Présidentielle : les challengers ne décollent pas
A un an de l'élection présidentielle, les volontés de candidature sont nombreuses, à gauche comme à droite. L'enquête Ipsos/Le Point montre que ces candidatures multiples ont pour l'instant du mal à s'imposer dans l'opinion, Lionel Jospin et Jacques Chirac captant à eux deux près de 60% des intentions de vote du premier tour.
Certes, la cristallisation des choix électoraux est encore bien loin d'être opérée dans l'opinion. Mais l'enquête conduite par Ipsos montre que les annonces ou les velléités de candidature à gauche, avec Jean-Pierre Chevènement par exemple, ou à droite avec François Bayrou, Alain Madelin, Charles Pasqua ou Christine Boutin n'ont pour l'instant pas créé de dynamique en leur faveur. Avec 5% d'intentions de vote, François Bayrou réalise ainsi le meilleur score de ces candidats potentiels ou déclarés. Si les Français jugent favorablement (60%) la multiplicité des candidatures à l'élection présidentielle - à l'exception notable des sympathisants UDF (54% estiment que cette multiplicité est porteuse de conflits), signe peu encourageant pour François Bayrou- , il n'en demeure pas moins que l'élection reste pour eux aujourd'hui structurée autour du duel Chirac-Jospin. 52% des personnes interrogées, un pourcentage en hausse de 7 points par rapport à février dernier, se disent ainsi " sûrs " que Lionel Jospin et Jacques Chirac s'affronteront au second tour l'an prochain. Ces deux personnalités dominent évidemment les intentions de vote. A gauche, et en faisant l'hypothèse d'une candidature Chevènement, Lionel Jospin est crédité de 27-28% des intentions de vote. Arlette Laguiller (6%), Robert Hue (6%) et Noël Mamère (5%) sont pour l'instant au coude à coude dans la conquête de la seconde place au sein de la gauche. Avec Jean-Pierre Chevènement, le total des voix des gauches se situe donc à 49-50% au premier tour. A droite, et de manière logique, les intentions de vote sont d'autant plus favorables à Jacques Chirac que l'offre est restreinte. Dans l'hypothèse d'offre la plus large à droite (Bayrou, Madelin, Boutin, Pasqua plus deux candidats d'extrême droite), le président capte tout de même 30% des intentions de vote, profitant de l'absence de dynamique actuelle en faveur de ces " petits " candidats (mais rien n'indique qu'une telle dynamique ne se créera pas en campagne autour de telle ou telle personnalité). Dans l'hypothèse d'offre la moins large à droite (Bayrou et Madelin seulement et aucun candidats d'extrême droite), Jacques Chirac recueille 38% des intentions de vote. Enfin, l'extrême droite ne paraît pas en mesure de rééditer ses performances de 1988 et 1995 : Jean-Marie Le Pen est crédité de 6-7% des intentions de vote, Bruno Mégret de 2%.
Quelle que soit la configuration à droite du premier tour, le rassemblement au second semble de toutes façons mieux s'effectuer qu'à gauche. Alors que le rapport gauche-droite est de 50/50 au premier tour, Jacques Chirac obtient 52% d'intentions de vote au second tour face au Premier ministre. Ces rapports de force, sans valeur prédictive, montrent en tous cas le caractère extrêmement serré de la future élection, que reflètent également les pronostics des Français : 30% pensent aujourd'hui que Jacques Chirac l'emportera alors que 28% pronostiquent une victoire de Lionel Jospin. 18% pensent qu'une autre personnalité peut gagner et 24% n'expriment pas de pronostics.