Popularité en hausse pour la classe politique
La dernière vague du baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point témoigne d'un regain de popularité pour la plupart des leaders politiques, et plus particulièrement pour les personnalités de droite impliquées dans la joute présidentielle. Testé pour la première fois, Jean-Pierre Raffarin obtient une majorité de jugements favorables.
Les Français ont accueilli avec une certaine bienveillance l'arrivée de Jean-Pierre Raffarin à la tête du gouvernement. Le nouveau Premier ministre bénéficie de 50% de bonnes opinions, contre seulement 12% de mauvaises, pour un solde de popularité (*) largement positif, à + 38. Soutenu par les deux tiers des proches de la droite parlementaire, les jugements favorables l'emportent aussi assez largement chez les sympathisants de gauche (41% de jugements favorables contre 17% de défavorables). Parallèlement, Raffarin obtient une majorité de bonnes opinions dans toutes les catégories socioprofessionnelles, d'âge et de revenu. Son image est aujourd'hui moins clivée que celle de Lionel Jospin à son arrivée à Matignon, après la dissolution de juin 1997. Si pour les deux hommes, la popularité mesurée chez les sympathisants de leur propre camp est équivalente, Jospin était plus sévèrement jugé par les proches de la droite que ne l'est aujourd'hui Raffarin à gauche. Les taux de non-réponses enregistrés aujourd'hui pour Raffarin (38%) sont pourtant équivalents à ceux relevés en 1997 pour Jospin (35%).
Nicolas Sarkozy bénéficie lui aussi d'une sorte "d'état de grâce" consécutif à sa nomination à la tête du ministère de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales. Grâce à une progression de vingt points en un mois, les jugements favorables dépassent pour la première fois les mauvaises opinions (49 contre 43%). La popularité du numéro deux du gouvernement reste pourtant très clivée selon la proximité partisane des répondants. Si Nicolas Sarkozy a gagné vingt-quatre points de jugements favorables à droite (de 54 à 78%), qui lui valent au passage de devenir la personnalité politique la plus populaire dans cet électorat, il recueille encore 63% d'avis défavorables chez les sympathisants de gauche.
Egalement portée par cette vague de popularité dont bénéficient les personnalités de droite, Michèle Alliot-Marie gagne onze points pour atteindre 39% de bonnes opinions, contre 38% de mauvaises. Sa progression est encore plus nette chez les sympathisants de droite où elle atteint 60% de jugements favorables, +13 points. Si elle plaît davantage aux plus âgés, la nouvelle Ministre de la Défense reste toutefois majoritairement impopulaire chez les plus jeunes. Au niveau des catégories socioprofessionnelles, les cadres supérieurs et les professions intermédiaires restent majoritairement défiants.
Par ailleurs, beaucoup de non-réponses pour les autres nouveaux ministres faisant leur entrée dans le baromètre : pour Jean-Louis Borloo, Roseline Bachelot et François Fillon, les jugements favorables (environ 30% chacun) l'emportent sur les mauvaises opinions. Mais pour ces trois ministres, les taux de non-réponses avoisinent les 50% (de 55% pour Borloo à 41% pour Bachelot, la plus connue et aussi la plus controversée).
La victoire de la droite à la présidentielle ne profite pas seulement aux membres du nouveau gouvernement. En particulier, François Bayrou bat tous ses précédents records de popularité. Il obtient, pour la première fois depuis le début de notre baromètre, il y a six ans, une majorité absolue de jugements favorables auprès de l'ensemble des Français. Son solde de popularité, à +22, constitue également un record pour le leader centriste. Les bonnes opinions sont majoritaires dans toutes les catégories d'âges, de revenus, socioprofessionnelles (deux tiers de jugements favorables chez les cadres et les professions intermédiaires). Bayrou recueille une majorité d'avis favorables chez les sympathisants socialistes, et sur l'ensemble des proches de la gauche (EG-PC-PS), pour la première fois également. Il fait aujourd'hui quasiment l'unanimité dans son propre camp (90% de bonnes opinions chez les sympathisants UDF), ce qui était loin d'être le cas il y a encore trois mois (39% d'avis favorables en février).
De toutes les personnalités de droite, c'est finalement Jacques Chirac qui profite le moins de sa propre victoire. Les jugements favorables égalent aujourd'hui les mauvaises opinions (48%) sur l'ensemble des personnes interrogées, soit des résultats sensiblement équivalents à ceux enregistrés le mois dernier. Comme pendant la campagne, les opinions défavorables l'emportent dans toutes les classes d'âge jusqu'à 60 ans ; au-delà, sa popularité progresse. Si le chef de l'Etat est moins impopulaire que pendant la campagne présidentielle chez les sympathisants de gauche, sa cote se tasse quelque peu à droite. Cela étant, les trois quarts des proches de la droite parlementaire conservent un jugement favorable sur "l'action de Jacques Chirac en tant que président de la République". L'image du président s'améliore dans toutes les catégories socioprofessionnelles, à l'exception des ouvriers. Elle progresse dans les tranches de revenus supérieurs mais se détériore dans les plus modestes.
A gauche enfin, deux nouvelles personnalités faisaient également leur entrée dans ce baromètre. Fort de 48% de bonnes opinions, contre 31% de mauvaises, Bertrand Delanoë se classe directement sixième du palmarès. Il devance ainsi, de très peu, Martine Aubry chez les sympathisants de gauche (72 contre 71% de jugements favorables). C'est toutefois François Hollande qui enregistre la meilleure progression dans cet électorat, passant de 58 à 73% d'avis favorables. Olivier Besancenot, l'autre nouvelle personnalité de gauche, obtient quant à lui 36% de bonnes opinions sur l'ensemble des Français, et 44% si l'on ne retient que l'avis des sympathisants de gauche. Une popularité somme toute assez forte pour un leader d'extrême gauche, qui confirme en tout cas le bon score obtenu à la présidentielle par le candidat de la Ligue Communiste Révolutionnaire. Jean-Pierre Chevènement (de 49 à 39% de jugements favorables, -10) et Arlette Laguiller (de 45 à 37%, -8) enregistrent quant à eux les plus fortes baisses de popularité.
(*) différence entre jugements favorables et défavorables