Passage aux 35 heures : l'essayer c'est l'adopter

L'étude Ipsos/DARES fait le point des attitudes des Français à l'égard du chômage, de son indemnisation, et des politiques d'emploi au début 2000. Les Français craignent de moins en moins le chômage et sont favorables au passage aux 35 heures lorsqu'ils en ont bénéficié.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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L'amélioration de la situation économique en France se traduit par d'importantes évolutions dans la perception du chômage. Le regain de confiance, déjà noté depuis deux ans, se confirme en 2000. Le sentiment que le chômage va diminuer dans un avenir proche progresse en une année de 10 points, se situant à un niveau jamais atteint depuis le lancement de cette enquête, en 1985. Le chômage n'est plus le principal sujet de préoccupation des Français, plus inquiets quant à l'avenir des jeunes.

Nos concitoyens restent toutefois prudents lorsqu'il s'agit d'envisager un retour au plein emploi, tout en considérant que cet objectif devrait être la priorité du Gouvernement. A cette fin, l'allégement des charges sociales des employeurs sur les bas salaires leur paraît la mesure la plus efficace pour lutter contre le chômage. L'accès à ces aides doit cependant rester conditionné par la création effective d'emplois.

L'effet sur l'emploi de la réduction générale de la durée du temps de travail laisse les Français relativement perplexes. Toutefois, les salariés qui en ont déjà bénéficié ont une lecture sensiblement plus positive. Pour une majorité d'entre eux, cette réduction de la durée du temps de travail n'a pas encore eu d'incidence particulière sur leur niveau de salaire.

Enfin l'utilisation du temps ainsi dégagé, pour la réalisation d'une formation à caractère professionnel, recueille auprès des actifs interrogés un accueil majoritairement favorable, bien qu'en baisse sensible par rapport à l'an dernier.

Les Français sont de plus en plus nombreux à pronostiquer une baisse du chômage dans un avenir proche

Le pronostic sur l'évolution du nombre de chômeurs démontre un optimisme accru, atteignant des taux inédits depuis 1985. Le sentiment que le chômage "va augmenter pendant plusieurs années" se situe en 2000 à 35 %, soit une baisse de 13 points par rapport à 1999 et de 30 points par rapport à 1998. Parallèlement, l'opinion selon laquelle le chômage "va diminuer dans un avenir proche" croît de 10 points (24 %). Le pronostic de sa stabilisation reste quant à lui à peu près identique (36 %, +2 points).

Evolution de l'opinion des Français à l'égard du chômage (1985-2000)

L'hypothèse d'une diminution du chômage est plus particulièrement répandue parmi les hommes (28 %), les cadres supérieurs (32 %), les Franciliens (37 %), les personnes ayant effectué des études supérieures (32 %) et enfin, les hauts et très hauts revenus (1) (34 %).

Les perceptions sont également contrastées selon le secteur d'activité. Ainsi, les personnes travaillant dans les secteurs du commerce (33 %) et de l'industrie (28 %) se montrent plus optimistes que celles évoluant dans les autres secteurs.

L'indicateur relatif à la menace du chômage connaît également une évolution positive, bien que moins spectaculaire. Les Français sont ainsi plus nombreux que l'an dernier à affirmer ne pas se sentir "individuellement ou pour l'un des membres du foyer" menacés par le chômage (78 %, +4 points).

L'avenir des jeunes devient une préoccupation majeure

Le chômage, s'il occupe toujours une place importante dans les préoccupations de nos concitoyens (42% des réponses pour les deux premiers classements cumulés (2), en baisse de 10 points), est en 2000 très largement concurrencé par les interrogations concernant l'avenir des jeunes. Ce thème devient ainsi la première préoccupation des Français (49 %, en hausse de 3 points).

Les ouvriers (49 %) et les employés (51 %) continuent d'être fortement préoccupés par le chômage. De façon générale, le niveau de préoccupation décroît sensiblement à mesure que les revenus augmentent.

Les Français restent dubitatifs quant à l'hypothèse d'un retour au plein emploi à moyen terme. Une forte majorité pense que cet objectif est irréalisable d'ici 2010 : 57 % contre 34 % qui le croient réalisable. Les plus optimistes sont les moins de 35 ans, les cadres et les professions intermédiaires. A l'opposé, les artisans, les commerçants et chefs d'entreprise, les personnes travaillant à leur compte et les chômeurs se montrent majoritairement très sceptiques.

Il reste qu'aux yeux de l'opinion publique, le plein emploi doit rester l'objectif prioritaire du Gouverne- ment (58 %). Les employés, les ouvriers, les retraités ainsi que les personnes ayant un faible niveau d'instruction sont particulièrement favorables à cette idée.

La violence, l'insécurité - qui se stabilisent autour de 28 % -, le financement des retraites (15 %, +3 points par rapport à 1999), la pauvreté en France (14 %, +1 point) et la dégradation de l'environnement (13 %, +7 points) complètent cette hiérarchie des principales préoccupations actuelles des Français. Les moins de 35 ans, les cadres, les professions intermédiaires et les habitants de l'agglomération parisienne sont particulièrement sensibles à la question de l'environnement.

Les Français sont aujourd'hui moins nombreux à considérer que l'insuffisance du nombre d'emplois est la cause principale du chômage

Un quart des Français pensent que le progrès technique est la cause principale du chômage actuel. Ce taux demeure stable par rapport à l'enquête menée en 1999 (25%). Les charges pesant sur les entreprises sont la seconde cause incriminée (11 %, en baisse de 3 points par rapport à 1999). Les artisans, commerçants et chefs d'entreprise et les personnes travaillant à leur compte sont particulièrement nombreux à invoquer cette raison. L'inadéquation de la formation par rapport au marché de l'emploi occupe cette année le troisième rang (10 %, +4 points). Enfin et surtout, "l'insuffisance du nombre d'emplois" passe de 20 % en 1999 à 9 % en 2000. On constate ainsi que l'amélioration de la conjoncture économique influe très directement sur la perception des causes du chômage actuel.

Le chômage des jeunes en revanche continue d'être directement imputé à l'inadéquation de leur formation au regard des besoins du marché du travail, confirmant les observations effectuées depuis 1998. Plus de la moitié des Français l'évoquent spontanément, loin devant les problèmes de mentalité - réticence au travail, au changement de statut (17 %, + 5 points) - et la politique des dirigeants d'entreprise (11 %, + 3 points). L'inadéquation de la formation est notamment énoncée par les cadres (73 %) et les artisans, commerçants et chefs d'entreprise (65 %). L'argument selon lequel il n'y a pas assez d'emploi, enregistre une baisse de 6 points par rapport à 1999 (6 %).

Les Français ont en outre le sentiment que la situation de l'emploi des jeunes en France se normalise par rapport aux autres pays européens. Une majorité d'entre eux estiment à juste titre (3) que le chômage des jeunes en France se situe aujourd'hui dans la moyenne européenne. Ce résultat confirme celui enregistré en 1999 (+l point), et marque une évolution nette par rapport à 1998 (+9 points).

L'influence de la construction européenne sur l'emploi en France divise l'opinion. Si 48 % des Français estiment que l'Europe sera favorable à l'emploi, 41 % émettent un avis contraire. Les moins de 35 ans, les cadres supérieurs, les personnes ayant un niveau d'études supérieur au baccalauréat ainsi que les personnes disposant de hauts revenus sont les plus convaincus. A l'opposé, les ouvriers, les retraités et les personnes ayant connu au moins trois périodes de chômage dans les dix dernières années se montrent assez négatifs sur ce sujet.

Les opinions concernant les conditions d'indemnisation du chômage évoluent de façon contrastée

Près d'un quart des Français pensent, à tort, que "tous les chômeurs reçoivent des allocations de chômage" (24 %, +5 points par rapport à 1999). Les chômeurs et les personnes qui ont connu au moins une période de chômage lors des dix dernières années sont mieux informés sur ce point que l'ensemble de la population.

Comme les années précédentes plus d'un tiers des Français sous-évaluent la part des chômeurs non indemnisés : 39 % pensent qu'elle représente "moins de 20 % des demandeurs d'emploi" (+ 4 points par rapport à 1999), 36 % l'évaluant entre 20 % et 50 %. Par ailleurs, 20 % n'apportent pas de réponse à cette question, attestant ainsi d'une méconnaissance du public dans ce domaine.

Dans l'hypothèse d'une amélioration de l'indemnisation du chômage, les Français considèrent qu'il faudrait en priorité privilégier l'indemnisation de ceux qui n'ont pas assez cotisé (45 %), avant l'allongement de la durée de versement des indemnités (27 %) et l'augmentation du montant des allocations (20 %). Les chômeurs sont légèrement plus favorables que l'ensemble à l'indemnisation des personnes n'ayant pas assez cotisé (49 %) et à l'augmentation du montant des allocations (25 %), au dé- triment de l'allongement de la durée de versement des indemnités (22 %).

Pour plus de huit Français sur dix (85 %, +5 points par rapport à 1999), il est normal qu'un chômeur indemnisé puisse exercer une activité réduite tout en recevant parallèlement une partie de son allocation correspondant au temps non travaillé. Ce point fait l'objet d'un accord de plus en plus large depuis 1995 (+13 points). Les Français sont presque unanimes à estimer qu'un chômeur indemnisé doit pouvoir conserver son allocation pour se former (91 %, -4 points). Il reste que le droit à l'allocation est aux yeux des personnes interrogées très largement conditionné par la justification d'une recherche d'emploi (94 %, sans changement depuis 1995).

Enfin les réponses relatives au mode de calcul des indemnités de chômage restent à peu près stables par rapport à 1999. Après le net recul constaté l'an dernier, l'idée d'une modulation en fonction des ressources globales du foyer augmente quelque peu (71 %, +3 points), au détriment d'un calcul fondé sur le nombre d'années d'activité (64 %, -4 points) ou sur le montant du salaire (51 %) qui perd encore 4 points après la forte baisse de 1998.

L'allégement des charges sociales demeure pour les Français la mesure la plus efficace pour lutter contre le chômage

Les allégements généraux des charges sociales des employeurs ciblés sur les bas salaires continuent de constituer, aux yeux des Français, la mesure la plus efficace pour réduire le chômage (25 %). Les artisans, commerçants et chefs d'entreprise se montrent les plus convaincus (43 %).

L'intérêt porté à ce dispositif enregistre toutefois un recul important par rapport à 1999 (-7 points). Les aides en matière de formation (22 %) et le développement des préretraites (10 %) recueillent des opinions positives stables. C'est en fait le bon score obtenu par un item nouvellement proposé, l'octroi "d'aides aux chômeurs pour qu'ils créent leur propre entreprise" (8 %) qui explique en grande partie le recul des opinions favorables sur les allégements de charges.

L'allégement des charges sociales pour les bas salaires doit rester conditionné, pour les Français, à la création par les employeurs d'emplois supplémentaires (38 %) ou à l'embauche de chômeurs en grande difficulté (22 %). Les personnes qui ont connu au moins trois périodes de chômage sont les plus exigeantes sur ce point (29 %). La transformation des contrats à durée déterminée en contrats à durée indéterminée (19 %), le développement de la formation (11 %) et l'augmentation des salaires (4 %) sont des options jugées plus secondaires. Enfin, seules 5 % des personnes interrogées estiment qu'aucune contrepartie ne doit être demandée aux entreprises.

L'efficacité des mesures d'exonération de charges sociales accordées aux entreprises pour embaucher les personnes rencontrant des difficultés importantes sur le marché du travail est légèrement mieux appréciée par les Français (41 %, +2 points par rapport à 1999). Les moins de 25 ans, les cadres supé- rieurs et les "primo-demandeurs d'emploi" jugent cette mesure très positive. A l'opposé, les personnes âgées de 35 à 64 ans et les artisans, commerçants et chefs d'entreprise sont les plus critiques.Pour plus de la moitié des personnes interrogées (53 %), les entreprises auraient de toute façon embauché. On retrouve là encore en majorité les artisans, commerçants et chefs d'entreprise, les cadres supérieurs et les professions intermédiaires. A l'inverse, plus d'un tiers considèrent que, sans les aides, les demandeurs d'emploi concernés n'auraient pas retrouvé un emploi.

Les autres mesures de réduction du chômage obtiennent des résultats comparables à ceux de 1999. Les aides en matière de formation, qui avaient enregistré en 1999 une hausse de 7 points (en passant de 14 à 21 %), voient leur popularité confirmée en 2000 : 22 % des personnes interrogées pensent que ce type d'aides est efficace pour réduire le chômage. Comme l'an dernier, c'est le cas en particulier des " primo-demandeurs d'emploi " (35 %). Cette catégorie se montre également plus favorable aux mesures d'aide à la création d'entreprise accordée aux chômeurs (14 %, contre 8 % pour l'ensemble). Enfin dans l'ensemble, les avis sur l'efficacité de la réduction générale de la durée de travail des salariés à temps complet reste stable (8 %).

L'appréciation portée sur l'efficacité des mesures prises par les pouvoirs publics pour favoriser la réinsertion des personnes en difficulté reste majoritairement négative. Toutefois, la proportion des personnes jugeant ces moyens très et assez efficaces passe de 19 % à 35 % entre 1997 et 2000.

Les personnes isolées en charge de famille, les jeunes et les chômeurs de longue durée constituent, pour une majorité des Français, les catégories de personnes à aider en priorité.

La perception du programme "nouveaux services - emplois jeunes" demeure largement positive

Les mesures de politique d'emploi affichent des taux de notoriété très élevés. 99 % des Français ont ainsi entendu parler de la réduction du temps de travail, 95 % du programme "nouveaux services - emplois jeunes", 91 %de l'apprentissage, 90 % des contrats emploi-solidarité (CES) et 84 % des contrats de qualification. Le contrat initiative emploi (CIE), avec 62 % de notoriété, recueille le score le plus modeste.

Le programme "nouveaux services - emplois jeunes" bénéficie d'une bonne image, confirmant en grande partie les tendances enregistrées en 1999. Près des trois quarts des personnes interrogées sont d'accord pour considérer qu'il "offre aux jeunes un tremplin pour débuter leur vie professionnelle", 63 % pensant qu'il "fait reculer le chômage des jeunes" (+8 points par rapport à 1999). Les moins de 35 ans sont particulièrement convaincus de ces deux aspects.

Les Français considèrent que ces emplois contribuent également à améliorer un certain nombre d'aspects de la vie sociale. Plus des deux tiers estiment ainsi qu'ils "améliorent le fonctionnement de certaines administrations ou de certaines entreprises publiques, qu'ils répondent à des besoins sociaux non satisfaits ou insuffisamment satisfaits" ou qu'ils "créent dé nouvelles activités, de nouveaux services". En revanche, 83 % jugent qu'ils n'offrent pas de situation durable aux jeunes concernés.

La majorité des Français doute de l'efficacité de la réduction du temps de travail en matière de création d'emplois

Six Français sur dix estiment en effet que l'abaissement à 35 heures de la durée légale de travail est peu (30%) ou pas du tout (29%) efficace pour créer des emplois. Un peu plus d'un tiers des Français (35 %) sont en revanche d'avis contraire, plutôt les salariés du secteur public (47%) que du privé (35%). Les cadres (46 %), les chômeurs actuels (45 %) ou passés (40 %) sont plus nombreux que l'ensemble à considérer qu'il s'agit d'une mesure efficace. Enfin, les personnes ayant déjà bénéficié du dispositif au sein de leur entreprise jugent plus positivement que l'ensemble l'impact de la mesure en matière de création d'emploi (43 %).

L'efficacité de cette mesure et la création effective d'emplois sont souvent conditionnées, pour les personnes interrogées, par l'octroi d'exonérations de charges sociales (37 %).

Cette réponse (4) est en progression notable par rapport à 1999 (+6 points). Les artisans, commerçants et chefs d'entreprise (56 %) ou les personnes à leur compte (49 %) sont les plus nombreux à réclamer cet allégement.

La réorganisation du travail (32;%) et le fait d'obliger les entreprises à embaucher (23 %) complètent le haut de la hiérarchie des mesures d'accompagnement souhaitées. Les cadres (42 %) et les professions intermédiaires (38 %) se montrent très demandeurs de réorganisation du travail. Les personnes dont l'entreprise est actuellement en cours de négociation font également état d'un fort niveau d'attente sur ce point (43 %). Enfin le souhait qu'il y ait une obligation d'embauche émane plutôt des employés, des ouvriers, des personnes actuellement au chômage et des, personnes dont le revenu annuel est inférieur à 72 000 francs.

Les Français estiment que la réduction du temps de travail à 35 heures (5) doit, avant tout, favoriser l'embauche de jeunes ayant des difficultés sur le marché du travail (34 %), le passage en contrat à durée indéterminée des salariés déjà dans l'entreprise mais sous statut précaire (23 %) et l'embauche de chômeurs de longue durée (22 %). Les salariés du secteur public ou du privé (29 %) se montrent particulièrement sensibles à l'amélioration du statut des salariés précaires. Cette idée est notamment partagée par les salariés appartenant à des entreprises qui ont déjà signé un accord de réduction collective de la durée du travail (35 %) ou qui sont en cours de négociation (27 %).

L'application effective des 35 heures s'est faite sans baisse de salaire pour la majorité des salariés

Le processus de réduction du temps de travail concerne aujourd'hui plus d'un salarié sur trois (37%) ; 21 % des salariés déclarent qu'un accord de réduction de la durée collective du travail à 35 heures ou moins a été signé dans leur entreprise et 16 % déclarent qu'une négociation est en cours à la date de l'enquête.

Les salariés du secteur privé (40 %) sont plus concernés par ces accords que ceux du public (31 %), avec notamment 54 % des salariés des secteurs de l'industrie, 60 % de ceux des transports et télécommunications. Enfin les salariés des entreprises de plus de 200 salariés sont 31 % à déclarer qu'il y a déjà eu accord sur la réduction du temps de travail, 23 % que les négociations sont en cours. Au total, il apparaît que 54 % des salariés des entreprises de plus de 200 salariés (6) sont aujourd'hui directement concernés par un processus de réduction du temps de travail.

Plus de la moitié (57 %) des salariés qui ont connu dans leur entreprise une réduction du temps de travail à 35 heures déclarent ne pas avoir eu, à la date de l'enquête, de conséquence sur leur salaire. Le passage aux 35 heures s'est traduit pour 6 % des salariés par une augmentation plus faible du salaire, pour 25 % par son gel. Seuls 8 % ont enregistré une baisse de leur rémunération.

La réduction du temps de travail s'est traduite par l'octroi de congés supplémentaires pour 28 % des salariés concernés. La réduction des horaires quotidiens (24 %) et l'octroi d'une demi-journée de repos par semaine ou d'une journée par quinzaine (22 %) se situent sensiblement au même niveau. Le compte-épargne-temps, avec 12 %, constitue l'aménagement le moins utilisé.

La réduction de leur temps de travail a permis à ces salariés de consacrer plus de temps à leur vie de famille, à leurs loisirs, au repos. L'engagement dans la vie associative ou dans la vie politique bénéficie peu de cette nouvelle répartition. Enfin seuls 7 % des salariés passés aux 35 heures ont entamé une formation complémentaire

Un tiers des salariés dont les entreprises n'ont pas signé d'accord ou pour lesquels le processus est actuellement en cours de négociation (31 %) déclarent accepter le principe d'une diminution de salaire. Une forte majorité (60 %) y est en revanche opposée. Les personnes disposant d'un revenu annuel supérieur à 180 000 francs sont évidemment plus favorables que l'ensemble à ce principe (40 %). Les principales conditions émises par les salariés qui accepteraient une diminution de salaire portent sur la création d'emplois (39 %), l'organisation du travail (24 %) et le caractère limité de ces baisses (14 %). Enfin, parmi les personnes qui refusent le principe d'une diminution du salaire, plus d'un tiers déclarent accepter une modération salariale pendant au moins un an.

Les salariés n'ayant pas encore bénéficié d'accord sur la réduction du temps de travail opteraient le plus souvent, pour le gain d'une demi-journée par semaine ou d'une journée par quinzaine (37 %). Un quart souhaiterait disposer de congés supplémentaires et 15 % d'un compte-épargne-temps. Seuls 11 % préféreraient travailler moins chaque jour.

Pour les salariés dont les entreprises n'ont pas signé d'accord, l'apport de la réduction du temps de travail est d'abord perçu comme un gain de temps personnel pour les loisirs (81 %), la vie familiale (79 %) et le repos (71 %). L'engagement dans la vie associative (39 %), et surtout l'activité politique (7 %) sont en revanche moins prisés. Enfin la participation à une formation professionnelle complémentaire (38 %) et le démarrage d'une seconde activité professionnelle (14 %) sont également moins souvent cités.

La comparaison avec les dispositions effectivement prises par les salariés ayant déjà bénéficié d'une réduction de leur durée de travail permet toutefois de relativiser ces anticipations. Si le gain en matière de temps de loisirs, familial ou de repos est relativement peu surévalué, la participation à des associations ou, sur un tout autre plan, à une formation professionnelle complémentaire ne semble pas, pour l'instant, être effectivement mise en oeuvre. Quant à la pratique d'une seconde activité professionnelle, moins de 1 % des salariés bénéficiant d'un accord de réduction du temps de travail y ont aujourd'hui recours.

Les salariés, dont l'entreprise n'a pas encore signé d'accord de réduction du temps de travail à 35 heures, accepteraient majoritairement, en contrepartie, une modulation de leurs horaires de travail qui se traduirait par des semaines courtes et des semaines longues (61 %), ou un système d'horaires décalés (54 %). Ils sont plus partagés en ce qui concerne le fait de travailler le samedi (46 %). En revanche, ils se montrent nettement opposés au travail de nuit (29 %) et au travail du dimanche ou des jours fériés (26 %). Dans pratiquement tous les domaines, les salariés du secteur privé démontrent une plus grande souplesse que ceux du public. On constate par ailleurs que les salariés dont l'entreprise est actuellement en cours de négociation sont moins favorables à ces aménagements que ceux dont l'entreprise n'a pour l'heure effectué aucune démarche en ce sens. Les ouvriers se montrent massivement opposés au travail du dimanche (73 %) ou du samedi (53 %).

Une majorité des actifs accepteraient de prendre sur le temps dégagé pour participer à une formation

Une majorité d'actifs déclarent accepter de prendre sur le temps dégagé par la réduction du temps de travail pour participer à une formation (38 % l'accepteraient sans condition, 20 % avec conditions). Cette proportion est toutefois en net recul par rapport à 1999 (-10 points). Les moins de 35 ans, les cadres supérieurs, les employés, les personnes ayant un niveau d'études supérieur, les salariés du public et les chômeurs sont les plus favorables à cette proposition. A l'inverse, les personnes âgées de 50 à 64 ans, les ouvriers, les personnes ayant un faible niveau d'études et les personnes pour lesquelles un processus de. réduction du temps de travail est actuellement en cours de négociation y sont très réticents.

Les salariés dans leur ensemble, qu'ils appartiennent à des entreprises ayant signé ou non un accord, se montrent majoritairement prêts (57 %) à accepter de prendre sur leur temps libre pour participer à une formation mise en place par l'entreprise. Les salariés du public y sont plus enclins que ceux du privé (61 %, contre 55 %). Les salariés qui acceptent cette possibilité sous conditions (20 %) soumettent cet engagement au fait que cette formation puisse les faire accéder à un niveau supérieur dans l'entreprise (14 %), qu'elle soit indemnisée (13 %) ou qu'elle soit très performante (11 %).

Le principe du financement partiel de cette formation par le salarié lui-même est en revanche massivement rejeté. Seul un actif sur cinq (9 % sans condition et 11 % à certaines conditions) accepterait ce mode de financement. Là encore, la comparaison avec les résultats enregistrés sur cette même question en 1999 atteste d'une dégradation de l'opinion (-10 points). Le constat est identique chez les salariés : seuls 18 % acceptent le principe d'un financement partiel par le salarié. On ne constate pas ici de différence entre les salariés du public et ceux du privé. De même, le fait de bénéficier d'un accord sur les 35 heures n'exerce pas d'influence notable sur cette opinion.

 

     Finalement, près de quatre Français sur dix estiment que le bilan de la réduction du temps de travail à 35 heures est positif, 47 % l'estimant au contraire négatif. Toutefois, deux tiers des personnes ayant déjà bénéficié, au sein de leur entreprise, d'une réduction de la durée collective du travail à 35 heures (63 %) estiment le bilan positif. Les moins de 35 ans (46 %), les cadres supérieurs (48 %), les professions intermédiaires (46 %) et les employés (43 %) jugent plus positivement que l'ensemble, le bilan du passage aux 35 heures. Ces mêmes bénéficiaires sont parallèlement les plus nombreux à considérer que la réduction du temps de travail doit constituer une priorité (52 %, contre 40 % pour l'ensemble des Français). Les Français sont donc aujourd'hui d'autant plus favorables à la réduction du temps de travail qu'ils en ont déjà bénéficier.

 

(*) Direction de l'Animation de la Recherche, des Etudes Statistiques - Ministère de l'emploi et de la solidarité

(1) - Revenu annuel net supérieur à 180 000francs.
(2) - La question posée était la suivante : parmi les sujets suivants, quels sont les deux qui vous préoccupent le plus ? en premier, en deuxième.
(3) - Pour plus de précisions sur ce point, vous pouvez consulter l'article du Monde Le chômage des jeunes amorce une décrue générale en Europe 
(4) - Il s'agit de la première réponse sur trois réponses possibles.
(5) - Ceci concerne la première réponse sur deux à la question posée.
(6) -Échantillon très faible.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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