L’opinion du grand public français sur les sondages politiques et marketing

Que pensent les Français des sondages et enquêtes d’opinion qui, en période de campagne électorale plus encore qu’à l’habitude, se multiplient ? Se reconnaissent-ils dans la pensée unique selon laquelle « les sondages se trompent » ? Une enquête conduite par l’Ifop pour Syntec Etudes Marketing et Opinion en janvier dernier fait le point sur l’opinion des Français sur la mesure de l’opinion et les sociétés d’études.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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92% des interviewés apprécient d’être interrogés
dans le cadre d’un sondage
selon l’étude Syntec Etudes Marketing et Opinion de février 2007

Sondages et enquêtes d’opinion :
plébiscités et jugés indispensables à la démocratie

Enseignement fort de cette enquête, les Français ayant déjà été interrogés dans le cadre d’un sondage ou d’une enquête d’opinion disent apprécier qu’on les sollicite à nouveau pour exprimer leur avis :

  • 92% des répondants ayant déjà participé à une enquête disent avoir apprécié l’expérience,
  • 98% disent avoir donné des réponses sincères,
  • 87% disent avoir eu l’impression d’exprimer clairement leur opinion.

Pas étonnant : 57% des personnes interrogées jugent les sondages et enquêtes d’opinion indispensables à la démocratie.

Pour 51% d’entre eux, ils permettent ainsi aux citoyens ou aux consommateurs de peser sur les grandes décisions qui les concernent. Ils sont 59% à considérer que les sondages reflètent bien l’opinion des Français. Les scores d’adhésion sont encore plus élevés en matière d’études marketing : 72% des sondés pensent que les enquêtes et sondages réalisés dans le domaine du marketing permettent aux entreprises de proposer des produits qui correspondent à leurs attentes. Alors, trop nombreux, les sondages ? Pour une majorité des interviewés (62%), les sondages sont en nombre suffisant.

Sondages politiques :
les Français clairvoyants mais partagés

L’on accorde, à tort, une fonction prédictive aux enquêtes d’opinion, ce qui conduit à lire ou à entendre souvent que les sondages se trompent alors qu’il conviendrait d’interroger ceux qui les commentent plutôt que de remettre en cause les chiffres eux-mêmes.

Pour les Français ayant répondu au questionnaire, la cause n’est pas entendue !
Si une majorité (53%) fait preuve d’une bonne lucidité face aux sondages en n’étant pas d’accord avec l’affirmation selon laquelle les sondages se tromperaient dans leurs prévisions de vote, 47% le pensent toutefois.

Le même équilibre, inversé, se retrouve sur l’appréciation de l’utilité des sondages pour comprendre la vie politique : 51% ne les jugent pas utiles quand 49% reconnaissent leur utilité en la matière. Un score partagé qui s’explique par la méfiance de 78% des personnes interrogées d’accord pour affirmer que les médias font parfois dire n’importe quoi aux chiffres issus des sondages.

Une distance qui se retrouve dans la fréquence avec laquelle ils lisent les sondages dans les médias : 42% les lisant régulièrement contre 58% ne les lisant que rarement ou jamais. Si l’intérêt des Français se porte plus volontiers sur les sondages relatifs aux sujets d’actualité (62%), ils sont tout de même 42% à prêter attention aux sondages mesurant les intentions de vote. Ce score non négligeable est à rapprocher de celui obtenu par les sondages relatifs aux produits de consommation courante :45%.

Pour les Français interrogés, répondre à un sondage ne serait pas sans conséquence puisque 57% des personnes interviewées pensent que les sondages ont une influence sur les programmes et thèmes abordés dans la campagne et 55% qu’ils influent sur le choix des candidats officiels des partis politiques.

Toutefois, sans surprise, quand 59% des interviewés pensent que les sondages publiés au moment des périodes électorales ont une influence forte sur le vote des électeurs, ils ne sont plus que 15% à se dire personnellement influencés dans leur propre vote.

Cette maturité des Français quant aux sondages se confirme :

  • 82% savent que la réalisation des sondages repose sur des bases scientifiques,
  • 71% savent que la réalisation des sondages liés aux élections fait l’objet d’un contrôle opéré par la Commission des sondages,
  • 69% savent que les personnes interrogées sont vraiment choisies au hasard,
  • 70% que les instituts de sondage sont des entreprises privées.

Ces scores relatifs à la connaissance de l’objet « sondage » sont encore plus élevés auprès des personnes de l’échantillon ayant déjà été interrogées dans le cadre d’une enquête.

Sociétés d’études, instituts de sondages :
77% de bonne opinion

De manière générale, les Français interrogés jugent les instituts de sondages :

  • Professionnels et compétents pour 89%
  • Respectueux des règles déontologiques (anonymat, confidentialité) à hauteur de 87%
  • Rigoureux dans les méthodes et dans les analyses pour 82%

Une majorité (62%) juge les instituts de sondages indépendants des médias. Quatre personnes interrogées sur dix ne croient toutefois pas à leur indépendance vis-à-vis du monde politique.

Une minorité d’interviewés (17%) prête des arrière-pensées aux commanditaires des études pensant qu’ils visent à se faire connaître par la publication de sondages. Dans le même ordre d’idées, 12% pensent que ces commanditaires auraient un objectif de lobbying.

En conclusion, l’opinion porte au global un regard assez juste sur l’univers des sondages.
Une très large majorité les envisage comme un outil d’analyse et d’étude à partir de l’observation de la population. Ainsi 47% considèrent que les organismes commanditaires cherchent avant tout à connaître l’opinion et les comportements des personnes interrogées et 23% estiment que les sondages permettent à ceux qui les commandent de disposer d’éléments d’information avant de prendre une décision importante.


Fiche technique :

Méthodologie

Syntec Etudes Marketing et Opinion, le syndicat représentatif des sociétés d’études en France a confié à l’Ifop le soin d’interroger les Français pour mieux comprendre les perceptions et opinions du grand public français face aux sondages. L’Ifop a ainsi recueilli par téléphone, du 22 au 25 janvier 2007, l’opinion d’un échantillon de 804 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus constitué selon la méthode des quotas. Ce recueil d’opinion a été complété, en parallèle, par une enquête réalisée auprès d’un deuxième échantillon de 610 personnes, ces dernières ayant déjà été interrogées lors du dernier trimestre 2006 dans le cadre d’un sondage politique ou marketing.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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