Ouverture à la concurrence du marché ferroviaire : un projet plébiscité par les Français ?

Dans un contexte de réforme du marché ferroviaire, porté par le projet de loi de réforme ferroviaire examiné par les députés français au mois de juin 2014, ainsi que le règlement européen relatif aux services publics de voyageurs par chemin de fer et par route qui prévoit l’ouverture progressive à la concurrence du marché ferroviaire régional d’ici à 2022, Transdev, opérateur de transport multimodal, a souhaité faire réaliser une enquête sur la perception de l’ouverture à la concurrence du marché ferroviaire régional par les Français.

Auteur(s)
  • Alice Tétaz Directrice de clientèle, Public Affairs
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L’opinion sur les trains régionaux : globalement bonne, légèrement meilleure chez les usagers

  • Qu’ils soient usagers des transports ferroviaires régionaux ou non, les Français témoignent d’une sorte de bienveillance à l’égard de la SNCF, une entreprise « historique », ancrée dans le paysage français. Le transport ferroviaire régional, qui met en œuvre la mobilité des Français, notamment pour travailler ou étudier, est par ailleurs souvent bien perçu car synonyme de désenclavement et d’ouverture.
  • L’opinion des Français sur les trains régionaux en France, c’est-à-dire les TER et les Transilien, est donc, sans surprise, globalement bonne. Elle n’est pour autant pas excellente : si 63% des Français en ont une bonne opinion, seuls 2% en ont une « très bonne » opinion.
  • Une part non négligeable des Français dit tout de même avoir une mauvaise opinion du transport ferroviaire régional français : 37%, dont 5% en ont une très mauvaise opinion. Les attentes dans ce domaine étant nombreuses, il est assez compréhensible que plus d’un tiers des Français se prononce en ce sens.
  • À noter qu’on n’observe pas de différence importante que l’on soit usager des TER/Transilien ou non : 68% des usagers en ont une bonne opinion, dont 6% une très bonne opinion, contre 32% qui en ont une mauvaise opinion, dont 4% une « très mauvaise » opinion.
  • Enfin, on remarquera que l’opinion sur les transports ferroviaires régionaux est moins bonne en Ile-de-France qu’en Province (47% de mauvaises opinions contre 34% en Province), les Franciliens étant par ailleurs davantage usagers du transport ferroviaire régional que les habitants des autres régions. 

L’ouverture du marché des transports ferroviaires régionaux à des entreprises privées autres que la SNCF : un projet qui bénéficie d’une bonne notoriété et d’un accueil largement favorable

  • La notoriété du projet d’ouverture du marché des transports ferroviaires régionaux à des entreprises privées autres que la SNCF est bonne, mais peu affirmée : si 60% des Français en ont entendu parler, seuls 20% d’entre eux savent bien de quoi il s’agit. La notoriété est légèrement meilleure chez les usagers que chez les non usagers : 69% contre 54%.
  • Le projet est par ailleurs bien accueilli, dans des proportions similaires auprès des Français et des usagers des TER/Transilien : 69% des Français pensent que c’est une bonne chose, 67% des usagers.
  • Les différences d’opinion sur le projet se situent ailleurs : si l’on observe un léger effet générationnel, les plus jeunes y étant plus favorables (76% des moins de 35 ans contre 66% des 35 ans et plus), on observe avant tout un effet politique. 57% des sympathisants de gauche (PC-FG-PS-Verts) se prononcent en faveur du projet contre 81% des sympathisants de droite (UDI-UMP).
  • Interrogés, en spontané, sur les raisons de leur jugement, les interviewés qui pensent que l’ouverture à la concurrence est une bonne chose se positionnent principalement sur trois éléments :

→ La baisse des prix, évoquée par 29% des Français et 31% des usagers favorables à la réforme, est l’élément sur lequel se concentrent la plupart de leurs attentes. La concurrence donnerait « l'opportunité à tous les voyageurs, de comparer puis de se diriger vers le/les prestataire(s) dont le rapport qualité/prix des transports est le plus abordable ».

→ Plus « idéologique », le fait que la concurrence est une bonne chose d’une manière générale, est cité par 22% des Français et 19% des usagers qui pensent que la réforme est une bonne chose. 

→ Enfin, l’amélioration du système en général totalise 34% des citations des Français
pro-ouverture à la concurrence (37% des usagers favorables), déclinées entre amélioration du service, baisse du nombre de grèves et baisse du nombre de retards.

  • A contrario, les personnes qui jugent que l’ouverture à la concurrence est une mauvaise chose évoquent les éléments suivants :

→ Une détérioration du système en général (citée par 44% des Français, et 51% des usagers hostiles à la réforme), et notamment des lignes moins bien entretenues, des problèmes de sécurité, un service moins fiable d’une manière générale et une gestion compliquée.

→ Des conséquences économiques néfastes, et notamment la recherche du profit par les entreprises privées, au détriment des voyageurs, et la hausse des prix des billets.

→ Enfin, une partie non négligeable se prononce à nouveau sur des arguments plus « idéologiques »: un attachement au service public, notamment pour les transports, ou un attachement au monopole de la SNCF.

SNCF ou entreprises privées : qui assurerait le meilleur service ? Le prix des billets est l’élément qui doit faire la différence pour les Français...

  • Amenés à comparer sur différents aspects le service qui pourrait être proposé par les entreprises autres que la SNCF au service proposé par la SNCF, une part importante des interviewés ne se prononce ni en faveur d’un acteur ni d’un autre : le service serait « ni meilleur ni moins bon » sur la plupart des aspects (confort, accueil, fréquence des trains, rapidité, modernité...). En effet, la comparaison entre un acteur « réel » délivrant un service bien identifié avec un acteur pour l’instant méconnu, est difficile.
  • Néanmoins, au regard des résultats « exprimés », les attentes sont importantes. Le fait que les Français se prononcent largement en faveur d’une ouverture à la concurrence des TER est corroboré par leur vision de concurrents meilleurs que la SNCF sur bon nombre de dimensions, et notamment sur le prix : le rapport qualité/prix (serait meilleur pour 49%, moins bon pour 21%), les réductions tarifaires (48% vs. 19%) et les programmes de fidélité proposés (42% Vs. 15%) arrivent en tête. Viennent ensuite la ponctualité (41% Vs. 17%), la modernité des trains (36% Vs. 17%) ou encore la réduction de la dette publique qu’engendrerait une telle réforme (elle baisserait pour 31%, augmenterait pour 21%). Ils sont en revanche plus dubitatifs sur la fréquence des trains (31% Vs. 28%), la fiabilité technique et l’état des trains (26% Vs. 28%) et la sécurité des passagers à bord des trains (22% Vs. 23%). Enfin, ils se montrent largement plus confiants dans la SNCF en ce qui concerne la préservation des plus petites lignes ou des plus petits arrêts (un service meilleur pour 27%, moins bon pour 40%) et doutent que la réforme fasse baisser le montant des impôts locaux (il baisserait pour 19%, augmenterait pour 34%, resterait stable pour 47%) : dans un contexte de pression fiscale ressentie fortement par les Français, cette suspicion n’est pas surprenante.
  • Sur ces différents aspects, on observe peu de différences entre l’ensemble des Français et la cible spécifique des usagers des TER/Transilien.
  • Interrogés sur les principaux objectifs que devraient poursuivre la mise en concurrence du marché du transport ferroviaire régional, les Français plébiscitent à nouveau des prix moins élevés pour les voyageurs (64% des Français et des usagers) et une amélioration du service en général, avec notamment moins de retard (44% des Français, 45% des usagers) et moins de grèves (39% des Français, 36% des usagers).

Au final, 6 usagers sur 10 pensent qu’ils auraient plutôt à gagner de l’ouverture à la concurrence du marché ferroviaire régional

  • Au final, 72% des Français, et 70% des usagers, pensent que cette ouverture à la concurrence aurait un impact positif sur la qualité du service de transport ferroviaire régional.
  • Par ailleurs, 59% des usagers des transports ferroviaires régionaux estiment qu’ils auraient « plutôt à gagner » de l’ouverture à la concurrence du marché ferroviaire régional, seuls 19% « plutôt à perdre » et 22% « ni à perdre ni à gagner ». Les plus convaincus du bénéfice qu’apporterait l’ouverture à la concurrence sont les plus jeunes (67% des moins de 35 ans pensent avoir « plutôt à gagner »), les moins aisés (67% des personnes gagnant moins de 1250€/mois) et les sympathisants de droite (75%). 
  • Enfin, conséquence de l’ouverture à la concurrence, pour une courte majorité des Français (55%), le nombre de voyageurs augmenterait. Logiquement, les plus favorables à la réforme projettent une augmentation plus conséquente du nombre de voyageurs : 60% pour les moins de 35 ans, 67% pour les sympathisants de droite et 74% pour les personnes qui pensent que la réforme est une bonne chose. 



 

Crédits photo : 


Fiche technique :

Sondage Ipsos pour Transdev réalisé par Internet du 24 au 29 avril 2014, auprès d’un échantillon « grand public » de 1 005 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus et d’un échantillon « usagers » de 722 usagers réguliers des transports ferroviaires régionaux (les ont empruntés au moins 3 ou 4 fois au cours des 12 derniers mois) dont 324 sont issus de l’échantillon national représentatif et 398 d’un sur-échantillon d’usagers. Enquête effectuée selon la méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, région et catégorie d’agglomération.

Auteur(s)
  • Alice Tétaz Directrice de clientèle, Public Affairs

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