Lionel Jospin satisfait son socle électoral

L'enquête Ipsos-France Soir montre que les Français ont accueilli diversement l'intervention télévisée du Premier ministre jeudi soir . Ses propositions ont avant tout séduit la gauche et les sondés des milieux les moins favorisés.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Si le but de l'intervention télévisée de Lionel Jospin était de réorienter son action en direction des couches populaires et de l'électorat traditionnel de la gauche, il semble que le Premier ministre a été entendu. La majorité des sympathisants du PS et du PCF se sont déclarés convaincu par les propos du chef du gouvernement. Près de 70% d'entre eux ont estimé que les mesures d'allégements fiscaux annoncées répondent à leurs attentes. Les trois quarts des proches du parti socialiste font également confiance à Lionel Jospin pour régler les conflits sociaux actuellement en cours, dans l'Education nationale ou aux Impôts.

Les avis sont nettement plus sévères chez les proches des partis de droite, dont la majorité n'a visiblement pas été séduite par la prestation d'un Premier ministre jugé "assez peu convaincant" dans l'ensemble. Les 40 milliards de francs de baisse de la taxe d'habitation, de la TVA et des deux premières tranches de l'impôt sur le revenu ne correspondent visiblement pas aux attentes des proches de l'UDF, du RPR, de DL ou du RPF. Ces derniers, dans leur majorité, ne lui font pas non plus confiance pour résoudre les conflits sociaux.

Plus ennuyeux pour Jospin est certainement la réaction mitigée des sympathisants Verts: un quart seulement de "convaincus" contre un tiers de sceptiques. On trouve chez ceux-ci une majorité relative de 48% favorable aux mesures fiscales annoncées, mais tout de même 44% d'avis inverses pour qui ces mesures ne répondent pas à leur attente. Surtout, la moitié d'entre eux ne fait pas confiance au Premier ministre pour régler les conflits sociaux (contre 47% de confiants).

L'enquête indique, par ailleurs, que l'adhésion aux propos du Premier ministre est inversement proportionnelle au niveau de revenu. Les personnes dont le revenu est inférieur à 180 000 francs ont été nettement plus réceptives que les autres aux propos de Jospin que les autres. Une indication d'autant plus notable que la cote de popularité du Premier ministre souffrait, dans la dernière période, d'une certaine faiblesse parmi les Français les moins nantis.

En somme, le chef du gouvernement a marqué des points à gauche, en a vraisemblablement perdu à droite, les Verts étant partagés - à l'instar du député écologiste Yves Cochet, regrettant l'absence de revalorisation des minima sociaux tout en relevant parallèlement les "côtés positifs" dans les annonces de Jospin. Il reste que le chef du gouvernement n'ignore nullement la vieille loi politique selon laquelle il convient toujours de rassembler d'abord son propre camp et de ne point s'aliéner ses soutiens sociologiques traditionnels.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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