Pour les Européens, les Etats-Unis ne sont pas un modèle

Une enquête Ipsos-l’Express menée dans cinq pays européens indique que le Etats-Unis bénéficient d’une bonne image sur le Vieux continent mais que ses habitants ne veulent pas imiter le modèle américain.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Si l’opinion des Européens sur les Etats-Unis est globalement positive (64%, contre 29%), les situations nationales restent toutefois contrastées. Les Allemands et les Italiens émettent les opinions les plus largement positives (respectivement 73% et 71%). L’Allemagne fait ainsi figure de point d’ancrage le plus ferme de cette image des Etats-Unis. L’Espagne est au contraire très partagée avec des proportions sensiblement égales d’opinions positives et négatives (41% contre 42%), 17% d’Espagnols ne se prononçant pas sur la question. La France et le Royaume-Uni occupent une position intermédiaire, puisque près des deux tiers des personnes interrogées dans ces pays déclarent avoir une bonne opinion des Etats-Unis (respectivement 61% et 59%). L’opinion britannique ne se distingue donc pas sur ce sujet par un penchant spécialement favorable aux Etats-Unis.

Dans l’ensemble de l’Europe, les personnes disposant des revenus les plus élevés et celles se déclarant proches des partis de droite ont, plus que les autres, une bonne opinion des Etats-Unis. En France, c’est parmi les sympathisants de gauche et les salariés du secteur public que se recrutent les personnes ayant l’opinion la plus négative, et particulièrement ceux proches du P.C.

Cette bonne image des Etats-Unis sur le Vieux continent ne signifie pas que les Européens considèrent la plus grande puissance du monde comme un modèle à suivre. Sur le thème des modes de vie et de la culture, les Européens restent sur leur défensive. Une forte majorité au sein de chaque pays considère que l’Europe doit s’inspirer le moins possible du modèle de société américain. Les Britanniques sont singulièrement les plus hostiles à l’idée de s’en inspirer dans le domaine culturel (81%). De leur côté, les Français montrent la plus forte réticence à s’inspirer des modes de vie d’outre-Atlantique (80%). Significativement, et contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, les internautes européens semblent plus rétifs au leadership culturel américain.

Dans chaque pays, environ la moitié des personnes interrogées rejette également l’idée de s’inspirer du système économique américain (de 47% à 53%). Seuls les Italiens se distinguent de l’ensemble, avec 60% d’opinions favorables à une inspiration du modèle économique américain. Les sympathisants des partis de gauche et les salariés du secteur public ont également plus largement tendance que les autres à rejeter le modèle économique américain.

Enfin, la question qui divise le plus les Européens est celle du modèle de fonctionnement de la démocratie. Si une forte majorité d’Italiens (57%) penche en faveur du caractère exemplaire de la démocratie américaine, l’Allemagne est plus partagée (47% en faveur, 43% contre), tandis que la France, le Royaume-Uni et l’Espagne sont majoritairement réticents à considérer ce système comme un modèle à l’heure de l’affaire Lewinsky.

Si les Etats-Unis ne peuvent donc pas être considérés comme un modèle pour le vieux continent, les Européens sont toutefois plus nombreux à souhaiter un rapprochement qu’un éloignement entre l’Europe et les Etats-Unis dans les années à venir. C’est le cas chez deux tiers des Allemands (66%) et des Italiens (63%), et encore de la moitié des Britanniques (50%) ou des Espagnols (46%). Seule la France fait exception : 52% des Français souhaitent que l’Europe prenne ses distances par rapport aux Etats-Unis, restant ainsi dans la ligne d’une tradition politique d’indépendance nationale.

De fortes majorités de personnes interrogées ayant une bonne opinion de Bill Clinton, malgré ses ennuis politiques récents, se dégagent dans les cinq pays. De nouveau, l’Allemagne et l’Italie arrivent en tête avec 81% et 78% d’opinions favorables au président. Les Français donnent sur cette question d’agrément des réponses au même niveau, avec 80% d’opinions favorables à Clinton. En retrait par rapport à leurs voisins, les Espagnols et les Britanniques ne penchent toutefois pas majoritairement vers l’hostilité (55% et 53% d’opinions favorables respectivement).

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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