L'influence des enfants sur le budget familial

Près d’un consommateur européen sur quatre est aujourd’hui parent, d’un enfant ou d’un adolescent : les conséquences sur la gestion du budget sont importantes, tant au quotidien qu’à plus long terme. En complément des traditionnels focus sur l’enfant "conso-acteur", l’étude Ipsos-Sofinco s’intéresse aux parents, et à la façon dont ils conçoivent l’influence des enfants/adolescents sur leur propre consommation. Si les pratiques sont assez proches d'un bout à l'autre de l'Europe, quant à l’implication quotidienne des enfants dans les choix de consommation de la famille, les Européens envisagent de manière très différente l’accession des adolescents à l’autonomie.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Quelques tendances...

  • L'habillement constitue le principal poste de dépenses des parents pour leur(s) enfant(s) en Europe. Cité par 42% d'entre eux, ce poste de dépense précède l'alimentation (37%) et de l'éducation (35%).
  • La plupart des parents estiment que leur(s) enfant(s) influence(nt) "souvent" ou "de temps en temps" leurs achats de vêtements (84%), de loisirs (80%) ou encore de produits alimentaires (76%).
  • A l'inverse, les deux tiers des parents déclarent que leurs enfants n'interviennent jamais dans le choix d'une voiture.
  • Si 71% des parents européens donnent de l'argent de poche à leurs enfants, ils ne sont que six sur dix à avoir adopté cette pratique en France, contre 84% des parents allemands.
  • L'argent de poche donné aux enfants européens chaque mois s'élève en moyenne à 31 euros. Ce montant évolue fortement en fonction de l'âge des enfants : 15 euros par mois entre 5 et 10 ans, 27 euros par mois entre 11 et 14 ans, 47 euros entre 15 et 17 ans et enfin 62 euros entre 18 et 20 ans.
  • Une majorité de parents (80%) met de l'argent de côté pour ses enfants, mais à des degrés divers : 10% déclarent ainsi mettre "beaucoup" d'argent de côté pour (son)ses enfant(s), 39% "assez", et 31% "peu". Les plus prévoyants sont les Allemands (91% mettent de l'argent de côté pour leurs enfants), tandis que les Espagnols sont à l'inverse les moins nombreux à épargner pour leur(s) enfant(s) (63%).
  • 59% des parents européens trouvent normal de donner à leur(s) enfant(s) une aide financière pour s'installer dans la vie, tandis que 36% estiment plutôt que les enfants doivent le plus possible se débrouiller seuls financièrement au moment de cette étape.
  • 80% des parents seraient prêts à souscrire un crédit pour financer les études supérieures de leur enfant, 47% pour lui acheter des équipements au moment de son installation dans un logement, 31% pour financer l'achat de sa voiture et enfin 26% seulement pour financer un voyage à l'étranger.

  

I- Le budget "enfant" du foyer

A/ Un budget axé autour de l'habillement et de l'alimentation, mais aussi de l'école et des loisirs

Dans quel poste de consommation les parents ont-ils le sentiment de dépenser le plus pour leur(s) enfant(s) ? Dans les vêtements. L'habillement est le poste de dépense qui arrive en tête du budget des parents (42%), avant l'alimentation (37%) et l'éducation (35%). Les loisirs occupent une place à part, en retrait du trio de tête, mais néanmoins cité par un parent sur quatre (25%). Les vacances, la santé et l'argent de poche sont relégués en fin de classement, loin derrière ces quatre composants essentiels du budget consacré aux enfants.

B/ Une hiérarchie variable, reflet de spécificités nationales et de priorités familiales différentes

Si ce quarté de tête se retrouve chez l'ensemble des Européens, on constate un "ordre d'arrivée" différent selon les pays : en France, c'est l'alimentation qui constitue le premier poste de dépense pour les enfants (37%), devant l'habillement (33%) et l'éducation (26%). Dans les pays méditerranéens, l'éducation arrive massivement en tête du budget dédié aux enfants, citée par 71% des Portugais, 56% des Italiens et 54% des Espagnols. Enfin, les pays anglo-saxons (Allemagne et Grande-Bretagne) soulignent plus que leurs voisins le poids des dépenses liées aux loisirs des enfants (respectivement 36% et 33% citent ce poste).

Assez logiquement, la répartition du budget varie également en fonction de l'âge des enfants. L'éducation en constitue l'exemple le plus frappant, citée comme poste de consommation prioritaire par 27% des parents d'enfants de 5 à 10 ans, 37% des parents d'enfants de 11 à 17 ans et 45% des parents d'adolescents de 18 à 20 ans.

Par ailleurs, plus la famille s'agrandit, plus le budget consacré à l'alimentation devient prioritaire. Arrivant derrière l'habillement et l'école chez les parents d'enfant unique, il dépasse le budget éducation dès l'arrivée du 2ième enfant pour devenir le premier poste de dépense dans les familles de
3 enfants et plus.

C/ L'argent de poche : les jeunes allemands sont les plus gâtés, les jeunes français les moins fortunés

Si l'argent de poche apparaît comme un poste de dépenses très secondaire pour les parents, 71% d'entre eux recourent régulièrement à cette pratique avec leurs enfants. Ce taux masque néanmoins d'assez fortes variations entre les pays européens. Ainsi, l'argent de poche est quasiment institutionnalisé en Allemagne (84% des allemands de 5 à 19 ans reçoivent de l'argent de poche), mais un peu moins en France, où 61% des jeunes de 5 à 19 ans bénéficient régulièrement d'une somme d'argent qu'ils peuvent utiliser comme ils le veulent. Les autres pays européens se situent entre ces deux extrêmes.

En moyenne, les jeunes européens reçoivent 31 euros d'argent de poche par mois. Ce montant évolue en fonction de leur âge, tout en restant néanmoins très raisonnable : globalement, les parents européens commencent à verser une petite somme d'argent à leur enfant vers 6-7 ans et augmentent cette somme au fil des ans. En moyenne, les jeunes européens disposent de 16 euros par mois entre 5 et 10 ans ; 27 euros entre 11 et 14 ans, 47 euros entre 15 et 17 ans et 62 euros entre 18 et 20 ans.

On constate, en revanche, que le montant de l'argent de poche varie peu en fonction de la taille de la famille et assez peu en fonction du montant des revenus des parents : ainsi, un enfant unique reçoit 31 euros par mois en moyenne contre 27 euros pour un enfant issu d'une famille nombreuse
(3 enfants ou plus). Par ailleurs, le montant moyen de l'argent de poche des enfants est de 35 euros par mois dans les foyers aisés contre 30 euros dans les foyers les plus modestes.

II- L'influence des enfants dans les choix de consommation du foyer

A/ Une influence indiscutable dans le choix des vêtements, des loisirs et des aliments ...et qui s'étend à de nouveaux secteurs

Si l'on vient de voir que les petits européens sont parfois privés d'argent de poche, on constate que ces derniers disposent néanmoins d'une certaine marge de manœuvre sur des pans entiers de consommation les concernant de près....ou de plus loin.

Ainsi, l'intervention régulière des enfants dans les choix de consommation de la famille est presque unanimement reconnue par leurs parents dans les domaines de l'habillement (84% des enfants participent souvent ou de temps en temps aux choix faits), des loisirs de la famille (80%) et de l'alimentation (76%).
La capacité des enfants à donner leur avis sur le choix des vacances semble plus discutée au sein de la famille, même si 57% reconnaissent souvent ou de temps en temps impliquer leurs enfants dans ce choix.
Deux domaines, enfin, semblent aujourd'hui encore restés "chasse-gardée" des parents : l'équipement de la maison tout d'abord, investi par 33% des enfants, et la voiture, dans laquelle 21% seulement des parents impliquent souvent ou de temps en temps leur(s) enfant(s).

B/ Une influence plus ou moins forte selon les familles et les nationalités

Si l'on additionne l'influence des enfants dans l'ensemble des domaines testés, on constate que cette influence s'installe très tôt à son maximum, entre 10 et 11 ans. Elle se maintient ensuite à peu près au même degré d'intensité tout au long de l'adolescence. En terme qualitatif, elle évolue néanmoins, les 15-17 ans étant ainsi beaucoup plus influents que leurs cadets dans le domaine des vacances (45% interviennent souvent ou de temps en temps dans ce domaine contre 34% en moyenne), de l'équipement de la maison (20% contre 12%) ou encore de la voiture (15% contre 11%).

Les petits britanniques sont les Européens qui influencent le plus leurs parents, suivis de près par les Allemands, les autres nationalités arrivant en retrait. Spécificité nationale ou signe avant-coureur d'une prise de pouvoir grandissante des enfants sur des domaines jusque-là réservés aux adultes ? 20% des parents britanniques estiment que leur(s) enfant(s) intervien(en)t souvent dans le choix de la voiture du foyer.

III- Préparer et financer l'avenir de ses enfants

Au-delà des conséquences quotidiennes de la présence d'enfants au foyer, ces derniers représentent également des dépenses à venir, pour financer leur installation ou leur études supérieures. Préparer l'avenir de ses enfants s'anticipe donc le plus souvent par l'épargne, tout en pouvant donner lieu, sur le moment, à certains ajustements.

A/ Une implication importante au moment de l'installation des enfants dans la vie

Les parents européens n'hésitent pas à faire jouer la solidarité financière familiale au moment où leurs enfants s'installent dans la vie : 59% trouvent ainsi normal de donner à leur(s) enfant(s) une aide financière à cette occasion, tandis que 36% estiment plutôt que les enfants doivent le plus possible se débrouiller seuls financièrement au moment de cette étape.

Cette opinion s'avère très peu clivée selon des critères familiaux ou socio-démographiques. En revanche, elle met en valeur des perceptions très différentes entre nationalités, les Espagnols et les Néerlandais étant une majorité à estimer que les enfants doivent le plus possible se débrouiller seuls financièrement pour s'installer dans la vie.

B/ Epargner pour ses enfants

80% des parents déclarent mettrent de l'argent de côté pour leurs enfants, à des degrés divers cependant : 10% déclarent ainsi mettre beaucoup d'argent de côté pour leur(s) enfant(s), 39% assez ; et 31% peu.

Le fait d'épargner varie peu en fonction de l'âge des enfants : mettre de l'argent de côté pour son ou ses enfant(s) apparaît donc comme un réflexe qui se prend quand l'enfant est encore très jeune, et non pas au moment où les années " coûteuses " approchent.

Par ailleurs, on constate que l'épargne dédiée aux enfants est deux fois plus répandue dans les foyers disposant de hauts-revenus que dans les foyers les plus modestes, indépendamment des montants mis de côté.

C/ Des perceptions culturelles variables autour du crédit

Dans le cadre de l'accession des enfants à l'autonomie, souscrire un crédit apparaît comme une solution alternative à l'épargne potentiellement envisagée par une majorité de parents. Elle reste le plus souvent exclusivement limitée aux domaines pour lesquels les parents se sentent "responsables", à savoir les études supérieures (80% des parents envisagent de souscrire un crédit pour les financer) et -dans une très moindre mesure - les équipements pour s'installer dans un logement (47%).
Le financement d'une voiture ou d'un voyage arrivent en retrait, même si on note des taux nationaux parfois surprenants : chiffre le plus marquant, 50% des parents français déclarent qu'ils pourraient souscrire un crédit pour financer la voiture de leur(s) enfant(s).

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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