A mi-législature, la cohabitation tient bon
Deux ans et demi après son arrivée à l’hôtel Matignon, Lionel Jospin jouit d’une faveur exceptionnelle dans l’opinion. Le baromètre Ipsos-le Point montre aussi que la popularité de Jacques Chirac est un phénomène très isolé à droite.
A mi-chemin de la législature ouverte par la dissolution de 1997, le couple de l’exécutif reste apprécié par six sondés sur dix. Le Premier ministre n’a nullement été atteint par la succession d’épreuves qu’il a rencontré pendant la dernière période – de la démission de Dominique Strauss-Kahn aux soubresauts de la Corse. Avec 61% d’opinions favorables, dans la dernière enquête du baromètre Ipsos-le Point, le chef du gouvernement conserve un niveau de popularité exceptionnel après deux ans et demi passés à l’hôtel Matignon. Son solde de jugements s’améliore même de trois points par rapport à la vague de novembre.
L’image de Jospin demeure fortement consensuelle. Plébiscité à gauche, le Premier ministre est apprécié par une moitié de l’électorat de droite. Les sympathisants du RPF eux-même cèdent majoritairement au charme jospinien… Seuls les proches de l’extrême-droite sont enclavés dans l’hostilité à son égard.
De même, le chef du gouvernement est-il bien jugé dans toutes les tranches d’âge (avec seulement une petite faiblesse chez les plus âgés), dans l’ensemble des catégories socio-professionnelles (avec un avantage chez les professions intermédiaires) et dans toutes les tranches de revenu (avec un maximum chez les low middle income).
En termes d’opinion, Jacques Chirac se porte aussi bien que son partenaire institutionnel. Certes, sa cote d’opinions favorables cède deux points par rapport à la mesure antérieure, mais le chef de l’Etat peut se flatter de se trouver un cheveu au-dessus du Premier ministre. L’électorat de droite le soutient massivement tandis que celui du PS marque son accord majoritaire.
La bonne image du président de la République contraste avec le piètre état persistant des personnalités de droite dans l’opinion. La gauche monopolise les sept premières places du " palmarès des leaders politiques ". Philippe Séguin, Edouard Balladur et Philippe Douste-Blazy sont les trois seuls responsables a bénéficier d’une cote positive, sans toutefois parvenir à franchir le seuil d’une majorité absolue de jugements favorables. La nouvelle présidente du RPR, Michèle Alliot-Marie, fait une timide entrée dans ce hit-parade : elle reste très largement inconnue des Français. Son statut de chef de parti ne lui apportera pas automatiquement notoriété et popularité, si l’on en juge par l’exemple de François Hollande. Le premier secrétaire du PS depuis 1997 a beau avoir été tête de liste socialistes aux élections européennes, il n’a toujours pas décollé dans une opinion qui se partage en trois tiers sur son cas : ceux qui lui sont " favorables ", les " défavorables " et ceux qui ne se prononcent pas…
En tête de peloton, les deux stars des sondages (Bernard Kouchner et Jack Lang) sont immédiatement suivies de deux femmes ministres (Elisabeth Guigou et Martine Aubry). La cinquième place est décrochée par Jean-Pierre Chevènement qui voit sa popularité orientée à la hausse – ce qui n’est pas le cas des premiers de la classe. Mais c’est la progression d’Arlette Laguiller qui est la plus impressionnante : gagnant trois point, la passionaria de Lutte Ouvrière occupe la sixième place, devançant Catherine Trautmann, Philippe Séguin et Dominique Voynet et bien d’autres… Sa cote s’accroit surtout chez les plus de 35 ans. Son solde de popularité est équilibré chez les cadres supérieurs – phénomène remarquable pour une personnalité classée à " l’extrême-gauche " - tandis qu’il est maximal chez les ouvriers.
Notons enfin le discrédit qui frappe désormais Dominique Strauss-Kahn. L’ancien ministre de l’Economie, rattrapé par les " affaires ", plonge dans le rouge de l’impopularité. Son solde de jugements passe de +12 en novembre à –8 en décembre. Seuls les bénéficiaires des revenus les plus élevés continent à faire preuve d’indulgence envers DSK.