Moins d'un agriculteur sur dix optimiste pour 2017

La crise que traversent les petits exploitants et leur pessimisme quant à l’avenir de leur métier sont prégnants : mais qu’en est-il des grandes exploitations ? Alors que le Salon International de l’Agriculture bat son plein, Ipsos a réalisé une étude via la plateforme AgriAvis* majoritairement auprès d’agriculteurs ayant une surface agricole utile de plus de 50 ha.

Auteur(s)
  • Laurent Depouilly Directeur de département, Healthcare
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UNE CRISE PROFONDE ET UN MORAL EN BERNE CHEZ LES AGRICULTEURS

Le nouveau sondage Ipsos/Agriavis sur le moral des agriculteurs révèle que la crise que traverse le secteur agricole affecte grandement l’optimisme des exploitants, et pas seulement des plus petits. 84 % des agriculteurs interrogés (majoritairement les grandes exploitations) disent avoir un moral plutôt bas, et parmi eux, 29 % déclarent avoir un moral « au plus bas ». Ce sentiment d’abattement se ressent sur le niveau de confiance des agriculteurs en l’avenir : 46 % sont pessimistes pour 2017, et chez les agriculteurs de plus de 40 ans, ce taux atteint les 58 %.

Le cours des productions agricoles et leurs prix de vente (autant de céréales que de viande) sont la principale source de préoccupation pour l’année à venir pour 38 % des agriculteurs interrogés.

« La baisse des prix et le moindre revenu qui en découle créent une forte tension sur la trésorerie des agriculteurs. Cette nouvelle source d’inquiétude vient s’ajouter au renforcement de la réglementation et à la baisse des subventions agricoles vitales pour leur activité »

Laurent Depouilly, Directeur Général d’Ipsos Lyon et de la division Agriculture chez Ipsos.



Les problèmes de trésorerie arrivent en seconde position des préoccupations pour 2017, puisqu’ils inquiètent 22 % des personnes interrogées. Les agriculteurs s’attendent à payer toujours plus de charges cette année, et à voir leurs frais augmenter, notamment de carburant (60 % estiment que les prix vont augmenter). Du côté des éleveurs, les frais qui risquent d’augmenter le plus selon eux sont les produits vétérinaires (51%) et l’alimentation du bétail (42 %), alors que les agriculteurs en grandes cultures expriment une tendance d’utilisation des intrants plutôt à la baisse.

DES AGRICULTEURS QUI GARDENT TOUT DE MÊME ESPOIR

Malgré tout, les agriculteurs ne perdent pas espoir : 22 % d’entre eux espèrent que les prix de vente de leurs productions vont remonter cette année, même s’ils ne sont que 9 % à espérer de meilleures récoltes qu’en 2016 pour pouvoir se dégager une meilleure rémunération. Pour 12 % des répondants, les élections présidentielles à venir suscitent également de l’optimisme, confirmant les attentes de changement dans la politique agricole de la France.

L’objectif est de garder le cap en 2017. Plus des 2/3 des agriculteurs interrogés ont l’intention de gérer leur exploitation cette année comme ils l’ont fait en 2016, bien qu’ils soient 8 % à vouloir céder leur exploitation, pour partir à la retraite (3 %) ou pour changer de métier (5 %). Ils sont également 18 % à vouloir augmenter leur outil de production, que ce soit par l’agrandissement de leur SAU ou de leur cheptel (pour 15 % d’entre eux), ou par l’acquisition d’une autre exploitation (6 %).

DES PERSPECTIVES D’INVESTISSEMENT, SURTOUT POUR LES PLUS JEUNES ET DES ATTENTES FORTES D’ACCOMPAGNEMENT POUR LES ÉLEVEURS

Malgré le contexte défavorable, les agriculteurs ne baissent pas les bras et comptent tout de même continuer à investir dans leur outil de production. Ils sont en effet 45 % à vouloir effectuer un investissement au cours des 12 prochains mois, mais se projettent moins bien à long terme : ainsi, 28 % déclarent n’avoir aucune intention d’investir ces cinq prochaines années dans des bâtiments, des machines ou du matériel agricole. Chez les agriculteurs de moins de 40 ans, les signaux sont plus positifs : ils sont 58 % à vouloir investir dans du nouveau matériel et 56 % dans des machines agricoles.

Pour soutenir leurs projets d’investissements, beaucoup attendent des aides financières ou subventions (36 %), des prêts avantageux (32%) ou encore des offres promotionnelles (18 %). Cependant, ils souhaitent également être davantage accompagnés via des conseils techniques, financiers ou des informations personnalisées (40 %). Ces attentes sont particulièrement importantes pour les agriculteurs de moins de 40 ans et les exploitations de moins de 100 ha. Les éleveurs notamment ont exprimé de très fortes attentes en termes d’aides financières ou subventions (45%) et d’informations personnalisées pour réaliser leurs investissements (24%).

Fiche technique : sondage réalisé auprès de 330 agriculteurs du 24 au 27 Février via la plateforme AgriAvis. Ce sondage s’inscrit dans le cadre du partenariat entre Ipsos et le site internet AgriAvis lancé en juin 2016, qui permet notamment de produire des études onlines ad hoc. La nouvelle méthodologie proposée vise à prendre le pouls de la communauté agricole sur les sujets d’actualités touchant au secteur, et de proposer des insights en temps réel.

Auteur(s)
  • Laurent Depouilly Directeur de département, Healthcare

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