Lionel Jospin double Jacques Chirac
L'état de choc national engendré par la série de catastrophes profite plus au Premier ministre qu'au président de la République. Le baromètre Ipsos-le Point révèle aussi que l'opinion n'a pas apprécié la réaction de Dominique Voynet à la marée noire.
Sur fond de tempête et de marée noire, Lionel Jospin double Jacques Chirac. Avec 64% de jugements favorables, le Premier ministre gagne trois points. Il devance le président de la République qui conserve son matelas de 62% d'approbation. Le chef du gouvernement, qui s'est attaché à exprimer au mieux les émois nationaux, renforce ses positions dans l'électorat conservateur: les opinions favorables progressent de 13 points chez les sympathisants UDF et de 14 parmi ceux du RPR. A l'inverse, le chef de l'Etat n'a pas profité du climat ambiant pour gagner globalement une confiance accrue dans l'électorat de gauche.
A l'exception du mois de juin 1999, Chirac dominait Jospin dans le baromètre Ipsos-le Point depuis août 1998. Aujourd'hui, la cote du Premier ministre est particulièrement ascendante chez les hommes (+10), les cadres supérieurs (+14) et les employés (+14). Dans un mouvement contraire, Chirac double Jospin chez les ouvriers: le solde de popularité du premier y gagne 11 points tandis que celui du second seulement 3 points. L'analyse de ces évolutions en fonction du niveau du revenu confirme un phénomène contradictoire avec les lois traditionnelles de la sociologie politique. Le président de droite est plus populaire que le Premier ministre de gauche dans la tranche la plus basse des revenus. Les deux personnalités de l'exécutif font à peu près jeu égal dans la catégorie immédiatement supérieure. Et Jospin est plus apprécié que Chirac dans les deux tranches de revenus les plus élevées...
La marée noire semble avoir atteint Dominique Voynet. La ministre de l'Environnement, qui a osé s'opposer à la thèse dominante élevant la brisure de l'Erika au rang de "catastrophe écologique", n'a pas plus été comprise par l'opinion que par certains militants ou responsables Verts. Son solde de popularité passe de +2 à -12. Elle perd le plus de plumes chez les hommes (évolution de son solde de -21), les jeunes de 18 à 24 ans (-17), les électeurs communistes (-33) et ceux qui ne se déclarent proches d'aucun parti (-31). Dominique Voynet est également sanctionnée par les sympathisants écologistes (-15), ceux du PS, de DL, du RPR et du FN. Pour son réconfort, notons que la verte solitaire du gouvernement a l'habitude des débuts d'année difficiles. En janvier 1998, son solde de popularité accusa une chute brutale de 16 points. Même coup de froid en février 1999. A chaque fois, l'écologiste jurassienne a ensuite su remonter la pente...
Au chapitre des mouvements notables, relevons la performance de Martine Aubry (+5 points de jugements favorables) qui retrouve sa place de seconde du hit-parade des personnalités politiques. Observons également le bond en avant de 8 points effectué par Catherine Trautmann. Dominique Strauss-Kahn enregistre le même type de mouvement, sorte de correction technique qui annule l'essentiel de la chute de 11 points qui l'avait affecté lors de la vague précédente. La santé sondagière de François Baryou (+6) s'améliore aussi. Quant à la dernière arrivée dans le club des chefs de parti, Michèle Alliot-Marie (RPR), elle peut se flatter d'égaler en opinions positives son adversaire socialiste François Hollande en seulement deux baromètres.