Parcours de soins du patient Français : des mots à la réalité
Le 20 octobre dernier, Coopération Santé a présenté lors de son colloque* sur le thème “Parcours de soins du patient : des mots à la réalité”, les résultats de la première enquête réalisée par Ipsos pour MSD France, autour du parcours de soins vu par le grand public et en regards croisés avec les professionnels de santé.
Alain Coulomb, Président de Coopération santé souligne « qu’il est important d’identifier les sources d’optimisation de ce parcours et de modéliser les actions concrètes réalisées avec succès sur le terrain par les professionnels de santé et les patients eux-‐mêmes ».
La question des parcours de soin et la nécessité de les améliorer devient cruciale dans des sociétés qui voit s’accroître le nombre de maladies chroniques et le nombre de patients atteints de certaines d’entre elles. De fait, si les Français sont globalement en meilleure santé que leurs voisins européens, le nombre de personnes touchées par des maladies chroniques telles que le diabète, ne cesse de progresser, pour atteindre presque 3 millions en 2015. A l’origine de ce constat, l’allongement de la durée de la vie des Français, le plus élevé d’Europe (85,4 ans pour les femmes et 79,2 ans pour les hommes).
UNE ENQUÊTE AUX ENSEIGNEMENTS NOMBREUX ET PARFOIS INATTENDUS
Plus de 1000 personnes et 500 professionnels de santé ont été interrogés pour cette enquête (spécialistes, médecins généralistes, infirmières, pharmaciens).
1 — Le médecin généraliste au cœur du parcours. Un décalage entre la perception du public et celle des professionnels de santé.
- Les français savent qu’il est nécessaire de déclarer un médecin traitant et 78% d’entre eux font le lien avec le parcours de soins coordonné. Un peu plus de la moitié du public interrogé a le sentiment d’entrer dans un parcours de soins. Cependant 19% d’entre eux consultent parfois un spécialiste directement de leur propre initiative et 10% consultent parfois un autre médecin généraliste que le leur.
- La majorité des français interrogés (70%) estime ainsi que le médecin généraliste occupe une place plus importante qu’avant.
- Pour leur part, les professionnels de santé ont le sentiment de connaître globalement bien les spécialistes et les professionnels de santé vers qui adresser leurs patients. Ils considèrent en revanche que les patients ne sont pas bien informés.
2 — Des pistes d’actions concrètes pour optimiser le parcours de soin
Rééquilibrer la ville et l’hôpital
80% des personnes interrogées pensent qu’il faut désengorger les urgences de l’hôpital en développant les médecins de garde en ville, c’est ce que pensent aussi en majorité les spécialistes.
(84/%), les infirmier(e)s (93%) et les pharmaciens (88%). Les médecins généralistes sont moins nombreux dans ce cas (69%).
Rompre l’isolement
Plus de la moitié des infirmières et des pharmaciens et 49% des spécialistes sont plutôt d’accord pour passer d’un exercice isolé à un travail en équipe. Mais seuls 27% des généralistes partagent cette analyse.
Mettre l’information sur le patient au cœur du dispositif
Le dossier médical partagé et l’information des patients sont des pistes prioritaires pour les professionnels afin d’améliorer le parcours de soins coordonné.
Enfin, un français sur deux a déjà entendu parler de la HAS (Haute Autorité de Santé).
Les recommandations sont suivies par la majorité des professionnels de santé même si certains outils comme les plans personnalisés de santé ou les fiches points-‐clés et organisation des parcours sont encore peu utilisés.
Gérard Raymond, Secrétaire Général de la FFD (Fédération Française des Diabétiques) remarque que « cette étude montre une grande confiance des patients dans leur médecin généraliste et dans l’établissement d’un parcours de soin. Cependant, ce parcours aujourd’hui doit aller au delà du soin pour investir le champ de la santé et de la qualité de vie du patient. L’implication de nouveaux acteurs particulièrement dans l’accompagnement médico-‐social des patients, le développement des nouvelles technologies de communication et de suivi, doit permettre une meilleure coordination de tous et rendre notre système plus efficient ». « Il ne faut pas oublier que 7 000 patients diabétiques par an entrent en insuffisance rénale terminale et 10 000 d’entre eux subissent une amputation des membres inférieurs. Seulement 40% voient leur ophtalmologiste et 30% leur dentiste dans l’année alors que ces visites sont inscrites dans le parcours de soin. » a-‐t-‐il ajouté.
Yvanie Caillé, Directrice Générale de Renaloo, nous rappelle que « environ 2 à 3 millions de français sont concernés par une maladie rénale. La survie de 76 000 d’entre eux, dont les reins ne fonctionnent plus, repose sur les traitements lourds que sont la dialyse (42 000) et la greffe (34 000). Les parcours des malades des reins sont caractérisés par de fortes discontinuités, une mauvaise efficacité des stratégies de prévention et de prise en charge, une arrivée en dialyse en urgence dans 30% des cas, un très faible recours aux modalités de dialyse autonome mais aussi des freins majeurs à l'accès à la greffe. Celui-‐ci constitue pourtant le meilleur traitement et le plus économique…Au delà des surcoûts pour le système de santé, ces disfonctionnements entrainent des pertes de chances majeures pour les nombreux patients qui en sont les victimes ».
« Des pistes d’actions concrètes sont ainsi tracées. La légitimité de la Haute Autorité de Santé pour les explorer ressort renforcée » conclut Alain Coulomb, Président de Coopération Santé.
*Colloque organisé avec la participation de la Haute Autorité de Santé et le soutien institutionnel de MSD France.