Popularité : Jospin double Chirac
La joute électorale nuit à la popularité des personnalités politiques testées dans le baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point. Seuls Kouchner, Lang, Laguiller, Chevènement et Buffet recueillent aujourd'hui une majorité de bonnes opinions. On notera encore que pour la première fois depuis les municipales, Lionel Jospin recueille plus de jugements favorables que Jacques Chirac.
La popularité de Jacques Chirac décline. Pour la première fois depuis la dissolution de l'Assemblée Nationale en juin 1997, les jugements défavorables sur son action en tant que président de la République l'emportent sur les bonnes opinions (43% de jugements favorables, moins cinq points en un mois, contre 49% de jugements défavorables, plus trois points). La popularité du chef de l'Etat se dégrade assez nettement chez les femmes (-10 points en terme de solde*) et chez les plus de 45 ans. Jacques Chirac ne conserve une majorité de jugements favorables qu'au sein des catégories traditionnellement les plus conservatrices – agriculteurs, artisans, commerçants et chefs d'entreprise – le solde d'opinion étant négatif partout ailleurs ( -21 chez les cadres supérieurs, -15 chez les professions intermédiaires, -13 chez les employés, -2 chez les ouvriers).
A six semaines du scrutin présidentiel, la nouvelle baisse de popularité de Jacques Chirac auprès des proches de la gauche plurielle était attendue. Plus surprenante en revanche est l'effritement du soutien des sympathisants de droite. Depuis les hauts niveau de popularité enregistrés à l'automne, après les attentats du 11 septembre, la chute est forte et régulière. En terme de solde, le chef de l'Etat a perdu en six mois 30 points de popularité auprès des sympathisants de droite, 20 points chez les proches du RPR. Même si les niveaux de soutien restent assez forts dans l'électorat conservateur (73% de jugements favorables chez les sympathisants de la droite parlementaire, 85% chez les proches du RPR), cette baisse tendancielle, dans son propre camp, est inquiétante pour un candidat en campagne.
La conjoncture est plus favorable au Premier ministre, qui, suite à une progression de deux points des jugements favorables (45%), double le chef de l'Etat en terme de popularité. Son image s'améliore notamment auprès des hommes (de –7 à 3 en terme de solde, plus dix points). Si Chirac reste plus populaire dans les foyers les plus modestes et les plus aisés, Jospin domine dans les catégories intermédiaires. Notons toutefois que les interviews ont été réalisées ce week-end, avant la polémique entre les deux têtes de l'exécutif sur le ton de la campagne électorale.
Au palmarès des autres leaders politiques, Arlette Laguiller retrouve la troisième place perdue en janvier dernier au profit de Jean-Pierre Chevènement. Elle recueille même ce mois-ci une majorité absolue de jugements favorables (50%, +3 points), une performance toujours exceptionnelle pour une personnalité d'extrême gauche.
Mais c'est surtout le mauvais score de Chevènement qui permet à la candidate de Lutte Ouvrière de remonter sur le podium. Chevènement perd onze points de bonnes opinions chez les sympathisants de droite (50%), deux points à gauche (51%), pour ne plus obtenir sur l'ensemble de l'échantillon que 47% de jugements favorables (contre 46% d'avis contraires). Laguiller et Chevènement sont toutefois les seuls des candidats à la présidentielle testés dans le baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point à conserver une majorité de bonnes opinions. Pour Chevènement, le décalage depuis son entrée en campagne entre popularité et intentions de vote se réduit. Son statut de troisième homme pour le scrutin présidentiel le met en concurrence avec Chirac et Jospin, ce qui atténue la bienveillance de l'électorat potentiel des deux têtes de l'exécutif. Parmi les autres candidats, on notera encore la progression de Jean-Marie Le Pen, qui, bien que toujours très majoritairement impopulaire, enregistre 18% de jugements favorables (+2 points). Il obtient là l'un des meilleurs scores depuis 1997. François Bayrou progresse également de quatre points (34% de bonnes opinions). Ce léger regain de popularité ne devrait cependant pas se traduire en performance électorale, tant il le doit surtout à la bienveillance des sympathisants de gauche (30% de jugements favorables, +8 points) qui ont peut-être apprécié son intervention à la convention nationale de l'Union En Mouvement, le 23 février à Toulouse…
* différence entre jugements favorables et défavorables