Présidentielle 2022 | Avantage Emmanuel Macron

A une semaine du second tour et avant le débat télévisé entre les deux finalistes, la dixième vague de l'Enquête Électorale 2022 réalisée par Ipsos et Sopra Steria pour le Cevipof, la fondation Jean Jaurès et Le Monde mesure un rapport de force électoral favorable à Emmanuel Macron. Le duel est toutefois plus équilibré qu'en 2017, dans un contexte de pessimisme et d'inquiétude pour l'avenir qui ne rassure pas sur le niveau de participation dimanche prochain.

Auteur(s)
  • Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
  • Federico Vacas Directeur Adjoint du département Politique et Opinion - Public Affairs
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Ipsos-Sopra Steria | Intentions de vote

 

Avantage Macron

Les intentions de vote mesurées du 15 au 18 avril sur notre échantillon de 12 700 panélistes témoignent d'une avance significative d'Emmanuel Macron (56%) sur Marine Le Pen (44%) avant le débat d'entre-deux tours et les derniers jours de campagne. Du point de vue de l'arithmétique électorale, cette avance s'explique déjà par l'écart de 4,7 points en faveur du Président sortant enregistré à l'issue du premier tour (27,85% des suffrages exprimés pour 23,15% à Marine Le Pen).

Emmanuel Macron bénéficie ensuite de meilleurs reports de voix que sa rivale dans les électorats de tous les candidats de gauche et de Valérie Pécresse, que ne compensent pas le différentiel favorable à Marine Le Pen dans les reports de voix du bloc nationaliste, électeurs d'Éric Zemmour ou de Nicolas Dupont-Aignan. On enregistre enfin pour Marine Le Pen une mobilisation un peu moins forte de son électorat premier tour, dont 94% ont l'intention de revoter pour elle au second tour, alors qu'on est à 98% du côté d'Emmanuel Macron. Sur les millions d'électeurs concernés, la différence n'est pas négligeable.

Un duel plus équilibré qu'en 2017

Pour autant, le duel s'annonce plus serré qu'en 2017, en premier lieu parce que les reports de voix en faveur d'Emmanuel Macron à gauche sont moins élevés qu'à l'époque : 52% des électeurs 2017 de Jean-Luc Mélenchon avaient voté pour Emmanuel Macron au second tour, pour 36% à en avoir l'intention cette année. De même, 71% des électeurs de Benoît Hamon avaient voté pour Emmanuel Macron au second tour, pour 66% des électeurs de Yannick Jadot et 62% de ceux d'Anne Hidalgo qui en ont l'intention aujourd'hui.

Cette dégradation des transferts de voix vers Emmanuel Macron s'accompagne d'une progression sensible de l'image et de la crédibilité de Marine Le Pen. Si elle reste toujours plus critiquée que le Président sortant, le niveau d'antipathie à son égard a globalement baissé : 51% des Français ne l'aiment pas ou peu, ils étaient 59% de cet avis en 2017. Dans le détail, la crédibilité comparée entre les deux candidats est également plus équilibrée qu'il y a cinq ans, avec pour chacun ses zones de force. Emmanuel Macron domine sur les critères de présidentialité (étoffe d'un Président, capacité à faire face à une crise grave, image de la France à l'étranger), mais Marine Le Pen incarne davantage que le Président sortant la proximité et le changement ("comprend bien les problèmes des gens comme nous", "veut vraiment changer les choses").

Sur 14 domaines d'actions testés, 8 sont à l'avantage d'Emmanuel Macron, mais 6 sont à l'avantage de Marine Le Pen. Emmanuel Macron est ainsi jugé plus crédible par rapport à "la guerre en Ukraine" (70%, pour 28% qui considèrent que c'est Marine Le Pen), par rapport à "la croissance économique" (63% / 35%), "l'épidémie de Covid-19" (63% / 35%), "l'environnement" (61% / 36%), "les déficits publics et la dette" (57% / 41%), "le système scolaire" (55% / 43%), "le chômage" (55% / 43%) et "le système de santé" (51% / 47%). Le rapport de force est en revanche favorable à Marine Le Pen en ce qui concerne "les inégalités sociales" (47% / 51%), "le terrorisme" (47% / 51%), "le pouvoir d'achat" (45% / 53%), "les retraites" (42% / 56%), "l'immigration" (38% / 60%) et "la délinquance" (36% / 62%).

De l'inquiétude et du pessimisme, quel que soit le résultat de l'élection

Marine Le Pen suscite moins de rejet, Emmanuel Macron sans doute moins d'espoir et l'inquiétude l'emporte, quel que soit le nom de futur Président. Dans les deux cas, on redoute à 79% "des mouvements sociaux importants durant tout le quinquennat". Les deux candidats inquiètent plus qu'ils ne rassurent, et les Français sont de plus en plus nombreux à penser que la situation de la France, comme leur situation personnelle, se dégradera dans les années à venir : 57% des Français, en progression de 6 points en un mois, pensent que "la situation en France" va se dégrader si Marine Le Pen est élue, mais 48% (+ 5 points) sont du même avis si c'est Emmanuel Macron ; 48% (+4 points) anticipent une dégradation de "sa situation personnelle" si Marine Le Pen est élue, 50% (+5 points) si c'est Emmanuel Macron. Ni l'un ni l'autre ne semblent aujourd'hui en mesure de rassembler les Français, il n'y a aucun état de grâce à attendre.

Vers une abstention record ?

Le peu d'enthousiasme vis à vis des candidats ne laisse rien présager de bon quant à la participation au second tour de l'élection présidentielle. Si 79% des Français se déclarent intéressés par le scrutin, c'est 6 points de moins que ce que nous mesurions en 2017 à une semaine du second tour (85%). De même, seuls 69% des électeurs sont certains d'aller voter, soit là encore 6 points de moins que le taux relevé à même échéance en 2017 (75%). Sans sursaut de mobilisation de dernière minute, il se pourrait que l'abstention progresse entre le premier et le second tour, ce qui n'est arrivé qu'une fois sous la Ve République, en 2017 (nous étions passés de 22,2% d'abstention au premier tour à 25,4% au second). Si tel était à nouveau le cas cette année, nous pourrions atteindre dimanche une abstention jamais vue pour un second tour d'élection présidentielle depuis 1969.

Retrouvez notre dossier spécial Présidentielle 2022

Présidentielle 2022 - séparateur

Fiche technique : sondage mené par Ipsos et son partenaire Sopra Steria pour le Cevipof, Le Monde et la Fondation Jean Jaurès du 15 au 18 avril 2022 auprès de 12706 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française, inscrite sur les listes électorales, âgée de 18 ans et plus.

 

 

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  • Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
  • Federico Vacas Directeur Adjoint du département Politique et Opinion - Public Affairs