Présidentielle 2012 : la photo reste encore incertaine

Dans une interview réalisée par Christophe Focari et publié dans le quotidien Libération du 9 avril, Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos, constate en observant la série d'intentions de vote Ipsos / Logica Business Consulting la très grande volatilité des électeurs. A deux semaines du premier tour, de nouveaux rebondissements sont encore possibles ; rien n'est joué. Article paru dans le quotidien Libération daté du 9 avril, que nous reproduisons.

A quelques jours du premier tour, les jeux sont-ils faits ?

Absolument pas. Nous constatons toujours une très grande volatilité à l’intérieur des blocs politiques et des hésitations importantes des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de François Hollande. La porosité au sein des familles politiques reste très importante. Pour Nicolas Sarkozy, les choses semblent plus stabilisées dans une zone autour de 29 %. Son électorat est celui qui se prononce le moins en faveur d’un second choix. Mais, malgré tout, là encore, il y a de la fluidité entre les électeurs du FN et ceux de Nicolas Sarkozy, et ce dans les deux sens.

La campagne officielle qui vient de débuter peut-elle contribuer à stabiliser les électeurs ?

Dans ce contexte de grande mobilité, elle peut contribuer à accélérer ou, au contraire, tempérer ces mouvements. Du coup, la photo reste encore incertaine sur le point d’atterrissage exact de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen, et en conséquence sur celui de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, donc sur leur écart potentiel.

Dans la bataille pour la troisième place, Mélenchon devant Le Pen ou l’inverse, qu’est-ce que cela change ?

Il y a un enjeu symbolique important, notamment pour le candidat Mélenchon, qui a depuis longtemps posé comme objectif de dépasser et de battre la candidate du FN. La véritable question est de savoir si Marine Le Pen se situe dans une zone autour de 15% et plus ou au contraire à 14% et moins. C’est fondamental. Le 22 avril, date du premier tour, il faudra raisonner en comparant son résultat à ceux obtenus par Jean-Marie Le Pen lors des précédentes présidentielles, et non par rapport aux anticipations issues des sondages. Si elle se situe à près de 15% voire davantage, ce serait le deuxième meilleur score du FN à la présidentielle. Qu’elle soit tout juste devant Mélenchon ou tout juste derrière est, de ce point de vue moins important. Si, en revanche, elle tombe au-dessous des 14%, on pourra parler d’échec.

Mélenchon constitue-t-il un atout ou un handicap pour Hollande dans la perspective d’un second tour ?

Les deux, sans que l’on puisse conclure sur ce qui pèserait le plus. Ce n’est pas un handicap dans la mesure où il contribue, semble-t-il, à augmenter le bloc de gauche autour de 45%. De plus les matrices de report de cet électorat sont toujours très favorables à François Hollande. En même temps, il constitue un handicap car il l’affaiblit. Or, si nous avons le 22 avril un écart non pas de 1 ou 2 points entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, mais de 4 par exemple, couplé à un bloc de gauche à 42% plutôt que 45%, ce qui est un scénario tout à fait possible, le second tour se présenterait beaucoup plus difficilement pour François Hollande.

Comment expliquez-vous la baisse de François Bayrou dans les sondages ?

Il est concurrencé par Nicolas Sarkozy et François Hollande qui l’ont tous les deux grignoté. Sa popularité est forte, son projet politique est considéré comme souhaitable et plutôt réaliste. Pourtant, il est en bas des intentions de vote. Cela est dû à son positionnement. Il est difficile de l’emporter en luttant à la fois contre deux familles politiques solidement ancrées et dotées de leaders crédibles.

Cette campagne a-t-elle répondu aux attentes des électeurs ?

Quand vous demandez aux Français s’ils s’intéressent à la campagne, ils répondent oui. Quand vous leur demandez si elle est intéressante, ils répondent non. Cette campagne n’est pas épouvantable, loin de là. Elle a permis aux candidats d’affirmer des systèmes de valeurs différents et de nombreuses propositions. En revanche, elle est marquée par un contexte de crise et de déficits publics qui font que chacun s’attend à des années difficiles. On ne peut donc être dans le réenchantement de 2007.

Voir aussi : l'article sur le site web du quotidien Libération

Auteur(s)

  • Brice Teinturier, Directeur Général Délégué France, Ipsos
    Brice Teinturier
    Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)

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