Lyon : la succession de Raymond Barre s'annonce particulièrement disputée

Pour sa septième vague, le citéscope Ipsos / Libération s'est penché sur le cas de la capitale des gaules. La quasi-totalité de ses habitants y jugent la qualité de vie satisfaisante, et plus des deux tiers d'entre eux apprécient le travail accompli par le maire sortant Raymond Barre.

Auteur(s)
  • Stéphane Zumsteeg Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
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Une très grande majorité d'électeurs lyonnais jugent "d'une manière générale, la qualité de vie à Lyon satisfaisante" (87%, contre 13% d'avis contraires). Le quart des personnes interrogées se sent même si attaché à sa ville qu'il ne la quitterait sous aucun prétexte (26%). Six personnes sur dix n'excluent pas totalement la possibilité d'aller vivre ailleurs ("pourquoi pas un jour", 59%) s'ils en avaient le choix ou l'opportunité. Seulement 14% des interviewés partiraient le plus vite possible. Parmi ceux pour qui partir est envisageable, la plus grosse part souhaiterait quitter la région (43%). Un cinquième se rendraient à l'étranger (21%), et un tiers préférerait rester dans la région, lyonnaise (12%) ou Rhône-Alpes (20%). Comme lors des précédentes enquêtes, on constate une fois encore que les sirènes de la capitale n'attirent que très peu de monde : à peine 4% des candidats à l'exode.

Les Lyonnais se montrent par ailleurs particulièrement confiants quant à l'avenir de la situation économique de leur ville (77%, contre 21% d'inquiets). Cet optimisme doit être relié à la satisfaction suscité par le travail accompli par Raymond Barre. Non seulement la quasi-totalité des électeurs lyonnais sympathisants de droite (82%) en est en effet satisfaite, mais également une large majorité des proches de la gauche plurielle (63%). Le bilan sectoriel de son mandat confirme cette tendance très positive. Selon la majorité des Lyonnais, les choses se sont améliorées au cours de son mandat dans des domaines aussi divers que "l'image de la ville en France et à l'étranger" (pour les trois-quarts des électeurs interrogés), "la vie culturelle" (pour les deux-tiers des électeurs), "l'emploi et le développement économique" (pour 60% des interviewés), "les équipements sportifs" (55%), ou encore "le logement" (49%). Les opinions sont plus partagées concernant "la vie associative", "les services et commerces" et "la propreté", où les avis se répartissent à peu près équitablement entre ceux qui estiment que "les choses se sont améliorées sur les cinq dernières années", et ceux qui sont plutôt d'avis que "rien n'a changé". En revanche, une majorité plus nette s'accorde à dire que "rien n'a changé" en ce qui concerne "l'action contre l'exclusion et la pauvreté" (53%), et que les choses se sont même plutôt détériorées sur les questions "de transport et de circulation" (48%), voire de "sécurité des biens et des personnes" (42%, contre 40% qui estiment que "les choses n'ont pas changé").

La bataille pour succéder à Raymond Barre s'annonce ouverte, une alternance n'est en effet pas totalement à exclure. Gérard Collomb, le candidat socialiste, est la personne la plus souvent citée spontanément comme "la personnalité qui ferait le meilleur maire pour Lyon en 2001" (14% de citations spontanées). Il devance même Raymond Barre (10%), qui, certes, n'est plus candidat. Charles Millon (6%) et Henry Chabert (5%) obtiennent des scores beaucoup plus faibles, mais tout de même supérieurs a celui du candidat pressenti pour représenter la droite lyonnaise, l'UDF Michel Mercier (2%). La majorité des électeurs souhaitent par ailleurs "la victoire de la gauche" (42%) à l'occasion des prochaines municipales, contre 37% qui préféreraient "la victoire de la droite". Un peu plus d'un électeur interrogé sur dix (12%) a déclaré en revanche ne souhaiter "ni la victoire de la gauche, ni celle de la droite", alors même que cette réponse n'était pas proposée, et 9% ne se sont pas prononcés. Aujourd'hui, plus d'une personne sur cinq ne s'est pas encore rangée derrière l'un ou l'autre des candidats potentiels. 

Le résultat final du scrutin de 2001 dépendra certainement pour beaucoup de la capacité de la droite à s'unir derrière un candidat. Le sénateur Michel Mercier, officiellement investit avant l'été par la direction de son parti, l'UDF, et celle du RPR, devrait être celui là. Mais des problèmes de santé, et aussi d'entente avec ses rivaux à droite, ont retardé le dépôt officiel de sa candidature. La situation est en revanche plus claire à gauche, où Gérard Collomb pourrait profiter de la division de la droite pour tirer son épingle du jeu. Le sénateur socialiste, et maire du neuvième arrondissement, est d'ailleurs cité par 22% des personnes interrogées comme étant "l'un des meilleurs ambassadeurs de la ville sur le plan politique, économique ou culturel". Si sa popularité n'égale pas celle du chef cuisinier Paul Bocuse (45% de citations), de l'ancien Premier ministre Raymond Barre (42%), de l'industriel Charles Mérieux ou du cinéaste Bertrand Tavernier (29% chacun), il devance toutefois ses adversaires de droite Jean-Michel Dubernard, (cité par 19% des interviewés), Charles Millon (14%) ou Henry Chabert (13%). Michel Mercier ne fait quant à lui pas partie des quinze personnalités les plus souvent citées.

Quel qu'il soit, le futur maire aura de toute façon fort à faire pour satisfaire ses administrés. Le triptyque pollution-sécurité-transports sera à traiter prioritairement, selon la majorité des électeurs. Les Lyonnais seront par ailleurs attentifs au partage des pouvoirs. Plus des deux-tiers d'entre eux souhaitent que le prochain président de la Courly, la communauté urbaine de Lyon, soit une autre personne que le futur maire. Ces dernières années, Raymond Barre avait cumulé ces deux fonctions. Soucieux du contre-pouvoir, plus de la moitié des Lyonnais souhaiteraient également que "la répartition des pouvoirs entre la mairie centrale et les neufs mairies d'arrondissement soit modifiée pour renforcer les pouvoirs des mairies d'arrondissement" (53%).

Auteur(s)
  • Stéphane Zumsteeg Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs

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