Popularité : la prime aux vainqueurs des municipales

C'est classique : les vainqueurs des élections bénéficient souvent après le scrutin d'une prime de popularité, on parle parfois "d'état de grâce", fruit d'un soutien qui reste fort dans leur camp et d'une relative bienveillance dans le camp adverse, comparativement à la période de campagne où les jugements sont plus tranchés. A l'inverse, les battus sont sanctionnés de jugements moins favorables dans leur camp, alors que l’autre camp les jugent toujours aussi sévèrement. Ce phénomène post-électoral se traduit dans la vague d'avril du baromètre Ipsos-Le Point par la progression des maires élus ou réélus, au premier rang desquels ressortent Bertrand Delanoë, qui bat de 5 points son record de popularité de 2005, et Martine Aubry, qui n'avait plus été si populaire depuis son départ du gouvernement Jospin.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Fort d'une large victoire à Paris, Bertrand Delanoë enregistre la meilleure progression de toutes les personnalités testées dans la vague d'avril du baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point. Il recueille à présent 70% de jugements favorables sur l'ensemble de l'échantillon, soit 12 points de plus que le mois dernier, et 5 points de plus que son précédent record (65% de bonnes opinions en juillet 2005). Il redevient ainsi le responsable politique préféré des Français, renforce sa première place chez les sympathisants socialistes (80%, +5 points), et impose le respect chez les proches de l'UMP, devançant bon nombre de personnalités de droite (61% d'avis favorables, +8).

Les jugements sur Martine Aubry sont plus clivés, avec notamment une majorité d'avis défavorables chez les sympathisants UMP (54%). Sa belle victoire à Lille lui vaut cependant un retour remarqué dans le top 5 du baromètre, à 52% de jugements favorables sur l'ensemble de l'échantillon (34% d'avis contraire). C'est à peu de chose près le symétrique de la dernière mesure réalisée pour elle, 51% de jugements défavorables contre 35% de bonnes opinions en mars 2007. Surtout, Martine Aubry se replace d'emblée sur le podium des sympathisants socialistes, où elle recueille 75% d'avis favorables, soit 6 points de mieux que Ségolène Royal, pointée à la baisse (69%, -6 points).

A droite, le scrutin municipal profite à Alain Juppé qui retrouve, ce qui ne lui est pas arrivé souvent, un solde d'opinion positif (48% de jugements favorables, +7 contre 40% d'avis contraires, -4). C'est un peu paradoxal mais le maire de Bordeaux doit sa progression à des avis plus cléments à gauche (35%, +5) et  surtout chez les centristes (75%, +25), alors que sa cote se tasse chez les proches de l'UMP (61%, -5).

Grand battu des municipales, François Bayrou voit sa cote de popularité s'éroder. Sa défaite à Pau et peut-être aussi une stratégie d'alliances des listes Modem mal perçue lui coûte 8 points de bonnes opinions (48% contre 44% d'avis défavorables), soit de loin le plus mauvais score enregistré pour lui depuis la séquence électorale du printemps 2007.  La baisse est marquée à gauche (-10 points) comme à droite (-10), pour des niveaux symétriquement opposés : si le leader du Modem reste malgré tout populaire dans l'électorat socialiste (59% d'avis favorables contre 35% d'avis contraires), il est en revanche de plus en plus contesté chez les sympathisants UMP (60% de mauvaises opinions contre 34% d'avis contraires).

Plus globalement, la victoire de la gauche aux municipales permet à François Hollande  de retrouver une popularité plus conforme à son poste de premier secrétaire, chez les sympathisants socialistes : 58% de bonnes opinions, +9 points. Il reste néanmoins impopulaire sur l'ensemble de l'échantillon (55% d'avis défavorables), en raison d'un discrédit presque total chez les sympathisants UMP (80% de mauvaises opinions). A l'inverse, la défaite "nationale" de la droite éclabousse la popularité du chef du gouvernement. Si François Fillon reste soutenu par la majorité des Français, les avis favorables ont chuté de 7 points en un mois (de 59 à 52%). La bienveillance dont il bénéficiait ces derniers temps à gauche a disparu, les jugements étant à nouveau plus sévères chez les proches des Verts (41% de bonnes opinions, -10 points contre 50% d'avis défavorables) et surtout du PS (26%, -17 points contre 67% de mauvaises opinions). Partant de beaucoup plus bas, Nicolas Sarkozy n'est pas touché par cette dynamique défavorable. Le Président de la République demeure toutefois largement impopulaire. Il reste soutenu dans son camp (78% de bonnes opinions chez les sympathisants UMP), contre des avis partagés chez les sympathisants du Modem, et clairement négatifs ailleurs.


Fiche technique :

Popularité de l'exécutif
Palmarès des leaders politiques

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

Société