Présidentielle : la campagne officielle accentue la dispersion des intentions de vote
Jacques Chirac reste en tête des intentions de vote premier tour mesurées par Ipsos lundi et mardi, malgré une baisse d'un point (22%). L'écart entre les deux favoris est stable, Lionel Jospin, à 18%, enregistrant une baisse équivalente. Le Premier ministre-candidat souffre de la faiblesse du soutien de son propre camp. A peine 43% des sympathisants socialistes certains d'aller voter déclarent une intention de vote en sa faveur. Les autres choisissent principalement de ne pas s'exprimer (16%), ou lui préfèrent au premier tour Arlette Laguiller, Jean Pierre Chevènement ou Noël Mamère (environ 7% pour chacun). A titre de comparaison, 62% des proches du RPR optent aujourd'hui Chirac dès le premier tour (11% de non exprimés, et un peu moins de 5% vers Madelin, Le Pen, Saint-Josse ou Bayrou).
La scission du Front National n'aura pas eu raison de l'extrême droite. La dernière ligne droite avant le premier tour voit en effet se confirmer la progression de Jean-Marie Le Pen, qui avec 13% d'intentions de vote (+1), est aujourd'hui plus près de la deuxième que de la quatrième place. Le Pen devance même Chirac et Jospin dans les intentions de vote premier tour des employés et des ouvriers. Comme parallèlement, Bruno Mégret semble lui aussi profiter d'une dynamique de fin de campagne favorable (3%, +1,5%), le cumul des scores enregistrés pour ces deux candidats porte les intentions de vote en faveur de l'extrême droite à 16% soit un point de plus que le score de Jean-Marie Le Pen en 1995.
Pas de progression symétrique à l'extrême gauche, au contraire. La baisse de quatre points des intentions de vote en faveur d'Arlette Laguiller (7%) n'est pas compensée par la progression des scores d'Olivier Besancenot (2,5%, +1,5 points) ou de Daniel Gluckstein (0,5%, +0,5 point). Laguiller retrouve aujourd'hui brutalement -sa progression était très régulière jusqu'à cette dernière vague -un niveau d'intentions de vote équivalent à ceux enregistrés en tout début de campagne, assez loin des 10-11% de ce dernier mois. La tendance est encore plus défavorable pour Jean-Pierre Chevènement, à 6% d'intentions de vote (-2,5 points). Le député-maire de Belfort aurait perdu petit à petit la moitié de son électorat potentiel, pour figurer aujourd'hui dans un groupe de six candidats mesurés entre 6,5 et 3,5% d'intentions de vote (par ordre décroissant : Mamère, Chevènement, Hue, Bayrou, Madelin, Saint Josse). Derrière, les "petits candidats" profitent de la campagne officielle pour émerger. Mais à cinq jours du premier tour, plus du tiers des personnes ayant exprimé une intention de vote déclarent pouvoir encore changer d'avis.
En tête au premier tour, Jacques Chirac conserve son avance sur Lionel Jospin dans les intentions de vote exprimées pour le second tour (51 / 49). Le choix des électeurs semble d'ailleurs plus ferme pour le second tour, puisque les trois quarts des interviewés déclarent leur préférence comme définitive (contre 24% qui se réservent le droit de changer d'avis). Les souhaits de victoire baissent pourtant pour chacun des deux hommes, qui se retrouvent à égalité (35% souhaitent la victoire de Jacques Chirac, -5 points, 35% aussi souhaitent la victoire de Lionel Jospin, -3 points, 30% ne se prononcent pas, +8 points). A cinq jours du premier tour, Jospin domine dans les intentions de vote des moins de 35 ans, dans les catégories de revenu intermédiaires, tandis que Chirac est en tête dans l'électorat plus âgé, au sein des foyers les plus modestes et les plus aisés.
