L’opinion internationale s’interroge sur l’intervention de l’Otan

Une enquête internationale réalisée dans dix-sept pays par l’institut américain Angus Reid pour " The Economist " met en évidence des réactions publiques nationales très contrastées. Au sein même des pays fondateurs de l’Otan, l’Allemagne, la France et l’Italie se distinguent par une certaine retenue dans leur approbation.

L’opinion internationale est partagée sur l’intervention de l’Otan en Yougoslavie. C’est ce que montre une vaste enquête internationale réalisée par Ipsos Reid pour " The Economist " dans dix-sept pays. L’intérêt de cette étude est de tester les réactions de l’opinion, non seulement dans les pays occidentaux membres de l’Otan, mais aussi dans certains autres.

Globalement, 53% des personnes interrogées (1) approuvent l’opération " Force alliée " tandis que 39% s’y opposent. Les populations des pays membres de l’Otan depuis plusieurs années y sont les plus favorables : 63% de taux d’adhésion contre seulement 49% dans les nouveaux pays membres de l’Alliance. On n’en constate pas moins de singulières différences au sein du cœur historique de l’Otan. Alors que ces enquêtes ont été réalisées de la fin mars au début du mois d’avril (soit avant que l’efficacité des frappes aériennes ne soit largement mise en cause), les réactions étaient déjà très diverses d’un pays à l’autre. Du côté des opinions nationales particulièrement favorables à l’action militaire de l’Otan, on trouve le Danemark (74%), les Etats-Unis (68%), la Grande-Bretagne (68%), le Canada (68%) et la Norvège (64%).

Le seul pays-membre de l’Otan où une majorité ne se dégage pas en faveur de cette intervention est l’Italie (47% contre 47%). C’est aussi la contrée la plus proche du champ des opérations. Dans deux autres pays, le degré d’accord est assez limité : 57% en Allemagne et 54% en France. Le scepticisme sur le bien-fondé de l’action militaire de l’Otan est nettement plus répandu dans les nouveaux pays membres de l’Alliance. Elle est perçue positivement par 54% des Polonais, mais seulement par 48% des Hongrois. En République Tchèque, l’opposition est majoritaire avec 57% d’opposants à l’intervention.

Dans les six pays non-membres de l’Alliance concernés par cette enquête, la réprobation est encore plus répandue. Adversaires historiques de Serbes, les Croates approuvent certes à 82% les raids de l’Alliance. Un soutien également majoritaire en Finlande (50%). Mais l’hostilité est massive en Russie (94%) en Ukraine (89%) et en Slovaquie (75%).

L’opinion dominante, dans l’ensemble des pays concernés par cette enquête, est que l’Otan devrait déployer " plus d’efforts pour trouver une solution diplomatique ". C’est le sentiment de 39% des personnes interrogées, 19% souhaitant une action militaire plus déterminée, 4% un moindre engagement et 18% une simple poursuite de l’action en cours. Une forte majorité d’Allemands, de Français et d’Italiens privilégient la solution diplomatique.

Le conflit des Balkans suscite une vraie inquiétude dans l’opinion internationale. Dans les 17 pays sondés, 45% des personnes interrogées estiment probable l’apparition d’une " autre guerre mondiale dans les dix prochaines années ", 51% opinant en sens contraire. Les habitants de l’Europe de l’Est apparaissent les plus pessimistes. Ceux-ci considèrent même, à l’inverse des Américains et de leurs frères de l’Ouest, que les Etats-Unis sont la puissance la plus menaçante pour la paix mondiale.

Cette enquête apporte enfin peu d’encouragements à la perspective d’une défense européenne indépendante de l’Otan. Cette idée n’est majoritaire qu’en France (57% contre 26%) et en Italie (58% contre 28%). S’y opposent les opinions allemande (71%), danoise (68%), norvégienne (62%) et britannique (57%). L’hypothèse d’un contre-poids militaire à la toute-puissance américaine est nettement plus populaire à l’extérieur de l’Alliance : 57% des Russes, 58% des Slovaques et 55% des Ukrainiens applaudissent un projet de défense autonome de l’Union européenne. Ces pays se posent moins directement la question d’une prise de distance avec la solidarité atlantique…

(1) 500 personnes interrogées entre le 25 mars et le 17 avril dans chacun des 17 pays représentatives de l’ensemble de la population, à l’exception de la Russie où seule la population urbaine a été sondée. Au total, 8575 adultes ont été interrogés.

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