Nouveau décrochage de la popularité de l’exécutif, notamment à gauche

La nouvelle édition du Baromètre de l’action politique Ipsos Le Point est marquée par une défiance accrue des Français à l’égard de l’ensemble de la classe politique. A commencer par François Hollande, dont la popularité, après un courte période d’accalmie, se dégrade une nouvelle fois, surtout à gauche. Quant à Nicolas Sarkozy, il perd également du terrain, après l’annonce de son éventuel retour en politique.     

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
  • Federico Vacas Directeur de département - Public Affairs
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Après deux mois de relative stabilité, la cote de popularité de François Hollande repart à la baisse : seulement 31% des Français portent aujourd’hui un jugement favorable sur son action, soit un recul de 5 points en un mois. A l’inverse, 64% d’entre eux (+5 points) se déclarent critiques à l’égard du président de la République. L’intervention au Mali et le mariage pour tous avaient stoppé la tendance baissière mesurée en fin d’année 2012. Le retour au premier plan des questions économiques et sociales (nouveau record du taux de chômage, prévisions de croissance très faible pour le premier trimestre 2013, reconnaissance de l’impossibilité d’atteindre les 3% de déficit en 2013), semble avoir changé la donne. L’évocation de nouvelles taxes (diesel), l’annonce de nouvelles coupes budgétaires et les discussions autour d’une nouvelle réforme des retraites permettent aussi d’expliquer cette sanction de l’opinion, notamment à gauche.

L’impopularité de François Hollande se situe à des niveaux proches des records observés depuis la mise en place de ce baromètre en janvier 1996. En 17 ans de mesures, la cote de popularité du président en fonction a été seulement 5 fois inférieure à celle dont bénéficie aujourd’hui François Hollande. Cela a été le cas pour Jacques Chirac  en juin 2005 (27%) et  en avril 2006 (29%), et pour Nicolas Sarkozy en novembre 2010 (30%), en avril 2011 (29%) et en juin 2011 (30%). Mais ces records d’impopularité ont été mesurés des années après leur arrivée à l’Elysée, 10 ans après pour Jacques Chirac, 4 ans après pour Nicolas Sarkozy.     

La confiance dans le chef de l’Etat se dégrade par ailleurs de façon marquée dans son propre camp. Seulement deux tiers des sympathisants socialistes (67%, le score le plus faible depuis son élection, en baisse de 6 points) portent aujourd’hui un jugement favorable sur son action, contre 30% qui expriment leur mécontentement. A titre de comparaison, Nicolas Sarkozy a également traversé des périodes de relative « impopularité » dans son camp, mais cela après 4 ans de mandat (67% d’avis favorables auprès des sympathisants UMP en avril 2011). Quant aux sympathisants du Front de Gauche et des Verts, seule une minorité d’entre eux soutient désormais l’action du président de la République : 42% (en baisse de 18 points) pour les premiers, 44% (-4 points) pour les écologistes. Enfin, François Hollande perd également des soutiens chez les catégories populaires et plus largement chez celles traditionnellement ancrées à gauche. Ainsi, il est au plus bas chez les ouvriers (27% d’avis favorables, -11 points), et aussi, chez les salariés du public (34%, -10 points).       

Comme depuis quelques mois, la cote de popularité de Jean-Marc Ayrault s’aligne sur celle de François Hollande. Le Premier ministre recueille aujourd’hui 31% de jugements positifs (-2 points), contre 59% d’avis négatifs (+3 points).

Cette nouvelle édition du baromètre Ipsos Le Point est par ailleurs marquée par une défiance généralisée à l’égard de la classe politique. Sur les 37 autres personnalités testées, 28 voient leur cote de popularité se dégrader, 4 seulement gagnent des points. Cette tendance générale concerne la plupart des membres du gouvernement : c’est le cas de Manuel Valls (54% d’opinions positives, -3 points) qui conserve néanmoins la tête du palmarès des personnalités préférées des Français, de Laurent Fabius (38%, -4 points), d’Arnaud Montebourg (35%, -2 points) ou encore de Pierre Moscovici (29%, -5 points). Seule exception, Christiane Taubira, qui a porté le projet de loi sur le mariage pour tous,  gagne 3 points par rapport au mois dernier avec 37% d’opinions positives.

Ce mécontentement à l’égard de la majorité ne profite pas pour autant à l’opposition. Pour l’instant, le « possible retour annoncé » de Nicolas Sarkozy ne semble pas avoir suscité l’enthousiasme chez les Français. L’ancien président perd 4 points d’image à 44%, contre 48% d’opinions négatives (+3 points). Le constat est le même pour Alain Juppé (qui reste deuxième du classement général mais recule de 6 points à 49% d’avis favorables) ou encore François Fillon (44%, -3 points). Les sympathisants UMP se montrent d’ailleurs légèrement plus critiques que le mois dernier à l’égard des principales personnalités du parti : 81% de jugements positifs pour Nicolas Sarkozy (-6 points), 76% pour Alain Juppé (-8 points), 65% pour François Fillon (-6 points). Dans ce contexte, Jean-François Copé continue à se repositionner progressivement, grâce à une hausse de 4 points (51% de bonnes opinions chez les proches de la droite). Quant à Nathalie Kosciusko-Morizet, elle gagne 6 points chez les sympathisants de son parti (62%, 5ème de ce classement) après l’annonce de sa candidature à la Mairie de Paris.

Soulignons enfin que le climat de morosité ne profite pas pour une fois à Marine Le Pen. Si elle reste relativement élevée, sa cote de popularité est, comme pour la plupart des personnalités testées, en baisse par rapport au mois dernier (31%, -4 points).

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  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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