Quatre questions à Yves Cochet, député Vert du Val d'Oise :"On ne peut pas faire d'écologie sans les écologistes"

Pour Canal Ipsos, la réaction d'Yves Cochet, député Vert du Val d'Oise, à l'enquête d'image des Verts auprès des Français.Les Français portent une appréciation plutôt nuancée sur le bilan des Verts au Gouvernement. Vous même, après plus de trois ans, quel bilan tirez-vous de la participation des écologistes au gouvernement ?

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Il faut nuancer l'appréciation "plutôt nuancée" que vous évoquez : dans le bilan sectoriel de l'action de Dominique Voynet, les deux premières questions (pollution de l'air, sécurité nucléaire) relèvent en effet directement des prérogatives ministérielles de Madame Voynet et, sur ces points, le bilan satisfait les Français. Les deux autres questions (sécurité alimentaire, sécurité maritime), au bilan plutôt négatif selon le sondage, relèvent d'autres ministères. Ces opinions critiques s'adressent à Jean Glavany et à Jean-Claude Gayssot. Associer ces deux dernières questions au ministère Voynet est un manque de rigueur de votre enquête ou une intention politique de nuire.

Le bilan que je tire de notre participation au gouvernement est plutôt positif. Sur le fond des politiques publiques, nous avons obtenu des décisions et des réorientations inimaginables si nous n'avions été présents : arrêt de Superphénix, abandon du projet de grand canal Rhin-Rhône, valorisation des déchets urbains, diversification énergétique, création de la TGAP, adoption de la loi Voynet sur l'aménagement du territoire, transcription de la directive " oiseaux " dans la loi " chasse ", mise en place du réseau Natura 2000… A cette liste non exhaustive dans le domaine de l'environnement, s'ajoutent les influences vertes dans d'autres : réduction du temps de travail, fiscalisation de certaines cotisations sociales, reconnaissance de l'économie solidaire, parité en politique …

Enfin, cette participation à la politique nationale dans les institutions a permis une reconnaissance et une visibilité des Verts bien supérieures à ce qu'elles étaient avant 1997.Mais, bien sûr, la satisfaction que j'exprime est relative: beaucoup reste à faire !

En dépit de trois années d'exercice du pouvoir, une majorité de Français et de sympathisants écologistes cantonnent encore les Verts dans un rôle de défense de l'environnement. Est-ce pour vous une déception ?

Je vois plutôt dans les réponses à vos questions sur l'image et le positionnement des Verts que, depuis 1997, les Français ont découvert et approuvent désormais le caractère généraliste de nos capacités de réflexion et d'action. Mais, dans le même temps et comme nous-mêmes, les Français ont un désir accru d'environnement sain. A cette fin, ils font confiance aux Verts pour agir. Ils ont raison. On ne peut pas faire d'écologie sans les écologistes.

Les Français ont le sentiment que les Verts pèsent plus que le PC sur les décisions du Gouvernement. Vous-même, partagez-vous cette opinion ?

Non. Bien que nous soyons flattés d'être perçus comme plus influents que nous ne le sommes. Le PS et le PC se connaissent bien et depuis longtemps. Ils sont prévisibles l'un pour l'autre. C'est très rassurant en politique. Sur le fond, ils demeurent assez productivistes et peu imprégnés du développement durable. L'exemple du nucléaire est éclairant sur ce point. En outre, le groupe communiste et apparentés à l'Assemblée nationale est fort de 35 membres, tandis que les députés Verts ne sont que 5.

Plus d'un sympathisant vert sur deux ne se définit pas comme " de gauche ". En tirez-vous des conséquences en terme de positionnement politique ou de stratégie d'alliance des Verts en vue des prochaines échéances électorales ?

La stratégie " majorité plurielle " que les Verts ont choisie dès 1995 demeure la meilleure pour l'avenir. Il n'est donc pas question d'en changer. Reste à savoir dans quelles conditions spécifiques elle est mise en œuvre lors de telle ou telle échéance électorale.


Droit de réponse

En interrogeant les Français sur le rôle de la Ministre de l'Environnement dans quatre domaines (la lutte contre la pollution de l'air, la sécurité nucléaire, la sécurité alimentaire et la sécurité maritime), Ipsos n'a ni volontairement, ni involontairement, fait de confusion sur les prérogatives institutionnelles du Ministère de l'Environnement. Il a simplement posé une question qui se posait, en terme politique et d'opinion. En effet, même si la sécurité alimentaire et la sécurité maritime relèvent effectivement du champ d'actions d'autres ministères, il n'en demeure pas moins que ce sont deux thèmes sur lesquels la Ministre de l'Environnement s'est publiquement exprimée et politiquement engagée. Elle s'est exprimée à plusieurs reprises lors du naufrage de l'Erika, subissant même un feu nourri de critiques. Elle vient ce week-end de demander un moratoire sur l'utilisation des farines animales. Ces prises de position contribuent à la structuration de son image politique. Cette analyse justifie nous semble-t-il la formulation de notre question sur le bilan de Dominique Voynet.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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