Poutine n'est pas sûr de l'emporter au premier tour
L'homme fort du Kremlin est très largement le favori de l'élection présidentielle russe. Mais Vladimir Poutine a vu ses intentions de vote s'affaisser au cours de la campagne et il pourrait ne triompher qu'au second tour.
Dans la dernière ligne droite de l'élection présidentielle russe du 26 mars, Vladimir Poutine ne semble nullement assuré de l'emporter dés le premier tour. Le président de la Commission centrale électorale a estimé lui même " fort élevée " la probabilité d'un second tour. Les derniers sondages réalisés montrent que le candidat favori se situe aux alentours de 50% des intentions de vote avec une tendance au repli. L'institut Arpi ne lui accorde plus que 48% des suffrages potentiels tout comme The Public Opinion Foundation.
Visum situe Poutine à 53% tandis que l'institut Romir lui donne 50% des intentions de vote. Guennadi Ziouganov, le candidat communiste, arrive loin derrière l'homme fort du Kremlin avec seulement 19% selon The Public Opinion Foundation et 22% d'après Romir. En troisième position se trouve le candidat libéral Grigori Iavlinski, avec respectivement 4 et 5% des intentions de vote selon les deux instituts précités. Tous les autres candidats - et ils sont nombreux - sont crédités de scores ridicules mais qui risquent de disperser les suffrages au premier tour.
C'est dire si l'issue finale de la compétition ne fait pas de doute. Dopé par la fièvre nationaliste soigneusement entretenue grâce à la guerre en Tchétchénie, Poutine n'est inquiété par aucun rival sérieux. Le fait que son principal adversaire soit communiste peut lui être profitable. Sa campagne ne l'a cependant guère fait progresser. Après avoir culminé à 57% des intentions de vote début février, selon les enquêtes de la Public Opinion Foundation, Poutine est repassé en-dessous de la barre fatidique de la majorité absolue en mars. Symétriquement, le candidat communiste qui stagnait aux alentours de 15% des intentions de vote début février frôle aujourd'hui les 20%.
La même source permet de connaître le profil des principaux électorats. Poutine arrive en tête dans toutes les catégories de la population. Mais il est mieux perçu par les femmes (50% des intentions de vote) que par les hommes (45%), par les moins de 35 ans (54%) que par les plus de 50 ans (43%), Le candidat du pouvoir en place - et bien en place - est préféré par les électeurs que l'institut qualifie d'" optimistes " (59%) nettement plus souvent que par les " pessimistes inadaptés " (41%). Comme de bien entendu, le candidat communiste obtient son meilleur score dans cette dernière catégorie... Ziouganov est mieux implanté dans l'électorat âgé avec 32% d'intentions de vote chez les plus de 50 ans. Il est également plus influent auprès des électeurs les moins éduqués et habitant la campagne ou les petites villes. Le profil du candidat libéral est symétrique. Iavlinski réalise ses meilleurs scores chez les plus éduqués (10%), les titulaires de revenus élevés et les habitants des grandes zones urbaines. Mais c'est toujours Poutine qui écrase les autres candidats, chez les riches comme chez les pauvres, parmi les diplômés et ceux qui le sont pas, à la ville comme à la campagne.