Observatoire sociétal des entreprises : le rapport au travail de la Génération Z

Ipsos a fait pour l'école d'ingénieur CESI une enquête auprès de chefs d'entreprise afin de cartographier et mieux comprendre les attentes professionnelles de la génération Z (jeunes âgés de 18 à 28 ans) et des dirigeants d'entreprise. Les résultats du terrain d’enquête mettent en lumière des divergences significatives dans les perceptions et attentes entre ces deux populations.

Auteur(s)
  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs
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Les chefs d'entreprises éprouvent de réelles difficultés à comprendre la Gen Z mais aussi à la fidéliser

Les dirigeants d’entreprise font part de réelles difficultés à comprendre la Gen Z : 86% des dirigeants perçoivent la Gen Z comme différente de la génération d’avant. Ainsi, ils sont nombreux à ne pas réussir à identifier leurs aspirations professionnelles : 7 dirigeants d’entreprise sur 10 déclarent qu’il est difficile d’identifier les aspirations professionnelles des jeunes de moins de 30 ans. Ils sont également près de la moitié (49%) à juger difficile de faire évoluer ces jeunes dans le monde de l’entreprise. En effet, pour les dirigeants d’entreprises, les jeunes ont un rapport différent au travail : les dirigeants estiment que les moins de 30 ans sont moins investis que leurs aînés au travail (57% le pensent), moins fidèles à l’entreprise (72%) et moins respectueuse de la hiérarchie (53%). Vue comme moins investie, la Gen Z est logiquement considérée par les chefs d’entreprise comme moins prête que ses aînés à sacrifier son équilibre entre vie professionnel et vie personnel au profit du travail : 77% des chefs d’entreprise pensent que la Gen Z est moins prête que ses aînés à faire parfois des heures supplémentaires qui ne sont pas payées et à travailler plus en cas de pic d'activité sans contrepartie financière. Ainsi, l’avis des dirigeants sur l’arrivée de cette génération dans le monde du travail est partagé : si 40% pensent qu’elle va améliorer l’organisation du travail, 32% jugent que l’arrivée de la GenZ va plutôt dégrader l’organisation du travail.

Cette difficulté à comprendre la Gen Z s’accompagne de problèmes de recrutement. La majorité des dirigeants s’estime confrontée à des difficultés pour recruter et fidéliser des jeunes salariés, particulièrement en termes de rémunération : 58% des chefs d’entreprise rencontrent des difficultés pour proposer des rémunérations jugées attractives par les jeunes. Les dirigeants dans le secteur de l’industrie déclarent être davantage confrontés à ce problème (80%).

Pourtant, la Gen Z déclare aimer le travail et l'entreprise

En miroir d’une perception de la Gen Z comme désinvestie par les chefs d’entreprises, les jeunes âgés de 18 à 28 ans font, au contraire, témoignent d’une volonté de s’investir dans le monde du travail. 84% d’entre eux disent avoir le goût du travail. Par ailleurs, c’est ce goût du travail qui est jugé comme la chose la plus importante pour réussir sa vie professionnelle (58%), devant les relations et le réseau (46%), le courage (46%) et les diplômes (44%). Ce goût du travail se retrouve dans le poste occupé ou celui dans lequel les 18-28 ans se projettent : 73% des 18-28 ans se disent prêts à réaliser parfois des tâches qui ne sont pas dans leur fiche de poste et 60% à assumer des responsabilités qui ne font pas partie de leur poste.

En effet, la réussite professionnelle est perçue comme essentielle : 91% d’entre eux, estiment qu’avoir un travail que l’on apprécie est une condition essentielle pour être heureux et 85% que réussir sa vie professionnelle est un objectif essentiel. Dans ce contexte, 4 jeunes sur 10 seraient prêts à quitter leur emploi si ce dernier n’est pas source d’épanouissement.

Cette aspiration à la réussite professionnelle va de pair avec un souhait de travailler en entreprise : 80% des 18-28 ans auraient envie de travailler dans une entreprise de taille moyenne et 76% dans une petite entreprise, loin devant la fonction publique (59%) et les associations (59%).

Globalement, la Gen Z estime que son niveau de compétences est en adéquation avec les recrutements : 39% des actifs de 18-28 ans estiment que les entreprises emploient les jeunes salariés à leur bon niveau de compétence, une proportion qui monte à 47% chez les chefs d’entreprise et qui descend à 37% chez les étudiants.

Une volonté de réussir professionnellement qui s'accompagne d'attentes et d'exigences de la part de la Gen Z à l'égard des entreprises 

La Gen Z exprime un goût certain pour le travail et fait preuve également d’une réelle confiance dans son avenir professionnel : la majorité des jeunes âgés de 18 à 28 ans sont confiants quant à leur insertion professionnelle dans le monde du travail (79%). Cette confiance grandit lorsque la Gen Z est en entreprise : si 75% des étudiants se disent confiants à propos de leur insertion professionnelle, ils sont 81% chez les jeunes actifs. Ce sentiment de confiance nourrit un fort sentiment de liberté chez les 18-28 ans dans leur rapport au travail.

L’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée et la rémunération sont des critères de choix importants pour rejoindre un poste parmi les 18-28 ans.

Ainsi, si la Gen Z se dit attachée aux critères traditionnels (équilibre, rémunération, intérêt), les facteurs d’autonomisation sont des critères importants dans le choix d’un poste. 72% des 18-28 ans jugent important ou primordial l’autonomie, la possibilité de prendre des décisions seul, 70% la flexibilité des horaires et 69% le fait de pouvoir évoluer vers d’autres secteurs ou spécialités. Toutefois, l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle reste le premier critère pour choisir de rejoindre une entreprise, 80% des 18-28 ans estimant que c’est primordial ou important, suivi de l’ambiance de travail (80%). Ces deux éléments sont suivis de près par l’intérêt du poste (79%), la localisation géographique (78%), la rémunération (77%) et les perspectives d’évolution (76%). Recherchant l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle, la Gen Z ne se dit pas prête « sacrifier » son temps à l’entreprise : 51% des 18-28 ans se disent prêts à travailler plus en cas de pic d'activité sans contrepartie financière. Si cet engagement vient sans contrepartie financière, les 18-28 ans se disent relativement peu prêts à le faire : 44% se déclarent prêts à faire parfois des heures supplémentaires qui ne sont pas payées.

La Gen Z porte également une réelle attention aux valeurs de l’entreprise et aux engagements RSE

En plus des conditions d’emploi, les 18-28 ans se montrent très attentifs aux valeurs portées par l’entreprise. Près des 3 quarts des 18-28 ans (74%) déclarent que le fait que les valeurs de l’entreprise soient en accord avec les leurs est important ou primordial. En effet, les 18-28 ans recherchent une entreprise ou un travail qui a un impact dans la société : 7 jeunes sur 10 déclarent que c’est important ou primordial que leur travail ou leur entreprise soit utile pour la société. Cette utilité se manifeste notamment par l’aspect environnemental, 64% déclarant c’est important ou primordial (dans leur choix pour rejoindre une entreprise) que l’entreprise fasse attention à l’impact environnemental de ses activités. Globalement, les jeunes attendent de leur entreprise qu’elle contribue au changement, 62% déclarant c’est important ou primordial que l’entreprise contribue à faire changer la société.

Pour obtenir l’implication des entreprises en matière sociétale ou environnementale, près de 2 jeunes sur 5 estiment qu’il vaut mieux refuser de travailler pour elles.

Ces attentes de la Gen Z peuvent s’expliquer, notamment, par un niveau d’anxiété extrêmement élevé chez les moins de 30 ans

7 jeunes sur 10 sont touchés par des troubles d’anxiété, dont 15% qui souffrent d’anxiété sévère. Ainsi, au cours des deux dernières semaines, près 3 jeunes sur 4 déclarent avoir eu des difficultés à se détendre.

De leur recrutement à leur prise de poste, les jeunes ont le sentiment de ne pas être compris et écoutés par les entreprises

Confiants dans leur insertion professionnelle, les moins de 30 ans ont également le sentiment de bien comprendre ce que les entreprises attendent d’eux. Trois quarts des 18-28 ans estiment qu’il est facile de comprendre ce que les entreprises attendent d’eux en termes d’état d’esprit, de responsabilités ou encore de tâches et de missions. Cependant, cette Gen Z est beaucoup plus partagée sur la capacité des entreprises à comprendre ce que les jeunes attendent d’elles. Près de 6 jeunes sur 10 (59%) estiment que les offres d’emploi correspondent à leurs attentes en termes d’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle, qui constitue le premier critère pour rejoindre une entreprise chez les 18-28 ans. Ils se montrent encore plus critiques vis-à-vis de la rémunération : seuls 49% d’entre eux jugent que les offres d’emploi correspondent à leurs attentes en termes de rémunération.

Au-delà des offres d’emploi proposées, la Gen Z estime que les entreprises n’en font pas assez. Seuls 56% des 18-28 ans pensent que les entreprises donnent envie aux jeunes de les rejoindre et qu’elles expliquent en quoi l’entreprise est faite pour eux. Les actifs et les étudiants partagent ce sentiment.

Ainsi, la Gen Z se montre prête à changer régulièrement d'entreprise pour satisfaire ses attentes professionnelles

Nourrie par un sentiment de confiance dans son insertion professionnelle et exprimant des attentes spécifiques, la Gen Z considère que le mouvement est aujourd’hui indispensable pour obtenir ce qu’elle veut. Près de 8 jeunes sur 10 (79%) considèrent qu’il est indispensable de changer régulièrement d’entreprise pour avoir un meilleur salaire et quasiment la même proportion (78%) pense qu’il en va de même pour avoir un poste intéressant.

Ainsi, les moins de 30 envisagent la démission pour les sujets qu’ils jugent essentiels : 75% déclarent que le sujet de la rémunération les pousserait à démissionner, 63% déclarent que cela serait le manque d’ambiance et le bien-être au travail et 60% le manque d’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.

Lorsqu’ils rencontrent des situations problématiques en entreprise, les 18-28 ans déclarent avant tout privilégier le dialogue à la démission. Toutefois, ils attendent un dialogue rapide : 55% des 18-28 ans estiment qu’il faut parler avec son entreprise voir si la situation évolue dans le bon sens dans les quelques jours ou semaines qui suivent lorsqu’on a le sentiment d’être insuffisamment accompagné par son entreprise en tant que jeune salarié et 51% pensent la même chose lorsque l’on considère être insuffisamment rémunéré.

A propos de l'école d'ingénieurs CESI

Logo CesiÉcole d’ingénieurs créée en 1958 par des entreprises, CESI compte aujourd’hui 25 campus sur tout le territoire dotés d’équipements pédagogiques et de recherche de pointe, 110 000 alumni, 8 000 entreprises d’accueil et plus de 130 partenariats avec des universités dans le monde.

CESI s’engage en faveur de la promotion sociale, de l’accessibilité et de l’insertion professionnelle de ses diplômés tout en développant son excellence académique. Sa mission est de préparer ses étudiants aux métiers émergents et aux attentes des entreprises en proposant des parcours de bac+3 à bac+6. Consciente qu'allier humain et technologies est aujourd'hui un enjeu majeur, CESI propose une offre transverse en Management et Ressources Humaines.

L’école d’ingénieurs CESI accompagne les entreprises dans leurs transitions énergétiques et numériques avec une offre BtoB intégrant la formation professionnelle et l’alternance.

Sa gouvernance est composée de dirigeants d’entreprise et de six branches professionnelles : UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie), FFB (Fédération Française du Bâtiment), FNTP (Fédération Nationale des Travaux Publics), FFIE (Fédération Française des Intégrateurs Electriciens), Numeum, et depuis mai 2023, UTP (Union des Transports Publics et Ferroviaires).


A propos de cette étude

Etude réalisée en ligne du 19 avril au 7 mai auprès de 1000 individus constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 à 28 ans.

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  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs

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