Paris, Lyon : la gauche triomphe au sein des classes urbaines aisées et cultivées
Les sondages sortis des urnes, réalisés pour France 2, Europe 1, Le Point et Le Figaro, confirment que les divisions de la droite parisienne ont laissé de profondes traces dans son électorat, les reports de voix des tibéristes vers les listes séguinistes étant particulièrement mauvais. A Lyon, la stratégie de l'entre-deux tours d'alliance avec Millon a été désastreuse : dans le 5ème arrondissement, 47% des électeurs des listes Mercier du premier tour ne se sont pas reportés sur la liste Millon au second.
L'échec de Philippe Séguin à Paris est d'abord un échec de rassemblement de son propre camp. L'ancien maire d'Epinal n'est pas parvenu à mobiliser l'électorat de droite autour de sa candidature. Au premier tour, seuls 56% des sympathisants de droite parisiens ont voté pour les listes séguinistes, 26% se portant sur des listes tibéristes, 8% sur des candidats divers droite et 4% sur des candidats d'extrême droite. Il y avait pour Philippe Séguin une véritable contradiction à se présenter comme un candidat de rupture avec l'ancien système et à vouloir dans le même temps rassembler tout l'électorat de droite au second tour. La contradiction n'a pas été résolue : dans le 12ème et 13ème arrondissement, où les listes Tibéri s'étaient pourtant retirées, l'électorat tibériste n'a pas joué le jeu de l'union.
Dans le 12ème, 37% des électeurs tibéristes du premier tour ne se sont pas reportés au second sur la candidature de Jean-François Pernin, 9% optant pour le vote à gauche, 28% pour l'abstention. Conjugués à une mobilisation des abstentionnistes du premier tour plutôt en faveur de la gauche (17% ont voté pour la gauche, 13% pour la droite), ces mauvais reports ont fait basculer le 12ème à gauche. Dans le 13ème, un électeur tibériste sur deux n'a pas voté pour la liste Toubon, 46% se réfugiant notamment dans l'abstention.
Pour capter l'électorat tibériste, la stratégie de fusion apparaît a posteriori plus performante. Dans le 9ème, la liste fusionnée Lellouche-Reina a ainsi récupéré plus de 80% de l'électorat tibériste du premier tour. Mais, véritable casse tête électoral pour la droite, cette stratégie de fusion a fait " fuir " dans le même temps plus de 20% de l'électorat séguiniste du premier tour. La fracture au sein de l'électorat de droite parisien était probablement trop importante pour réaliser l'union au second tour, quelle qu'ait pu être la stratégie employée. A gauche, les reports ont été bons sans être excellents : dans le 9ème, 12ème et 13ème, près de trois quarts de l'électorat Vert du premier tour s'est reporté sur la liste de gauche plurielle au second.
A Lyon, c'est bien aussi la fracture au sein de l'électorat de droite qui a permis la victoire de la gauche, une fracture quasi idéologique entre droite modérée et droite dure. Une forte partie de l'électorat de droite modéré a en effet préféré la gauche à Millon. Le 5ème arrondissement en est l'illustration parfaite. Dans cet arrondissement, suite à l'accord Dubernard-Millon, la liste millonniste avait prétention à incarner toute la droite au second tour. Elle n'y est pas parvenue : 47% des électeurs de la liste Mercier du premier tour ont en effet refusé de voter pour la liste milloniste, 33% s'abstenant et 14% votant pour la liste Collomb. Il est plus que rare que près de 15% d'un électorat change de camp entre les deux tours. Les reports de voix ont bien mieux fonctionné dans l'autre sens. Ainsi, dans le 7ème arrondissement, où la liste Millon s'était retirée, 86% de ses électeurs du premier tour ont voté pour la tête de liste Mercier au second tour. Mais même dans ce cas, l'alliance passée avec Millon a eu des effets négatifs pour la droite : 17% des électeurs de la liste Mercier au premier tour n'ont pas revoté pour elle au second. Enfin, dans ces deux arrondissements, la mobilisation des abstentionnistes du premier tour s'est clairement faite sur la gauche (17% contre 13% pour la droite dans le 5ème, 16% contre 10% dans le 7ème).