Popularité, intentions de vote, potentiel électoral : Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy conservent leur avance

La vague d'août du baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point confirme la très forte popularité de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy dans leur camp respectif, qui leur assure un potentiel électoral aujourd'hui sans équivalent chez les autres présidentiables. S'ils étaient candidats en 2007, les intentions de vote pour la présidentielle présentent un rapport de force électoral particulièrement serré.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Avec 61% d'avis favorables sur l'ensemble de l'échantillon, 85% chez les sympathisants de gauche, Ségolène Royal est toujours la plus populaire des leaders socialistes. A gauche, elle dispose de 15 points d'avance sur Bernard Kouchner (mesuré à 70% de bonnes opinions), 17 points sur Jack Lang (68%), 19 points sur Bertrand Delanoë (66%), 22 points sur François Hollande (63%). Lionel Jospin (57% d'avis favorables), Dominique Strauss-Kahn (54%) ou Laurent Fabius (44%) sont encore plus loin.

Cette popularité trouve sa traduction en terme de "potentiel électoral". Aujourd'hui, 92% des sympathisants socialistes déclarent qu'ils voteront certainement ou probablement pour Ségolène Royal si elle se présente à la Présidentielle 2007, un taux largement supérieur à ceux que l'on enregistre pour les autres présidentiables : François Hollande, Jack Lang, Lionel Jospin et Bernard Kouchner sont autour des 70%, DSK est à 60%, Laurent Fabius à 52%. Toujours chez les proches du PS, Ségolène Royal bénéficie en outre d'un taux de "certains de voter pour elle" de 36%, une base électorale qu'aucun autre leader de gauche ne peut pour le moment revendiquer. Il faut se tourner vers la droite pour lui trouver un équivalent.

De façon encore plus nette, Nicolas Sarkozy apparaît également sans concurrence à droite. Presque unanimement apprécié (91% d'avis favorables chez les sympathisants de droite, contre 76% pour Jean-Louis Borloo et 74% pour Michèle Alliot-Marie), le ministre de l'Intérieur enregistre un potentiel électoral de 95% chez les sympathisants UMP, dont plus d'un sur deux (56%) "certains de voter pour lui" s'il se présentait en 2007. On n'enregistre pas un soutien aussi massif pour une éventuelle candidature de Dominique de Villepin (potentiel électoral à 69% dans l'électorat UMP, dont 7% "certains de voter pour lui"). L'hypothèse d'un troisième mandat pour Jacques Chirac semble encore plus aléatoire, avec moins de 50% de soutien dans son propre camp (49%). Ces potentiels électoraux en retrait pour les deux têtes de l'exécutifs vont de pair avec une popularité qui ne s'est pas redressée depuis la victoire du Non au référendum sur la constitution européenne. Malgré un léger mieux habituel en période estivale, Jacques Chirac et Dominique de Villepin demeurent majoritairement impopulaires, avec respectivement 55 et 58% d'opinions défavorables. On n'enregistre pas ici "d'effet coupe du monde" comme en 1998, ni de prime pour le chef de l'État par rapport à l'engagement international de la France dans le conflit au Proche Orient.

Du point de vue de l'opinion, Ségolène Royal à gauche et Nicolas Sarkozy à droite abordent la rentrée sans véritable concurrence pour représenter leur parti à l'élection présidentielle d'avril prochain. A neuf mois du scrutin, il convient toutefois de rester prudent. La campagne électorale, qui reste un formidable accélérateur de popularité ou d'impopularité, peut changer la donne. En 1995, Édouard Balladur était mesuré à 65% d'opinions favorables en janvier, pour tomber sous les 50% au moment de l'élection. Symétriquement, Jacques Chirac, largement impopulaire en fin d'année 1994 (35%), retrouvait au fil de la campagne le soutien d'une large majorité de Français (60% au moment de l'élection). Idem pour Lionel Jospin, qui confirmait alors la règle selon laquelle le candidat investit par son parti progresse presque mécaniquement en popularité : sous les 25% en moyenne sur l'année 1994, sa cote décolla à partir de son investiture : 42% en février 1995, 56% en mars, 58% au moment de l'élection. Ce phénomène laisse la porte ouverte à une candidature alternative à Ségolène Royal pour l'investiture socialiste en 2007.

Si Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy s'imposent aujourd'hui dans l'opinion comme les leaders naturels de leur camp, les intentions de vote ne permettent pas de les départager. Nicolas Sarkozy est aujourd'hui pointé à 37% d'intentions de vote premier tour, contre 28% à Ségolène Royal, à rapprocher d'une dispersion plus forte des voix à gauche, avec un nombre plus grand de candidatures potentielles testés. Leurs scores restent toutefois très faibles : 2% d'intentions de vote pour Marie-George Buffet ou Dominique Voynet, 3% pour José Bové. Par ailleurs, avec 5% d'intentions de vote pour Olivier Besancenot, 4% pour Arlette Laguiller, l'extrême gauche paraît aujourd'hui plus forte qu'en 2002. A 11%, le score de Jean-Marie Le Pen semble contenu par l'éventuelle candidature de Nicolas Sarkozy. Sous l'hypothèse alternative d'une candidature de Dominique de Villepin, le leader frontiste est en effet mesuré à 16% d'intentions de vote. On enregistre le même phénomène en ce qui concerne Philippe de Villiers, à 2% sous l'hypothèse Sarkozy, à 6% sous l'hypothèse De Villepin. Idem aussi pour François Bayrou, avec respectivement 6 et 11% d'intentions de vote.
Plus globalement, en retenant l'hypothèse des candidatures Sarkozy/Royal, le rapport de force électoral est plus favorable à la droite qu'en 2001 : l'extrême gauche est à 9% d'intentions de vote contre 6% en juin 2001(*), le total gauche parlementaire est à 35% (42% en juin 2001), le total droite parlementaire est à 45% (43% en juin 2001), l'extrême droite est à 11% (9% en juin 2001). Bien que peu significatives à l'heure actuelle, les intentions de vote second tour promettent néanmoins un duel serré. Sur cette vague, Nicolas Sarkozy devance Ségolène Royal de 2 points, par 51% contre 49% d'intentions de vote.

(*) Intentions de vote Ipsos-Le Point. 839 personnes interrogées les 8 et 9 juin 2001.


Fiche technique :

Popularité de l'exécutif
Palmarès des leaders politiques
PalmarèsPotentiel électoral présidentiel
Intention de vote présidentielle

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

Société