L'UMP devient le parti le plus populaire
Les deux mois de campagne électorale que viennent de vivre les Français ont laissé des traces dans leur perception de la classe politique. On est loin des jugements plutôt consensuels et bienveillants que l'on enregistrait pour la plupart des personnalités testées, entre 1998 et 2000. La France est aujourd'hui coupée en deux, chaque camp regardant l'autre avec une certaine défiance. Les jugements sont presque toujours clivés, ni Jacques Chirac ni Jean-Pierre Raffarin n'échappent à cette règle.
Ainsi, le Président de la République recueille à nouveau une majorité absolue de jugements favorables (53%), grâce à un soutien quasi-unanime des proches de la droite parlementaire (près de 90% de bonnes opinions), que ne tempère que partiellement le rejet des sympathisants de gauche (70% de jugements défavorables). Jean-Pierre Raffarin enregistre de son côté une structure de popularité très proche de celle de Jacques Chirac. Faisant lui aussi l'unanimité à droite (moins de 10% de jugements défavorables chez les proches de l'UDF, du RPR ou du RPF), sa progression globale (57% de bonnes opinions, +7 points) ne doit cependant pas masquer le durcissement du jugement des sympathisants de gauche (43% d'avis défavorables, +26 points contre 35% d'avis favorables, -6). Pour le chef du gouvernement comme pour le chef de l'Etat, la victoire sans appel obtenue dans les urnes ne trouve donc pas écho en terme de popularité ; l'un comme l'autre ne bénéficient pas "d'état de grâce" suite à leur victoire électorale, même s'ils enregistrent tous deux un regain de popularité, grâce au plébiscite du "peuple de droite".
La défaite de la gauche semble peser plus lourd sur ses leaders politiques. Les plus fortes baisses enregistrées dans ce baromètre concernent en effet des personnalités de gauche : Lang (-9 points de jugements favorables), Buffet (-8), Mamère et Kouchner (-7), Aubry, Hollande, et Delanoë (-6). Là encore, le détail des popularités en fonction de la proximité partisane des répondants est riche d'enseignements. Ainsi, François Hollande baisse également, de 7 points, chez les sympathisants de gauche, quand Martine Aubry reste toujours aussi populaire dans son propre camp (71% de bonnes opinions). Elle occupe ainsi la deuxième place du palmarès établi par les proches de la gauche, derrière Jack Lang (75%), mais devant Kouchner, Delanoë, Fabius et Hollande (environ deux tiers de bonnes opinions chacun). Strauss-Kahn est assez loin au classement des sympathisants de gauche, avec 55% de bonnes opinions contre 34% de jugements défavorables. Rappelons tout de même que ces résultats ne tiennent pas compte du second tour des législatives, et en particulier de la défaite de Martine Aubry dans sa circonscription.
Dans un tel contexte d'orientation générale à la baisse, les leaders de droite s'en sortent finalement mieux. Alain Juppé (42% de jugements favorables, +1 point) et Roselyne Bachelot (34%, +4) sont les seules personnalités parmi les 25 testées à enregistrer une popularité en hausse. Nicolas Sarkozy ne perd que quatre points de bonnes opinions (46%), Douste-Blazy n'en perd qu'un (45%), pour occuper respectivement les quatrième et cinquième places du palmarès. Les deux hommes arrivent même en tête si l'on ne retient que l'avis des sympathisants de droite, devant Alain Juppé. Les proches de la droite parlementaire sont surtout particulièrement sévères avec les ténors de gauche impliqués dans la bataille des législatives. Martine Aubry (16% de bonnes opinions, -10 points) et François Hollande (16%, -6) recueillent à présent dans cette catégorie d'électeurs moins de jugements favorables que Jean-Marie Le Pen (19%, +4).
Avec 56% d'avis favorables contre 34% de mauvaises opinions sur l'ensemble des interviewés (87/10 chez les sympathisants de droite), l'UMP entre directement à la première place du palmarès des partis politiques. L'UMP devance en terme de popularité le RPR (50% de jugements favorables contre 42% d'avis contraires) et les Verts (50 / 45), qui perdent là leur première position. Le PS devient majoritairement impopulaire (44% de bonnes opinions contre 50% de mauvaises), soit un solde de –6, le plus faible depuis avril 1997. S'il reste tout de même le parti préféré des sympathisants de gauche, sa popularité est également en baisse dans son propre camp (76% de jugements favorables, -6 points, contre 21% d'avis contraires, +6).