Lionel Jospin est plus apprécié que ses réformes
La popularité de l’exécutif s’est stabilisée à un niveau élevé dans le dernier baromètre Ipsos-le Point. La cohabitation non conflictuelle que vivent Jacques Chirac et Lionel Jospin leur profite visiblement à tous les deux. Le président de la République conserve la confiance d’une majorité de sympathisants socialistes tandis qu’inversement le Premier ministre est apprécié par une majorité d’électeurs proches de l’UDF. Chirac comme Jospin continuent à bénéficier du soutien des deux tiers des personnes interrogées.
Le palmarès des leaders politiques dégage le trio gagnant Kouchner-Aubry-Lang. L’ancien ministre de la Culture de François Mitterrand semble avoir profité de son engagement vibrionnaire en faveur de la " Techno Parade ". Sa hausse de six points de popularité sera un atout dans son ambition, à peine dissimulée, de conduire la liste socialiste aux prochaines élections européennes. On relève que Claude Allègre est le ministre le moins bien noté dans ce baromètre : l’actuelle contestation lycéenne risque fort de ne pas améliorer son image.
Deux questions relatives à l’action réformatrice du gouvernement Jospin ont été rajoutées à ce baromètre. Les réponses relativisent fortement la portée de la popularité du Premier ministre. Le contraste est frappant entre le jugement positif porté sur son action personnelle et l’insatisfaction à l’égard du rythme des changements. Les deux tiers des sondés estiment que " les choses ne changent pas vraiment " et que " le gouvernement doit s’engager plus nettement dans le sens des réformes ". Ce reproche d’une excessive timidité de la politique réformatrice est largement partagé par l’électorat communiste et même par une majorité de sympathisants socialistes. Ce sont surtout les ménages aux revenus les moins élevés, les jeunes et les femmes qui aimeraient que le gouvernement fasse preuve de plus d’audace.
Les sondés ont aussi été interrogés sur leur opinion quant aux différentes réformes engagées par le gouvernement Jospin. Là encore, leur jugement est plus sévère que la popularité du Premier ministre ne le laissait prévoir. Si neuf réformes vont " dans le bon sens " pour une majorité relative de personnes interrogées, dix autres " ne vont pas dans le bon sens ". L’examen concret des changements qui satisfont ou qui mécontentent traduit de réelles inquiétudes. L’action gouvernementale est bien perçue dans les domaines de l’environnement, de la santé, du temps de travail de la sécurité et de la famille. La gauche au pouvoir est en phase avec la population sur ces thèmes dits sociétaux. On observe tout de même que le fameux PACS fait l’objet d’un jugement très mitigé de la part de l’opinion. Mais la plupart des questions économiques et sociales qui préoccupent le plus les Français font l’objet d’une appréciation négative. Qu’il s’agisse des inégalités sociales, du chômage, des impôts, des retraites et du niveau de vie, l’action des pouvoirs publics est majoritairement critiquée. C’est également le cas de thèmes sociétaux particulièrement sensibles comme ceux de l’école, de la jeunesse et de l’immigration. Tout se passe comme si la personnalité de Lionel Jospin était nettement mieux jugée que son action politique effective.