L'UMP, en passe d'obtenir une confortable majorité parlementaire
Qui aurait pu croire il y a seulement deux mois que non seulement Jacques Chirac serait réélu avec plus de 80% des voix, mais qu'en plus la droite parlementaire obtiendrait 70% des sièges à l'Assemblée Nationale ? C'est pourtant bien ce qui risque d'arriver dimanche soir, au vu des résultats de la dernière enquête d'intentions de vote réalisée par Ipsos-Vizzavi pour Le Figaro et Europe 1.
La modélisation en siège réalisée par Ipsos, sur la base des résultats du premier tour et d'un sondage d'intentions de vote pour les 198 circonscriptions encore incertaines laisse peu de doutes quant à la future majorité parlementaire. L'UMP/Divers Droite est en effet aujourd'hui crédité de 384 à 414 sièges, contre une fourchette de 115 à 145 sièges pour le Parti Socialiste et les Divers Gauche. Même si les résultats de cette modélisation sont à considérer avec prudence, tant ils dépendent de paramètres difficiles à évaluer comme le niveau de mobilisation ou l'évolution des reports de voix d'ici au second tour, on se dirige vers une bipolarisation du système politique jamais connue sous la Vème République. Si l'UDF (entre 24 et 30 sièges) semble en mesure de conserver son groupe (au moins 20 députés) dans la prochaine Assemblée, ce sera plus difficile pour le Parti Communiste (entre 14 et 22 sièges). Cette dernière hypothèse n'est toutefois pas à exclure. Le nombre de députés Verts (entre 1 et 5) devrait également diminuer (7 députés avaient été élu en 1997), tandis que le FN n'aura, d'après notre enquête, toujours pas de représentant au Palais Bourbon.
A trois jours du scrutin, la droite bénéficie à nouveau d'un rapport de force favorable dans les 198 circonscriptions identifiées par Ipsos comme incertaines, avec 53% d'intentions de vote, contre 47% pour le candidat de la gauche. Quelques jours avant le premier tour, on enregistrait encore un rapport de force équilibré (50/50) dans ces mêmes circonscriptions. Même si 30% des personnes interrogées, certaines d'aller voter, n'ont pas exprimé d'intention de vote, la tendance est largement favorable à la droite parlementaire, et ce d'autant plus qu'elle devrait bénéficier d'assez bons reports de voix de la part des électeurs ayant opté pour l'extrême droite au premier tour (58% choisirait au second tour le candidat de droite). De même, selon notre sondage dans ces circonscriptions, 59% des voix des candidats divers ou sans étiquette devraient également se reporter à droite (contre 36% à gauche).
La droite est encore largement en tête des souhaits de victoire : 42% des électeurs interrogés "souhaitent dans leur circonscription la victoire de la droite UMP-UDF", contre 37% qui préféreraient voire élire un député de gauche (PS-PC-Verts). Elle bénéficie en outre de la popularité du gouvernement Raffarin, qui "a pris un bon départ" pour les deux tiers des électeurs interrogés - dont la majorité des sympathisants de la gauche parlementaire. Pour la majorité des interviewés, les mesures annoncées par le nouveau gouvernement "vont plutôt dans la bonne direction", qu'elles concernent "la lutte contre l'insécurité" (69%), "la baisse des impôts" (57%), "l'amélioration du fonctionnement de la justice" (55%) et même "l'évolution de la législation sur les 35 heures" (42% des interviewés jugent qu'une telle évolution va plutôt dans le bons sens, contre 27% d'avis contraire et 31% qui préfèrent ne pas encore se prononcer).
C'est aujourd'hui plutôt sur l'ampleur de la victoire que subsistent encore quelques interrogations. Celle-ci dépendra en partie du niveau de mobilisation pour un second tour qu'on pense joué d'avance. En particulier, 42% des interviewés souhaitent qu'on assiste dimanche prochain à un rééquilibrage des résultats du premier tour en faveur de la gauche (mais 43% préféreraient que "la droite dispose de la majorité la plus claire possible"). Même si "le poids national de la gauche et de la droite" devrait compter un peu moins dans le choix du second tour que "les personnalités des candidats présents dans la circonscription" (41 contre 48%), une forte mobilisation des jeunes en particulier, l'une des rares catégories où le PS reste majoritaire, pourrait limiter l'ampleur de la vague bleue. Toutefois, rien ne laisse présager d'un tel phénomène. Même si l'intérêt pour les législatives a un peu progressé (79 contre 74% le 5 juin), le taux de "certains d'aller voter" mesuré sur notre échantillon reste, à 80%, stable par rapport au premier tour, et assez loin de la participation effective le 9 juin dernier (64,4%). La grande majorité des abstentionnistes déclarent "qu'ils n'étaient pas disponibles le jour du vote" (62%). Ils auraient encore été découragés par "le trop grand nombre de candidat" (24%), ou renvoient la faute à "une campagne électorale inintéressante" (21%).