Marché de l’immobilier : qui détient la clé ?
Banques, agents immobiliers, acheteurs, vendeurs, Gouvernement… Alors que le marché immobilier est au point mort et malgré les récentes annonces du gouvernement, quel est l’acteur le plus à même de débloquer la situation selon les Français ?
Ipsos en collaboration avec ORPI - 1er réseau immobilier en France - a interrogé les Français sur leur perception des forces en présence sur le marché immobilier ; en creux, se dessinent les rapports qu’ils entretiennent avec ceux qui font le marché et leurs attentes envers eux. Les résultats, parfois surprenants, mettent en lumière la grande influence des banques et soulignent l’expertise des agents immobiliers.
« Premier enseignement fort de cette étude : plus que jamais, le pouvoir d’achat est la clé de voûte du marché immobilier. Ainsi, 1 Français sur 3 considère qu’avoir le pouvoir sur le marché immobilier signifie accroître le pouvoir d'achat des acheteurs ou des locataires, et 30% d’entre eux favoriser la rencontre entre l’offre et la demande » commente Bernard Cadeau, Président du réseau ORPI.
63% des acheteurs affirment que ce sont les banques qui pourront les faire accéder à la propriété
Selon les Français, les banques tiennent les cordons de la bourse : ce sont elles qui ont le plus d’influence sur le marché de l’immobilier (pour 49% des sondés), qui sont le mieux placées pour favoriser l’accession à la propriété (pour 63% des acheteurs potentiels) et le plus à même de permettre aux locataires l’accès au logement (pour 50% d’entre eux). Les banques sont d’ailleurs considérées comme étant les plus à même de débloquer le marché immobilier pour 45% des Français, devant le Gouvernement (34%) ou encore les vendeurs (9%). Les sondés leur reprochent néanmoins d’user de plus en plus de ce pouvoir en étant particulièrement exigeantes et sélectives dans l’attribution de crédits : c’est là leur principale faiblesse pour 59% d’entre eux.
Une responsabilité exagérée ? « S’il est vrai que les banques jouent un rôle essentiel dans le dispositif du marché de l’immobilier, il ne faut pas non plus les pointer du doigt, car les banques sont elles-mêmes très contraintes par des facteurs extérieurs. Il est cependant intéressant de voir que la perception que les Français ont des banques sur le terrain concourt à un constat unique : le financement est au coeur des préoccupations des Français en matière d’immobilier » ajoute Bernard Cadeau.
Agent immobilier : une relation de confiance et de proximité
57% des Français affirment que les agents immobiliers sont les plus à même de leur fournir des informations fiables sur le marché, loin devant tous les autres acteurs qui évoluent autour de 10%. 30% des Français pensent également qu’ils sont les mieux placés pour défendre leurs intérêts en matière d’immobilier…devant le gouvernement qui rassemble 26% des suffrages. Cela dénote une vraie confiance dans l’agent immobilier : celui-ci est apprécié en tant qu’acteur de proximité, par opposition au gouvernement dont 54% des sondés jugent qu’il est trop éloigné de la réalité du terrain.
Les sondés plébiscitent également chez les agents immobiliers leur capacité à guider les clients dans leurs projets immobiliers et leur maîtrise du marché, pour respectivement 37 et 30% d’entre eux.
Les qualités professionnelles des agents immobiliers sont donc reconnues ; mais les Français pointent toutefois du doigt leurs honoraires, qu’ils considèrent comme trop élevés à 60%. Selon Bernard Cadeau, « Les Français jugent les services rendus trop coûteux ; mais le quantum des honoraires des agents immobiliers est un faux sujet. La preuve : le prix d’un bien vendu de particulier à particulier n’est pas inférieur à celui d’un bien vendu par une agence ; il n’y a pas de réfaction des prix correspondant aux honoraires… Et réciproquement, pour un bien vendu via une agence, le prix n’est pas revu à la hausse... Au-delà, cette étude bat en brèche l’idée reçue qui veut que les agents immobiliers créent la cherté : en effet, les Français estiment que les agents immobiliers ont seulement 15% d’influence sur le marché immobilier, loin derrière les banques avec 49% des répondants. »
Des attentes paradoxales vis-à-vis des pouvoirs publics
15% seulement des sondés pensent qu’avoir le pouvoir sur l’immobilier, c’est faire des propositions de lois et le gouvernement n’est que le 2ème acteur avancé pour sa capacité à débloquer le marché.
Pour Bernard Cadeau, « Le sondage montre que les Français considèrent le marché de l’immobilier comme un marché qui se gère seul et qui n’a pas forcément besoin que tout soit normé. D’ailleurs, quand on demande aux Français quelle est la solution idéale pour débloquer le marché immobilier, ils répondent à 32% « revenir à plus de souplesse dans les conditions d’accès au crédit ». Cependant, en 2ème position viennent une aide aux primo-accédants (26%), ex-æquo avec une politique fiscale plus favorable (26%) : les attentes envers le gouvernement ne sont donc pas nulles, et les Français soulignent le besoin de légiférer pour relancer une machine qui s’est grippée. »
Couple acheteurs / vendeurs : quel rôle véritable sur le marché immobilier ?
Enseignement surprenant : alors qu’on parle beaucoup du rapport de force entre acheteurs et vendeurs, il peine à ressortir dans les résultats de l’enquête. Ainsi, les Français considèrent que les vendeurs ont seulement 7% d’influence sur le marché de l’immobilier, contre 14% pour les acheteurs. Les uns comme les autres se révèlent soumis à de nombreuses faiblesses et forces extérieures qui limitent leur influence.
Si les acheteurs ont le pouvoir de conclure ou non les transactions, pour 54% des Français ils restent dépendants des banques pour 61% d’entre eux. De même, si les vendeurs ont, en théorie, la capacité de débloquer le marché en vendant leur bien au juste prix pour 34% des Français, ils auraient en fait tendance à surévaluer leurs biens immobiliers ; c’est une idée que partagent 50% des répondants.
Fiche technique :
Sondage réalisé sur Internet du 18 au 22 juillet 2014 auprès d’un échantillon de 2 012 personnes, représentatif de la population française âgée de 16 ans à 75 ans.