Présidentielle : Jospin a pris un léger avantage

La dernière vague d'intentions de vote Ipsos/Vizzavi – Le Point – France 2 – Europe 1 place pour la première fois depuis les municipales Jospin en tête au second tour. L'enquête révèle par ailleurs que contrairement aux idées reçues, il n'est pas évident que les Français choisissent la même couleur politique à la présidentielle et aux législatives.

Les intentions de vote exprimées ce week-end par les électeurs "certains d'aller voter" nous informent en premier lieu du caractère très serré du scrutin à venir. Pour l'heure, Jospin bénéficierait d'une légère avance au second tour (51 / 49). La progression des intentions de vote en faveur du chef du gouvernement se confirme, et le place pour la première fois en position de l'emporter. Toutefois, le basculement du rapport de force ne doit surtout pas être considéré comme définitif. En témoignent les souhaits de victoire, qui évoluent peu : 42% des Français souhaitent la victoire de Jospin, 41% celle de Chirac ; quinze jours auparavant, les deux hommes étaient à égalité, 38% de citations chacun. Le pronostic de victoire s'est plus nettement inversé, mais il reflète d'abord la vague de sondages favorables au Premier ministre. Certes, le début de campagne de Lionel Jospin est jugé bien meilleur que celui de Jacques Chirac. Mais il convient là encore de préciser que les interviews ont été conduites avant la polémique entre les deux têtes de l'exécutif sur le ton donné par Jospin à la campagne. Enfin, si l'écart entre les deux hommes au premier tour se resserre (24% d'intentions de vote pour Chirac, 22% pour Jospin), on le doit plus à la baisse enregistrée par Chirac depuis un mois qu'à une dynamique de campagne particulièrement favorable à Jospin. En particulier, le score du chef du gouvernement au premier tour n'a pas significativement progressé depuis sa déclaration de candidature.

Pour les autres candidats, la tendance est à la stabilité. Arlette Laguiller est toujours créditée de 8% d'intentions de vote, qui lui permettraient, si les choses en restaient là, de devancer Robert Hue et Noël Mamère (tous deux à 6%, inchangé par rapport au 2 mars), et d'égaler le score de Jean-Marie Le Pen (8% également, -1). Jean-Pierre Chevènement reste le troisième de cette élection (11%, +1), mais toujours assez loin de Chirac (24%, stable) et Jospin (22%, +1). Aucun des autres candidats testés ne dépasse les 3% d'intentions de vote ; en particulier, la petite remontée enregistrée lors de la dernière vague par François Bayrou est déjà effacée (3%, -1).

Pour le premier tour comme pour le second, rien de définitif. Ne serait-ce que parce tous les candidats proposés ne franchiront peut-être pas l'obstacle des 500 signatures d'élus nécessaires pour se présenter. Si les deux-tiers des Français considèrent que "c'est une bonne règle qui permet d'éviter les candidatures peu sérieuses", trois sur dix la juge au contraire trop sévère, car pouvant "empêcher une représentation correcte de toutes les tendances politiques". Les difficultés de Jean-Marie Le Pen à recueillir les dites paraphes laissent d'ailleurs l'opinion perplexe. Si la majorité des électeurs estiment que "ce serait une bonne chose pour la démocratie" que Le Pen n'obtienne finalement pas les 500 signatures, plus de quatre Français sur dix pensent au contraire que "ce ne serait pas une bonne chose pour la démocratie". Cette proportion, très importante eu égard la personnalité controversée du leader du Front National, nettement en retrait par rapport aux autres personnalités sur le plan de la popularité, montre à quel point le mode de sélection des candidats à la présidentielle pose problème à une part non négligeable d'électeurs. Ipsos a d'ailleurs réalisé des intentions de vote sous l'hypothèse que l'extrême droite soit absente du scrutin. On constate que les voix de l'extrême droite profiteraient alors à l'ensemble du spectre politique. Jacques Chirac obtient dans ces nouvelles intentions de vote trois points de plus (27%), Pasqua progresserait de deux points pour se rapprocher du seuil des 5%, Chevènement gagnerait un point et demi. Les scores de Laguiller et de Robert Hue augmenteraient tous deux d'un demi-point, celui de Jospin serait crédité d'une unité supplémentaire (23%).

Si les souhaits de victoire à la présidentielle sont très partagés entre Chirac et Jospin, le rapport de force est plus favorable à la gauche en ce qui concerne les prochaines législatives. Aujourd'hui, 44% des Français "souhaitent la victoire de la gauche plurielle" en juin prochain, contre 39% celle de "l'UDF, du RPR, et de Démocratie Libérale" (17% ne se prononcent pas). On constate ici que l'hypothèse d'une nouvelle cohabitation n'est pas à exclure. Contrairement aux idées reçues, une part non négligeable de Français ne souhaite pas forcément la victoire du même camp aux deux élections. Ainsi, 30% de l'électorat potentiel de Chirac à la présidentielle souhaiterait la victoire de la gauche aux législatives si Chirac était élu. Symétriquement, 31% des personnes ayant l'intention de voter Jospin à la présidentielle souhaiterait une cohabitation avec un gouvernement de droite. Pour une part importante de Français, l'enchaînement présidentielle-législatives n'est ni simple, ni automatique. La concordance du choix des électeurs aux deux élections est aujourd'hui loin d'être évidente.

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