Pays Basque Espagnol : pour la première fois, une défaite des nationalistes est envisageable

A quelques jours des élections régionales au Pays basque espagnol, l'Espagne toute entière semble paralysée dans l'attente des résultats d'un scrutin qui s'annonce particulièrement serré. Pour la première fois depuis la fin du régime franquiste, la suprématie du Parti nationaliste basque (PNV, modéré) est contestée. Même si les derniers sondages annoncent une nouvelle victoire du PNV, celui-ci ne sera sans doute pas en mesure d'obtenir les 38 députés nécessaires afin de reconduire son candidat, Juan José Ibarretxe, au poste de lehendakari (chef de gouvernement). En revanche, l'hypothèse d'un gouvernement inédit du Parti populaire de José María Aznar avec le soutien des socialistes du PSOE n'est pas à exclure. Tout cela dans le cadre d'une campagne électorale marquée par de forts affrontements entre "nationalistes" et "constitutionalistes" et la reprise des attentats de l'organisation indépendantiste ETA.

Le 13 mai, 1,8 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour élire les 75 députés du parlement autonome basque qui désigneront à leur tour le nouveau chef du gouvernement du Pays basque espagnol. Ce renouvellement de l'assemblée a lieu après la dissolution anticipée annoncée par le gouvernement régional, dirigé jusque- là par les nationalistes modérés du PNV. En septembre 1998, la trêve "illimitée" annoncée par l'organisation séparatiste ETA avait permis au PNV, minoritaire, de gouverner avec le soutien d'Euskal Herritarrok (EH), "vitrine politique" de l'ETA. Cependant, la reprise des attentats en novembre 1999 obligea le PNV à rompre avec cet allié politique, devenu trop encombrant. Après un an de gouvernement minoritaire, la situation d'impasse politique força le PNV à convoquer des élections anticipées.

Dans ce contexte, la campagne électorale s'est déroulée dans un climat extrêmement tendu et les attaques de part et d'autre ont été particulièrement virulentes. Accusé de "nationalisme fasciste" et de "convergence avec le terrorisme", le PNV a riposté en appelant les électeurs à éviter le débarquement des "franquistes" du Parti populaire (PP) de José María Aznar.Le climat de polarisation extrême et surtout, le fait que, pour la première fois, une victoire des partis "non-nationalistes" (PP et socialistes) est envisageable, témoignent de l'enjeu du scrutin. Ainsi, les analystes annoncent un taux de participation record, qui pourrait même dépasser de quelques points la forte mobilisation des dernières élections autonomes de 1998 (70%).

Cette tendance est d'ores et déjà confirmée par une forte augmentation du vote par correspondance : à ce jour l'Office Centrale de la Poste Basque a déjà reçu 45.000 suffrages contre 15.000 en 1998.

Les dernières enquêtes d'opinion réalisées juste avant la date buttoir d'interdiction de publication de sondages s'accordent sur le fait que le PNV, allié à EA, une petite formation nationaliste modérée, arriverait en tête. Selon la dernière enquête Ipsos-Eco Consulting réalisée les 2 et 3 mai 2001, la coalition PNV-EA est crédité de 35% des suffrages, contre 24% pour le PP et 19% pour les socialistes du PSE. Enfin, les nationalistes radicaux de EH enregistreraient un net recul (-3 points) et ne rassembleraient que 15% des voix.Selon la projection en siège réalisée par Ipsos, la liste PNV-EA n'obtiendrait qu'entre 25 et 28 députés, soit loin de la majorité requise pour reconduire son candidat, Juan José Ibarretxe, au poste de chef du gouvernement basque (38 sièges). Or, pour avoir pactisé avec les radicaux de EH, le PNV est désormais très isolé : il trouverait donc difficilement des alliés lui permettant de conserver le pouvoir. En revanche, le Parti populaire, mené par l'ancien ministre de l'intérieur Jaime Mayor Oreja, obtiendrait entre 20 et 22 sièges et le Parti socialiste entre 14 et 15. Ces deux partis "non-nationalistes" totaliseraient donc entre 34 et 37 députés et seraient ainsi très prêts de la majorité absolue. Les deux partis ont déjà annoncé qu'ils pourraient signer un accord à fin de mettre un point final aux gouvernements du PNV…

A quelques jours du scrutin, il convient toutefois de rester très prudent. Les résultats d'enquêtes d'opinion réalisées au Pays basque sont en effet à prendre avec précaution, tant le climat de tension extrême qui règne incite une large frange de la population à ne pas révéler ses choix politiques. Surtout, les conséquences sur le plan électoral du nouvel attentat commis par l'ETA le 6 mai, cette fois-ci contre le président du PP de la région d'Aragon, ne sont pas mesurées par notre enquête, réalisée avant le meurtre. On peut toutefois parier sur un report, même léger, de voix des indépendantistes "durs" vers les plus modérés. Verdict dimanche soir.


Fiche technique :

Sondage effectué pour : ABC par Ipsos-Eco Consulting
Date du terrain : Les 2 et 3 mai 2001
Echantillon : 900 personnes interrogées, 300 personnes par province.
Echantillon représentatif de la population basque, âgés de 18 ans et plus
Etude réalisée par téléphone.
Méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de famille catégorie d'agglomération et région.

Auteur(s)

  • Brice Teinturier, Directeur Général Délégué France, Ipsos
    Brice Teinturier
    Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)

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