Popularité: beau fixe pour l'exécutif
La dernière enquête Ipsos-le Point confirme le haut niveau de popularité de Jacques Chirac et de Lionel Jospin. A gauche, on note la progression d'Elisabeth Guigou. A droite, Alain Juppé recule à nouveau dans l'opinion.
Cet automne est ensoleillé pour le couple de l'exécutif. Sa cote de popularité, mesurée par le baromètre Ipsos-le Point, est au beau fixe en octobre. Jacques Chirac et Lionel Jospin continuent à planer à d'enviables indices de satisfaction des Français.
La cote du président de la République demeure stabilisée à un haut niveau. Près des deux-tiers des sondés jugent favorablement son action. Celle-ci est appréciée dans tout le spectre politique, sauf chez les sympathisants communistes et surtout à l'extrême-droite. L'image consensuelle du deuxième président de cohabitation lui vaut d'être pratiquement aussi bien considéré chez les électeurs socialistes que dans l'ensemble de la population.
L'indice de popularité du Premier ministre ne bouge que d'un point. Avec 61% d'opinions favorables, Jospin ne se situe que deux points derrière le chef de l'Etat. Un résultat tout à fait appréciable pour quelqu'un qui gouverne le pays par rapport à celui qui préside la nation. En ces temps où la "majorité plurielle" est un peu secouée, le chef du gouvernement aura la satisfaction de constater que sa popularité se renforce à gauche : plus vingt points chez les sympathisants du PCF, plus trois chez ceux du PS et plus trois également du côté des Verts. Le soutien massif de l'électorat majoritaire n'empêche cependant pas Jospin de s'attirer les grâces d'une majorité des personnes proches de l'opposition UDF-RPR. Seuls les "souverainistes" du RPF ainsi que ce qui reste de sympathisants de l'extrême-droite campent dans l'hostilité à son endroit.
Les derniers chiffres du "hit-parade" des leaders politiques révèlent un phénomène qui ne manquera pas de faire jaser le microcosme socialiste. Avec 55% de jugements favorables (+2), Elisabeth Guigou double Martine Aubry (respectivement 52% et -2). En solde de popularité, l'avantage du garde des sceaux sur la ministre de l'Emploi est même écrasant : +30 contre +16.
A gauche, on remarque aussi que Jean-Pierre Chevènement franchit la barre de la majorité absolue de sondés bien disposés à son égard, notamment grâce à une amélioration de son image à gauche. Le vent d'automne est plus frais pour Robert Hue. Le numéro un du PCF, instigateur de la manifestation du 16 octobre "pour l'emploi", perd trois points d'opinions favorables et même six dans l'électorat de gauche.
A droite, c'est Alain Juppé qui semble faire les frais de ses positions publiques. Son nouveau discours sur l'immigration a déplu à une fraction notable de l'électorat de droite. Il y perd sept points de popularité. A l'opposé, progressent dans ce secteur de l'opinion Charles Pasqua (+7), Edouard Balladur (+5), Alain Madelin (+9) et Philippe Séguin (+4), cités dans l'ordre décroissant d'adhésion.
Signalons enfin qu'il n'est plus nécessaire d'occuper une position "centriste" sur l'échiquier politique pour être populaire. Bernard Kouchner occupe certes toujours la première place du palmarès des personnalités politiques, un rôle qui fut longtemps tenu par Simone Veil. Mais il est significatif que deux personnalités bien calées sur les ailes de l'éventail idéologique disposent d'un solde de popularité positif. A l'extrême-gauche, Arlette Laguiller est approuvée par 45% des sondés, seulement 43% se déclarant défavorables à l'action de la dirigeante trotskiste. A droite, le dissident du RPR Charles Pasqua dispose lui aussi d'un sérieux "matelas" de confiance (45% d'opinions positives contre 42% de négatives). Comme si les Français, qui ne sont pas à une ambivalence près, goûtaient autant l'oecuménisme de la cohabitation que l'affirmation de personnalités tranchées.