Poussée de mécontentement en Allemagne et en Italie
Le dernier baromètre Ipsos-Afp "Tendances des opinions publiques en Europe" indique une poussée d'inquiétude économique et de mécontentement politique en Allemagne et en Italie. La perception de l'euro, en repli, fait les frais de cette conjoncture.
Neuf mois après sa naissance, l'euro subit une sensible baisse de popularité, selon le baromètre Ipsos-Afp des "Tendances des opinions publiques en Europe". La proportion des sondés des cinq pays européens concernés par cette enquête qui ont une vision positive de la monnaie communautaire chute de sept points par rapport à mai dernier. Elle reste toutefois largement majoritaire avec 57% d'Européens attachés à l'euro. Pour la première fois depuis un an, cet indice tombe en-deça de la barre des 60%. Ce repli touche l'ensemble des pays à l'exception de l'Espagne. Il est possible que certaines inquiétudes pratiques se fassent jour au fur et à mesure que l'euro entre dans la vie quotidienne des habitants de l'Union.
La poussée d'euroscepticisme est cependant particulièrement accentuée en Allemagne et en Italie. Or précisément, dans ces deux pays, le pessimisme économique nourrit, en cette dernière rentrée du millénaire, le mécontentement politique. Les Allemands continuent à s'enfoncer dans une sombre morosité : 70% d'entre eux se déclarent aujourd'hui "inquiets" de la situation économique et sociale de leur pays. Huit ans après sa réunification, l'Allemagne a perdu la confiance en elle qui suscitait tant d'admiration et de jalousie chez ses voisins. Les dirigeants de la nouvelle République de Berlin font naturellement les frais de ce désarroi. La cote de confiance dans le gouvernement de Gerhard Schröder chute encore de huit points pour descendre à un très modeste 27% des sondés. Près des trois-quarts des Allemands se défient désormais du chancelier élu en septembre 1998. Et c'est dans ce pays que le désir d'alternance, au profit de l'opposition chrétienne-démocrate, est le plus appuyé.
L'Italie est l'autre pays touché par cette vague d'inquiétude. L'indice de confiance dans sa situation économique et sociale plonge de douze points en quatre mois. Les deux-tiers des habitants de la péninsule confessent leur "inquiétude". Ici aussi, la sanction politique n'est pas loin d'accompagner le verdict économique. Les Italiens basculent dans la méfiance à l'égard du gouvernement dirigé par Massimo d'Alemà. Ils manifestent, dans un même mouvement, une nouvelle volonté d'alternance. Le "pôle de la liberté" progresse de onze points comme candidat à un changement gouvernemental.
La situation dans les trois autres contrées visitées par cette enquête est plus paisible. Si les Français font preuve d'un engouement envers l'euro en repli, leur moral économique est stable et leur confiance à l'égard du gouvernement et de la majorité en place demeure majoritaire. En Grande-Bretagne, les jugements sur l'euro et la situation économique sont en baisse mais les positions de Tony Blair et de son parti restent enviables. En Espagne, enfin, la montée de l'inquiétude économique n'a aucune incidence sur la perception de l'euro ni sur le jugement porté sur le pouvoir politique en place à Madrid.