Présidentielle 2007 : la disponibilité de Lionel Jospin laisse l'opinion de marbre

Malgré son retour sur le devant de la scène médiatique, Lionel Jospin n'incarne pas dans l'opinion le recours qu'il se propose d'être face à la multiplicité des candidatures à l'investiture socialiste pour la présidentielle. On pourrait même parler de rejet tant les résultats mesurés dans cette dernière vague du baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point lui sont défavorables. On est en tous cas très loin de la popularité de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy, toujours sans véritable concurrence dans leur camp respectif, même si à droite Dominique de Villepin regagne du terrain en terme de popularité comme de potentiel électoral.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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La majorité des Français (60%) et des sympathisants socialistes (56%) "ne souhaitent pas que Lionel Jospin soit candidat à l'investiture du PS en novembre prochain". Et s'il était candidat, une proportion encore plus nette (62% des sympathisants socialistes) souhaite "vraiment" qu'il ne soit pas désigné, car cela "réduirait les chances de la gauche de gagner l'élection" (56% chez les proches du PS). En somme, le retour de Lionel Jospin n'entraîne aucune adhésion. L'ancien Premier ministre enregistre même ce mois ci la plus forte baisse au palmarès de popularité des leaders politiques, de 6 points sur l'ensemble de l'échantillon (33% d'avis favorables contre 58% d'avis contraires), de 8 points si l'on ne retient que l'avis des sympathisants de gauche (48% de bonnes opinions contre 45% d'avis contraire). Il ne semble donc pas aujourd'hui en mesure de concurrencer Ségolène Royal, dont la popularité ne se dément pas.

La Présidente du Conseil Régional de Poitou-Charentes pointe en effet en tête du baromètre de l'action politique, avec 59% de bonnes opinions, 86% si l'on ne retient que l'avis des sympathisants de gauche. Elle devance largement tous ses camarades en terme de "potentiel électoral" : 89% des sympathisants socialistes déclarent "qu'ils voteront probablement pour elle si elle était candidate en 2007", soit de 16 à 40 points de plus que ce que l'on enregistre pour les autres présidentiables. Quarante points, c'est aussi l'écart entre les intentions de vote des sympathisants socialistes pour des "primaires au PS", entre sa candidature (56%) et celle de son dauphin, en l'occurrence Lionel Jospin (16% d'intentions de vote) ; Dominique Strauss-Kahn (12% d'intentions de vote), Jack Lang (10%), Laurent Fabius et François Hollande (3% chacun) sont encore plus loin.

La forte popularité de Ségolène Royal lui permet donc de se démarquer des autres leaders socialistes. Pour autant, cela ne garantit en rien d'une performance électorale. A gauche, on pourrait même s'inquiéter d'un rapport de force aujourd'hui très favorable à la droite. Sous l'hypothèse d'une candidature de Nicolas Sarkozy pour l'UMP, Ségolène Royal obtient aujourd'hui 27% d'intention de vote présidentielle 1er tour, contre 36% au Ministre de l'Intérieur. L'extrême gauche est mesurée à 8%, Marie-George Buffet à 3%, José Bové et Dominique Voynet à 2%, pour un total gauche + extrême gauche à 42% (contre 58% au total droite+extrême droite). A titre de comparaison, tous les sondages d'intentions de vote de la rentrée 2001 donnaient un rapport de force au minimum équilibré, et le plus souvent favorable à la gauche...
Au second tour, l'écart entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy est aujourd'hui de 4 points en faveur du Ministre de l'intérieur (52/48). C'est l'avance la plus nette mesurée depuis février 2006.

Il faut dire qu'en terme de popularité ou de potentiel électoral, Nicolas Sarkozy n'a rien à envier à Ségolène Royal. Ex æquo avec elle en tête du palmarès des leaders politiques (59% de bonnes opinions), il fait lui aussi presque l'unanimité dans son propre camp (87% d'avis favorables chez les sympathisants de droite). Avec 94% de sympathisants UMP soutenant sa candidature, et 60% d'ores et déjà "certains de voter pour lui s'il est candidat en 2007", le Ministre dispose d'un socle électoral encore plus solide que sa rivale socialiste. Malgré un rebond de popularité, Dominique de Villepin est loin d'enregistrer des scores équivalents. Il gagne tout de même en un mois 5 points de bonnes opinions (41%), et 8 points de potentiel électoral (47%, 76% chez les proches de l'UMP). Mais le Premier ministre reste majoritairement impopulaire (54% d'avis défavorables, contre 58% le mois dernier). La popularité du Président de la République est au même niveau, Jacques Chirac enregistrant ce mois-ci 41% de bonnes opinions, contre toujours une majorité d'avis défavorables (55%).


Fiche technique :

Popularité de l'exécutif
Palmarès des leaders politiques
PalmarèsPotentiel électoral présidentiel
Intention de vote présidentielle
Primaire au PS
Spécial Lionel Jospin

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

Société