Lionel Jospin, "ni trop, ni pas assez à gauche"

Le Premier ministre mène une politique économique qui n'est ni de gauche ni de droite, selon les personnes interrogées par Ipsos pour le Point. Mais cet équilibre satisfait plutôt l'opinion.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Lionel Jospin mène la politique du juste milieu. Tel est, en tous cas, le sentiment dominant de l'opinion deux ans après son arrivée à l'hôtel Matignon. La dernière enquête Ipsos-le Point indique que la majorité des sondés trouvent le Premier ministre "ni trop, ni pas assez à gauche". Seuls les sympathisants communistes le jugent "pas assez à gauche". Dans les rangs socialistes et écologistes, mais aussi dans l'électorat de droite, l'idée prévaut que Jospin navigue à peu près comme il faut sur l'axe gauche-droite.

L'appréciation plus précisément portée sur la politique économique du gouvernement est à peine plus critique. Une majorité absolue de personnes interrogées considère qu'elle n'est "ni de gauche, ni de droite". Cette vision pragmatique est partagée par l'ensemble du spectre idéologique, de l'électorat communiste à celui de l'extrême droite. Jospin devrait-il redresser son gouvernail ? Ici, les critiques s'annulent pratiquement. L'électorat majoritaire aimerait bien un petit coup de barre à gauche, celui du RPF un mouvement identique vers la droite mais les sympathisants UDF et RPR ont l'air somme toute relativement satisfaits du cap actuel. Au vu de ces résultats, le Premier ministre pourra se féliciter de mener une politique en phase avec les équilibres de l'opinion. Même si la réussite de son action économique n'est pariée que par une courte majorité de sondés.

Les questions du baromètre de popularité Ipsos-le Point comportent néanmoins quelques avertissements au pouvoir. Tout d'abord, Lionel Jospin perd quatre points de jugements positifs alors que Jacques Chirac demeure stable. Le Premier ministre repasse derrière le président de la République. Ensuite, et surtout, plusieurs poids lourds du gouvernement voient leur popularité nettement orientée à la baisse. Martine Aubry recule de sept points en un mois et son rival Dominique Strauss-Kahn de neuf points. De même, Dominique Voynet cède-t-elle sept points tandis que Claude Allègre, de plus en plus impopulaire, en perd encore six. Elisabeth Guigou et Jean-Pierre Chevènement limitent les dégâts avec un recul de trois points chacun.

En dépit de son reflux de popularité, la ministre verte du gouvernement demeure nettement plus appréciée que Daniel Cohn-Bendit : 40% contre 27% d'opinions favorables et respectivement 65% et 53% parmi les sympathisants écologistes. Le jugement porté sur les Verts est en net recul (moins sept points) et cette formation n'est désormais pas mieux jugée globalement que le PS.

A droite, c'est toujours Charles Pasqua qui arrive en tête du hit-parade des leaders, dans l'ensemble de l'électorat aussi bien que dans la mouvance conservatrice. Relevons aussi la performance d'Arlette Laguiller qui, bien que porte-parole d'une formation d'extrême gauche, réussit à s'attirer un solde d'opinion positif. La dirigeante de Lutte Ouvrière est particulièrement appréciée chez les jeunes et les ouvriers. Ce résultat témoigne de l'enracinement d'un courant radical dans l'opinion. A l'autre bout de l'échiquier politique, l'extrême droite semble désormais isolée. Si Jean-Marie Le Pen progresse de quatre points, c'est pour retrouver seulement 14% d'opinions favorables. Son concurrent Bruno Mégret stagne, quant à lui, à un modeste 10%. "L'avenir" autoproclamé de l'extrême droite fait pâle figure.

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  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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