Présidentielle : progression du vote contestataire

La dernière vague du baromètre Ipsos/Vizzavi-Le Point-France 2-Europe 1 fait apparaître une baisse des intentions de vote premier tour en faveur de Jacques Chirac (23%, -1 point) et de Lionel Jospin (19%, -1). Dans le même temps, l'extrême gauche et l'extrême droite en hausse totalisent plus de 25% des intentions de vote exprimées au premier tour.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
Get in touch

A deux semaines du scrutin, Lionel Jospin enregistre le plus faible niveau d'intentions de vote premier tour depuis juin 2001. Il ne recueillerait aujourd'hui que 19% des suffrages exprimés par les électeurs "certains d'aller voter", contre 23% pour Jacques Chirac. Même si la qualification pour le second tour ne semble pas en jeu - Jean-Marie Le Pen, troisième avec 12% d'intentions de vote, Laguiller, quatrième à 11% ou Chevènement, cinquième à 8,5%, sont aujourd'hui trop loin des deux favoris pour pouvoir y prétendre - les trois points d'intentions de vote premier tour perdus en deux semaines l'éloignent sensiblement de son score de 1995 (23,3%).

Pour l'instant, Lionel Jospin mobilise peu ses soutiens les plus naturels. A peine la moitié des électeurs se déclarant proches du Parti socialiste lui donneraient leur voix au premier tour (53%), 13% préférant Arlette Laguiller, 8% Jean-Pierre Chevènement, 5% Noël Mamère, 6% choisissant de ne pas s'exprimer. A titre de comparaison, près des deux tiers des sympathisants RPR voteraient aujourd'hui pour Jacques Chirac dès le premier tour (8% opteraient plutôt pour Jean-Pierre Chevènement et 6% pour Jean-Marie Le Pen).
Jospin est également en retrait dans les catégories modestes. S'il reste soutenu par les professions intermédiaires (25% d'intentions de vote premier tour), Lionel Jospin ne recueille aujourd'hui qu'un cinquième des voix des ouvriers et des employés. Derrière le président sortant dans la catégorie de revenu la plus basse (il ne recueille que 15% des suffrages exprimés par les personnes dont le foyer bénéficie d'un revenu mensuel net inférieur à 7500F, soit son plus mauvais score depuis janvier et onze points de moins que Jacques Chirac (26%) dans cette catégorie), la cote de Lionel Jospin s'effrite dans les catégories intermédiaires (moins cinq points en deux semaines dans les tranches 7500-13000F et 13000-20000F, soit respectivement 20 et 19% des suffrages exprimés). Paradoxalement, c'est à présent dans la catégorie de revenu supérieure que le candidat socialiste enregistre sa meilleure performance (21%).

Le fléchissement de la candidature Jospin ne profite pour autant pas à ses alliés de la gauche plurielle : Robert Hue et Noël Mamère restent à 5% d'intentions de vote chacun. En revanche, la progression, impressionnante de régularité, d'Arlette Laguiller se poursuit : 11% des suffrages premier tour exprimés (+1), auxquels viennent s'ajouter 1% d'intentions de vote obtenues par Olivier Besancenot de la Ligue Communiste Révolutionnaire, pour un total extrême gauche plus de deux fois supérieur au meilleur score jamais enregistré par ce courant dans toutes les élections présidentielles ou législatives de la cinquième République. Arlette Laguiller se voit en revanche souffler la troisième place par Jean-Marie Le Pen, crédité de 12% d'intentions de vote, en progression de 2 points. Avec Bruno Mégret à 1,5% d'intentions de vote, l'extrême droite n'est plus très loin de son score de 1995, quand Jean-Marie Le Pen obtenait 15%. Au total à deux semaines du scrutin, candidats d'extrême gauche et d'extrême droite se partagent plus du quart des suffrages exprimés (25,5%), dont le tiers des intentions de vote exprimées par les ouvriers et 40% des intentions de vote des employés.
Peu de changement en revanche pour les autres candidats : François Bayrou reste à 5%, Madelin et Saint-Josse recueilleraient 3,5%. Daniel Gluckstein, le candidat du Parti des Travailleurs testé pour la première fois, n'atteint pas le demi-point d'intentions de vote.

Les intentions de vote second tour confirment l'avance de Jacques Chirac, qui obtiendraient aujourd'hui 51% des suffrages exprimés. A noter cependant qu'environ un électeur sur cinq, certain d'aller voter au second tour, ne veut aujourd'hui se prononcer pour l'un ou l'autre des deux candidats (18%, contre 9% pour le premier tour). La tendance favorable à Chirac est toutefois confirmée par les "souhaits de victoire", ou le président sortant repasse en tête : 40% des personnes interrogées souhaitent aujourd'hui la victoire de Jacques Chirac (+2 points), 38% celle de Lionel Jospin (-2 points), 22% n'ont pas souhaité répondre à cette question.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

Société