Quand europhile rime avec chlorophylle

L'enquête menée par Ipsos pour l'Observatoire Thalys montre que la préservation de l'environnement rallie la majorité des Européens. Pour autant, un écart subsiste entre Allemands et Néerlandais cités en exemple, et leurs voisins, plus éloignés, dans la pratique, de ces préoccupations.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Du vert sous la bannière bleue : écoloconscience chez les Européens

La préservation de l’environnement est à coup sûr devenue une préoccupation majeure en Europe. En France, en Allemagne, en Belgique, en Espagne, en Italie ou en Grande-Bretagne, la majorité des personnes interrogées pensent d'abord aux "citoyens" lorsqu'on leur demande de désigner l'acteur se préoccupant le plus de la protection de l'environnement (53 % de citations). L'Etat (22 %) ou les entreprises (10 %) sont nettement moins souvent cités. Les Hollandais se démarquent de leurs voisins par une distribution des rôles plus équilibrée entre Etat (35 % de citations) et citoyens (34 %), mais doutent comme leurs homologues européens de la conscience écologique des entreprises (seulement 7 % de citations). Le scepticisme quant à la bonne volonté des entreprises est encore plus fort en Belgique (3 % de citations) et en Espagne (4 %).

Des sept pays testés, l'Allemagne prend incontestablement la première place de la "green attitude". Désignée par plus du quart des interviewés comme "pays le plus soucieux de l'environnement", loin devant la Suède (8% de citations) ou les Pays-Bas (7%), l'Allemagne est la nation jugée la plus "écologiste" selon les Allemands eux-mêmes, mais aussi les Français, les Belges, les Espagnols, les Italiens et les Britanniques. Les Européens sont plus sévères quant aux pays latins, montrés du doigt pour leur peu de considération à l’égard de l’environnement : l’Italie arrive en tête des mauvais élèves (12 % de citations), devant les pays méditerranéens, France (9 %), Espagne (8 %) et Grèce (7 %), et la Grande-Bretagne (8 %). A contrario, les pays nordiques ne sont presque jamais cités, recueillant des scores inférieurs à 1 %.

Du recyclage au cyclo : la bonne conscience germanique

La première place de l'Allemagne au palmarès des nations les plus soucieuses de l'environnement est sans doute justifiée, tant cette problématique semble aujourd'hui intégrée au quotidien des habitants : ainsi, les Allemands sont les plus nombreux à déclarer "trier les ordures" (86 %), "économiser l'eau" (68 %), "utiliser des emballages recyclables" (65 %) et "privilégier l'utilisation des transports en commun et du vélo" (59 %).

Sans atteindre les taux relevés en Allemagne, la conscience écologique apparaît dans cette enquête comme une réalité dans les autres pays interrogés. Près des trois quarts des Européens déclarent en effet trier les ordures (71 % - ce chiffre masquant toutefois des disparités entre pays : les nordiques par exemple privilégient un véritable tri selon les matériaux à domicile tandis que les Français se contentent d’un simple tri du verre la plupart du temps). La moitié des personnes interrogées déclare veiller également à leur consommation d’eau (54 %), utiliser des emballages recyclables (52 %), voire même privilégier les déplacements en transports en commun pour épargner la couche d’ozone (46 %).

L'engagement écologique des Européens est en revanche moins net lorsqu'on se réfère aux réflexes de consommation. Un peu plus du tiers de l’échantillon déclare régulièrement privilégier des produits verts au moment des achats, mais près d'une personne sur deux ne le fait "qu'occasionnellement" (32 %) ou "rarement" (14 %), et 16 % admettent ne jamais privilégier un produit comportant une mention ou un label garantissant le respect de l'environnement. Sur cet aspect des choses, l'Europe est loin de constituer un espace homogène. Si globalement, l’ensemble des interviewés intègre au moins de temps en temps cette pratique à ses comportements d’achat, les différences s’observent essentiellement sur la fréquence. Là où plus de la moitié des Belges (53 %), Espagnols (53 %), Britanniques (55 %) et des Néerlandais (60 %) privilégient le "produit vert", au moins de temps en temps, les assidus sont beaucoup moins nombreux (entre un cinquième et un quart des interviewés selon les pays). D’ailleurs, un Britannique sur trois (30 %), près du quart des Belges (26 %), des Espagnols (24 %) et des Néerlandais (22 %) confient que ce critère n'intervient jamais dans leurs choix. Confortant la perception que les autres pays ont d’eux, les Allemands s’avèrent là encore être ceux qui ont le mieux intégré ce réflexe à leurs pratiques de consommation : seuls 4 % d'entre eux reconnaissent ne jamais y penser quand a contrario près de la moitié (45 %) a le réflexe vert à chaque occasion d’achat. Ainsi, quand les citoyens se déclarent au premier chef responsables et acteurs de la préservation de leur cadre de vie, les consommateurs qui les habitent semblent quelque peu contrarier ces bonnes intentions.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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