregistré une telle gronde dans cette population.

* différence entre taux de "bonne" et "mauvaise image"

Contact : Xavier Guéroux, directeur du pôle Stratégies d'Entreprise, Ipsos Opinion

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  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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