L'indice européen de la consommation Ipsos - Sofinco

La 17ième vague du baromètre Ipsos-Sofinco dresse un panorama complet du paysage européen de la consommation près de 6 mois après la mise en circulation de l’Euro. La baisse continue de l’indice européen de la consommation Sofinco-Ipsos, identifiée depuis novembre dernier, se stabilise. Cette stabilité masque des clivages nationaux importants, créant petit à petit une « Europe à deux vitesses » : les Français sont de plus en plus optimistes, à l’inverse des Allemands et des Italiens. L’Euro apparaît comme un véritable catalyseur du moral économique, enregistrant sa plus forte baisse d’image depuis 4 ans.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
Get in touch

Après une baisse discontinue depuis novembre dernier, l’indice européen de la consommation se stabilise

L’indice européen de la consommation, évaluant la propension à consommer des Européens, se stabilise au cours de cette vague (indice 110, sans changement) alors qu’il n’avait cessé de baisser depuis mai 2001.
Cette stabilité est en partie due à une confiance économique légèrement supérieure à celle observée il y a 3 mois : une majorité d’Européens se sentent aujourd’hui optimistes quand ils pensent à la situation économique de leur pays ( 53%, + 2 points) ou quand ils pensent à l’évolution de leur niveau de vie et du pouvoir d’achat de leur foyer (59%, aucun changement). Par ailleurs, les européens témoignent d’une envie de consommer en hausse (68% déclarent « avoir envie de dépenser », + 4 points), même si les intentions de consommation progressent dans une moindre mesure ( indice 108, + 1 point).
En revanche, les indicateurs reflétant la pression financière perçue par les européens continuent à baisser : l’indice du potentiel de consommation perd 8 points à son plus bas niveau depuis novembre 1998. Par ailleurs, un européen sur deux déclare avoir plus de mal à mettre de l’argent de côté que l’année dernière (50%, + 7 points).

La stabilité globale de la situation économique européenne repose donc avant tout sur un léger retour de confiance, en contradiction relative avec la forte hausse de la pression des prix .

Cette stabilité masque par ailleurs de fortes disparités entre pays, déjà observées lors de la dernière vague mais qui continuent à s’accentuer . Un des principaux enseignements de cette vague relève ainsi du creusement de l’écart entre les pays optimistes (la France et la Grande-Bretagne) et ceux qui, à l’inverse, témoignent de véritables difficultés (l’Allemagne, l’Italie et –dans une moindre mesure- l’Espagne).

La bonne situation française et les britanniques

Deux pays témoignent d’une situation privilégiée en Europe.

La Grande-Bretagne, tout d’abord, se maintient traditionnellement en tête des principaux pays européens quant à la confiance économique (indice 124, + 5 points) et au potentiel de consommation (indice 159, + 4 points). Elle continue, lors de cette dernière vague, à fortement progresser sur ces indicateurs. Les Britanniques restent également les Européens qui déclarent le plus d’intentions de consommation (indice 121, + 1 point), même si, paradoxalement, seulement 63% (+ 2 points) ressentent aujourd’hui l’envie de dépenser, contre 68% des européens.

 

La France, moins habituée à figurer dans le peloton de tête des pays optimistes, confirme ses bons résultats de la vague précédente en continuant à progresser sur la plupart des indicateurs économiques, et notamment sur les indicateurs de confiance.
Ainsi, 61% (+ 6 points) des Français se déclarent aujourd’hui optimistes quant à la situation économique de leur pays, contre 53% des Européens. Cette progression est d’autant plus intéressante qu’elle peut être principalement impartie aux catégories traditionnellement les moins optimistes, à savoir les femmes (59 % d’optimistes, + 12 points), les retraités (62% d’optimiste, + 15 points) et les classes moyennes (57%, + 8 points). Les écarts d’appréciation de la situation économique entre les différentes catégories de Français semblent ainsi partiellement se combler. Cet optimisme macro-économique se répercute largement sur les perceptions qu’ont les Français de l’évolution de leur niveau de vie : 55% (+ 5 points) se déclarent là encore optimistes, progression notable sur un indicateur où les Français se montrent traditionnellement frileux. Les retraités continuent à enregistrer des progressions supérieures à la moyenne sur cet indicateur (51% d’optimistes, + 10 points).
La même embellie se constate sur les indicateurs de consommation puisque trois français sur quatre déclarent avoir envie de consommer (75%, + 5 points). Enfin, les français semblent également moins sensibles à la pression des prix que leurs homologues européens : ainsi, en cas d’une augmentation de leur revenu, 43% des Français consacreraient cet argent à dépenser plus (+2 points) plutôt qu’à mettre de l’argent de côté, taux record en Europe.

En Allemagne et en Italie : l’effondrement de la confiance et du pouvoir d’achat génère des situations critiques

La bonne situation française et britannique contraste de plus en plus avec les difficultés allemandes et, dans une moindre mesure, italiennes.

En deux ans, l’Allemagne passe de la seconde position parmi les cinq grands pays européens. Elle présente notamment des indices de confiance en chute libre : seul un Allemand sur trois se déclare optimiste quant à la situation économique de son pays ( 33%, - 2 points) versus une majorité (51%) il y a un an. La même dégradation se constate sur le moral micro-économique : 53% (- 6 points) des Allemands se déclarent optimistes sur l’évolution de leur niveau de vie, contre 62% il y a un an. D’une manière exactement inverse à ce que l’on observe en France, ce sont les catégories les plus fragiles (les femmes, les retraités, les catégories les plus modestes) qui tirent le plus ces indices vers le bas, creusant l’écart avec d’autres catégories plus privilégiées.
La pression financière explique sans doute l’effondrement de la confiance : 72% des Allemands (+ 8 points) ont aujourd’hui l’impression d’avoir plus de mal que l’année derrière à mettre de l’argent de côté –niveau record en Europe- contre un européen sur deux en moyenne (50%). Cette pression touche encore plus les femmes de moins de 45 ans (77%, + 17 points), les personnes exerçant une profession indépendante (77%, + 24 points) et les ouvriers (78%, +11 points).

L’Italie rejoint l’Allemagne sur la pression financière : 60% (+ 13 points) des italiens déclarent avoir plus de mal à mettre de l’argent de côté que l’année dernière et, s’ils en ont envie, 73% (+ 4 points) des italiens déclarent néanmoins ne pas avoir les moyens de dépenser. Contrairement à ce que l’on observe en Allemagne, cette pression est ressentie par l’ensemble des catégories de population.
Toutefois, contrairement aux Allemands, cette pression des prix semble n’avoir encore que peu d’impact sur le moral économique des Italiens : 61% se déclarent optimistes quant à la situation économique de leur pays (+ 3 points) tandis que 66% se sentent également optimistes quant à l’évolution de leur niveau de vie et de leur pouvoir d’achat (+ 4 points).

L’Euro : une véritable remise en cause des avantages perçus par les consommateurs européens

Si, deux mois après la mise en circulation de l’Euro, on pouvait déjà parler de succès de la mise en circulation de la monnaie unique, on assiste aujourd’hui à un formidable renversement de l’opinion des consommateurs européens sur la monnaie unique européenne.

Une majorité relative d’Européens ( 47%, + 11 points) estime aujourd’hui que l’Euro présente plus d’inconvénients que d’avantage pour le consommateur, tandis que 39% (- 7 points) défendent l’idée inverse. Après la poussée d’optimisme qui avait succédé à la mise en place de l’Euro, on retrouve ainsi une situation à peu près comparable à celle de novembre dernier. Seule évolution : ceux qui, alors, refusaient de se prononcer, semblent avoir opté pour plus d’inconvénients que d’avantages.

Ce retournement de tendance est cependant loin d’être uniforme au sein des différents pays concernés. Ainsi, les Français, qui jusque là restaient les plus partagés quant aux conséquences de l’Euro, continuent à être gagnés par l’optimisme : 48% (+ 6 points) d’entre eux voient aujourd’hui dans l’Euro plus d’avantages que d’inconvénients, contre 40% (- 1 point) soutenant l’inverse. On soulignera que les catégories les moins favorables à l’Euro évoluent également vers plus d’optimisme, comme les ouvriers (42%, + 14 points). Unique exception : les français exerçant des professions indépendantes, pourtant enthousiastes en février : aujourd’hui 40% trouvent que l’Euro présente plus d’avantages que d’inconvénients (- 13 points).

Les autres grands pays européens, notamment l’Allemagne et l’Italie, connaissent tous un relatif rejet de la monnaie unique. Les Allemands, qui pouvaient jusque là se prévaloir de la plus forte adhésion à la monnaie unique, considèrent désormais à 57% (+ 20 points) l’Euro comme porteur de plus d’inconvénients que d’avantages pour le consommateur. Les hommes (56%, + 27 points) et les ouvriers (68%, + 31 points) constituent les populations les plus déçues par l’Euro.

En Italie, on constate une situation à peu près identique : une majorité d’Italiens considère aujourd’hui que l’Euro représente plus d’inconvénients que d’avantages pour le consommateur (53%, + 23 points), alors qu’ils avaient témoigné d’un regain d’optimisme au cours de la dernière vague. Exception notable, les cadres, qui semblent avoir bénéficié plus que d’autres des avantages de la monnaie unique : en effet, 52 % (+ 9 points) y voient désormais plus d’avantages que d’inconvénients.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

Société