Popularité : beau fixe pour la classe politique
Les Français avaient peut-être encore à l'esprit le titre de champion d'Europe conquis de haute lutte par l'équipe de France de football, ou la fête de la veille lorsque, le 15 juillet, ils ont donné leur avis sur l'action des leaders politiques : 90% des personnalités testées dans cette nouvelle vague du baromètre Ipsos/Le Point progressent en terme de popularité. Passant de 55 à 63% d'opinions favorables, Jack Lang enregistre la plus forte progression (+8), et se hisse à la deuxième place du palmarès des leaders politiques, derrière le consensuel Bernard Kouchner (68% d'opinions favorables, +6). Avec 62% d'opinions favorables (+7), Elisabeth Guigou complète le podium.
Une fois de plus, la gauche plurielle truste les premières places du palmarès. La première personnalité de droite n'apparaît qu'en septième position, en la personne de Philippe Séguin (47% d'avis favorables, +4). Avec Edouard Balladur (9ième place, 44% d'avis favorables, +2), ce sont les deux seuls leaders de droite à s'immiscer dans le "top 10" du palmarès. En fait, les personnalités de gauche bénéficient de l'indulgence des Français se déclarant proches de la droite, l'inverse étant moins vrai. Alain Juppé par exemple, en quatrième position du classement établi par les proches de la droite, n'arrive qu'en 17ième place pour les sympathisants de la gauche plurielle. En revanche, Elisabeth Guigou, quatrième selon les sympathisants de gauche, est également bien placée chez les proches de la droite (5ième). En France, la gauche peut s'appuyer sur la bienveillance d'un spectre assez large de Français, alors que les personnalités de droite comptent avant tout sur le soutien de leur propre camp. Le stratégique "centre" est aujourd'hui en France nettement occupé par la gauche plurielle. Il n'est alors pas étonnant de constater que le Parti Socialiste et Les Verts sont les partis politiques les mieux jugés par les Français (58% d'opinions favorables), devant le RPR (48%).
Jacques Chirac incarne l'exception à cette règle. L'allocution télévisée du 14 juillet a certainement été bien perçue par les Français, puisque la cote du président de la République progresse de cinq points (67% de jugements favorables). La popularité du chef de l'Etat augmente quelle que soit la proximité politique des interviewés, proches de la gauche plurielle ou de la droite. Certes, il obtient son meilleur score auprès des proches du RPR (94% d'avis favorables), mais son action convainc également près de 60% des sympathisants de gauche.
Tout comme pour le président de la République, l'action du Premier ministre est jugée favorablement par les deux-tiers des Français (66%, +4). Les deux têtes de l'exécutif atteignent là leur plus haut niveau de popularité depuis mai 1999. Jacques Chirac bénéficie tout particulièrement du soutien des artisans/commerçants/chefs d'entreprise (81% de jugements favorables) ou des retraités (70%), tandis que le Premier ministre obtient ses meilleurs scores chez les professions intermédiaires (74%) et les cadres supérieurs (72%). Les tranches les plus aisées de la population (revenu annuel supérieur à 300 000 F) soutiennent aujourd'hui davantage Lionel Jospin (82% d'opinions favorables) que Jacques Chirac (71%). A l'inverse, mais c'est plus habituel, dans les tranches les plus défavorisés (revenu annuel inférieur à 108 000 F) le chef de l'Etat est légèrement plus populaire (67%) que le Premier ministre (63%).
En tout état de cause, ces taux exceptionnels témoignent de la satisfaction de l'opinion vis-à-vis de la cohabitation ; incontestablement, les Français jugent chaque protagoniste parfaitement à sa place sur l'échiquier politique.