Popularité record pour Jean-Marie Le Pen
A deux semaines du scrutin présidentiel, les indicateurs ne sont pas favorables à Lionel Jospin. En baisse dans les intentions de vote, le chef du gouvernement subit également une érosion de popularité. Si ce phénomène est classique à l'approche d'un scrutin, les électeurs de chaque camp soutenant davantage leur candidat et rejetant les autres, l'affaire semble plus complexe pour le Premier ministre. Majoritairement impopulaire avec 54% de jugements défavorables, soit la plus forte désapprobation depuis son arrivée au gouvernement, Lionel Jospin voit surtout sa cote se détériorer dans son propre camp. Il perd en un mois dix points de bonnes opinions chez les proches du Parti socialiste (de 78 à 68% d'avis favorables), pour une baisse de sept points auprès de l'ensemble des sympathisants de gauche (de 73 à 66% de bonnes opinions). En comparaison, Jacques Chirac mobilise mieux ses partisans : 86% de jugements favorables chez les sympathisants RPR (+1), et 80% de jugements favorables sur l'ensemble des proches de la droite parlementaire (+7 points).
La répartition socio-démographique des réponses confirme la tendance observée selon la proximité partisane. La popularité de Lionel Jospin chute dans les catégories de soutien traditionnelles de la gauche. Son solde d'opinion (différence entre jugements favorables et défavorables) est négatif chez les employés (-5, en baisse de 6 points) comme chez les ouvriers (-21, en baisse de 9 points). Aujourd'hui, le Premier ministre ne reste majoritairement populaire qu'auprès des cadres supérieurs et des professions intermédiaires, les deux seules catégories où son action est jugée plus favorablement que celle du chef de l'Etat. Par ailleurs Lionel Jospin devient majoritairement impopulaire dans toutes les catégories de revenu, avec environ 55% de jugements défavorables dans chacune des quatre tranches. En revanche, la popularité de Jacques Chirac progresse chez les plus modestes. Le chef de l'Etat gagne 7 points de jugements favorables chez les personnes dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 7500F (53% de bonnes opinions), et progresse également dans la tranche suivante, 7500-13000F, avec 51% d'avis favorables, +11 points. Sa popularité baisse en revanche dans les tranches supérieures. Par rapport aux catégories socioprofessionnelles, Jacques Chirac progresse chez les cadres supérieurs, les employés et les ouvriers. Il reste que, comme lors des précédentes vagues, ce sont les agriculteurs, les artisans commerçants et chefs d'entreprises qui jugent le plus favorablement l'action du chef de l'Etat (respectivement 59 et 53% de bonnes opinions).
Le palmarès des autres leaders politiques semble confirmer une bienveillance de l'électorat de droite pour ses leaders politiques, sans équivalent chez les proches de la gauche plurielle. Par rapport au mois dernier, toutes les personnalités de droite gagnent entre 1 et 18 points de jugements favorables chez les sympathisants de droite, tandis qu'aucune des personnalités de gauche testées ne progresse auprès des proches de la gauche plurielle. A droite, la plus forte progression est à mettre à l'actif de François Bayrou, qui recueille à présent 61% de jugements favorables chez les sympathisants de la droite parlementaire (contre 33% de mauvaises opinions). Il occupe à présent la quatrième place du palmarès établi par les proches de la droite parlementaire, derrière Edouard Balladur (66% d'avis favorables, +12 points), Alain Juppé (65%, +9), et Philippe Douste-Blazy (64%, +8).
On notera enfin la nouvelle progression de popularité de Jean-Marie Le Pen. Si les trois quarts des interviewés jugent défavorablement son action, plus d'un sur cinq (22%) lui portent au contraire un jugement favorable, soit la plus forte proportion de bonnes opinions pour le leader du Front National depuis septembre 1996. Sa progression lui permet à présent de devancer François Hollande, Robert Hue, Noël Mamère, Bruno Mégret et Daniel Cohn-Bendit au palmarès établi par les sympathisants RPR et UDF.