Popularité : le couple exécutif peine à rebondir, Nicolas Sarkozy recule après son discours à l’UMP
La nouvelle édition du baromètre politique Ipsos / Le Point, réalisée avant l’interview télévisée du président de la République du 14 juillet, est marquée par le rétrécissement, en termes politiques, des soutiens du couple exécutif ainsi que par le recul de la popularité de Nicolas Sarkozy. Autre enseignement majeur, Martine Aubry redevient la personnalité politique préférée des sympathisants socialistes, pour la première fois depuis la victoire du PS en mai 2012.
La cote de popularité de François Hollande reste une nouvelle fois stable, à un niveau très bas, jamais atteint par ses prédécesseurs depuis la création de ce baromètre en janvier 1996. Seulement 26% des Français portent aujourd’hui un jugement favorable sur son action (inchangé par rapport au mois dernier), contre une nette majorité, 71% (+1 point), qui se déclare critique à son égard.
Le président de la République progresse néanmoins, légèrement, chez les sympathisants du PS. Il gagne deux points à 62% d’avis favorables (+4 points en deux mois) même s’il est toujours très loin de faire le plein dans son propre camp. D’ailleurs, auprès de l’ensemble des sympathisants de gauche, il perd deux points par rapport au mois dernier (52% d’opinions positives). Cette baisse est due essentiellement au fort recul mesuré chez les proches des Verts (31% seulement d’avis favorables, -15 points en un mois) qui semblent signifier leur mécontentement à la suite de l’éviction de Delphine Batho du gouvernement et se montrent pour l’instant peu sensibles aux annonces concernant la transition énergétique. Même tendance à la baisse chez les personnes se déclarant proches du MoDem : seulement 12% d’entre elles, soit le score le plus faible depuis mai 2012, portent un jugement favorable sur l’action de François Hollande (-9 points par rapport au mois dernier, -14 points en deux mois), contre 85% qui la désapprouvent : ce niveau de rejet est désormais proche de celui mesuré pour les frontistes (94% de jugements négatifs) et les sympathisants UMP (94%). Enfin, si le président reste toujours très impopulaire chez les ouvriers (18% d’opinions positives, -2 points), il gagne une nouvelle fois du terrain chez les cadres (44%, +6 points, +11 points en deux mois).
Jean-Marc Ayrault enregistre quant à lui un très léger regain de popularité. Avec 28% de bonnes opinions, il gagne 1 point par rapport à juin et cumule une hausse de 4 points en deux mois. Le Premier ministre progresse lui aussi avant tout chez les sympathisants socialistes (60% d’avis favorables, +5 points par rapport à juin, +11 points en deux mois), dans un contexte marqué par quelques signes d’autorité et de reprise de l’initiative politique : éviction de Delphine Batho, « recadrage » d’Arnaud Montebourg au sujet du gaz de schiste, annonce du plan d’investissements d’avenir… Cependant, comme pour le président de la République, on observe un rétrécissement de ses soutiens en termes politiques. Les sympathisants des Verts et du MoDem sont de moins en moins nombreux à lui accorder leur confiance (27% des écologistes et 16% des centristes, soit une baisse de, respectivement, 11 et 17 points en un mois) alors que les proches du Front de Gauche expriment déjà depuis plusieurs mois leur insatisfaction (32% d’avis favorables sur l’action de J.M. Ayrault, contre 66% de jugements défavorables).
Pour les autres membres de la majorité, la vague est plutôt orientée à la hausse, cette tendance étant là encore souvent liée à un regain de popularité auprès des sympathisants PS : Bertrand Delanoë gagne 2 points dans le classement général à 49% d’avis favorables, Jack Lang 5 points à 47%, Martine Aubry 2 points à 42%. La plupart des ministres progressent également : Laurent Fabius recueille 41% de jugements positifs (+2 points), Najat Vallaud-Belkacem 37% (+7 points), après une forte exposition médiatique (mariage pour tous, loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes, etc..), Cécile Duflot 37% (+7 pts également), Christiane Taubira 37% (+2 pts), Arnaud Montebourg 34% (+1 pt)…
Seule exception majeure, Manuel Valls voit sa cote de popularité se dégrader de 4 points en un mois, tout en restant la personnalité politique préférée des Français, avec 50% de bonnes opinions et 37% de jugements négatifs, juste devant Alain Juppé (50% d‘avis favorables, -1 pt, 40% de mauvaises opinions) et le Maire de Paris (49% de bonnes opinions). Le Ministre de l’intérieur recule notamment chez les proches du PS (68%, -5 points) et cède à Martine Aubry, très peu exposée ces derniers temps, la tête du classement établi par les sympathisants socialistes (75%, +7 points, soit son meilleur score depuis l’été dernier).
Mais c’est à droite que l’on retrouve la plus forte baisse du mois. Nicolas Sarkozy perd 6 points par rapport au mois de juin, à 40% de bonnes opinions (contre 57% de jugements négatifs, +8 points), après son annonce, devant les cadres de l’UMP, de "rompre la décision qui était la sienne de se retirer de la vie politique" comme conséquence de l’invalidation de ses comptes de campagne. Il s’agit du plus faible score mesuré pour l’ancien président depuis son départ de l’Elysée. Nicolas Sarkozy perd par ailleurs 5 points (à 82%) chez les sympathisants de l’UMP, même s’il reste leur personnalité politique préférée, devant Christine Lagarde (74%, +3 points) et Alain Juppé (74%, +3 points). Enfin, les sympathisants UMP semblent avoir peu apprécié les déclarations de François Fillon contestant le leadership de l’ancien président, déclarations qui, sans doute, leur rappellent la profonde crise vécue par le parti il y a seulement quelques mois. L’ancien Premier ministre perd ainsi 9 points (68%), et se classe désormais 4ème à droite, suivi de Nathalie Kosciusko-Morizet (62%, 5ème, stable) mais toujours loin devant le président du parti, Jean-François Copé (51%, -2 points).