Quinquennat : consensus mais faible mobilisation

L'enquête Ipsos/Le Point montre que les Français voteraient très majoritairement en faveur du quinquennat en cas de référendum. En revanche, le débat les passionne peu ; les partisans du 'oui' comme du 'non'auront fort à faire pour mobiliser les électeurs.

A peine 39% des Français seraient "tout à fait certains d'aller voter" si un référendum sur le passage du mandat présidentiel au quinquennat avait lieu dimanche prochain. Or quatre mois avant les élections européennes, scrutin pour lequel l'abstention est traditionnellement la plus forte, les enquêtes Ipsos/Le Point enregistraient des taux de "certains d'aller voter" d'environ 60%, pour une participation réelle le jour du scrutin de 47%. C'est dire si le quinquennat est aujourd'hui loin de passionner l'opinion publique. Un référendum sur cette question pourrait ressembler à celui sur le nouveau statut de la Nouvelle Calédonie en novembre 1988. A l'époque, on avait atteint un record d'abstention, 63% des inscrits ayant boudé le scrutin.

Comme en 1988, si la mobilisation est faible, le "oui" est en revanche franc et massif. Le statut de la Nouvelle Calédonie avait été adopté par 80% des suffrages exprimés. Aujourd'hui, plus de huit Français sur dix sont pour le quinquennat (83%, contre 17% qui "voteraient non à ce référendum"). Même si ce taux est un pourcentage de départ (les sondages réalisés juste après l'annonce du référendum de Maastricht en 1992 donnait le "oui" vainqueur à 65%, pour finir à 51% le jour du scrutin), la marge est importante. Certes, les opposants au quinquennat parviendront certainement au fil des débats à mobiliser davantage leurs troupes. Les sympathisants du RPF ou de l'extrême droite, actuellement encore majoritairement favorables au "oui", peuvent, sous l'influence des déclarations de Charles Pasqua, de Jean-Marie Le Pen ou de Bruno Mégret, changer d'avis et se ranger du côté des partisans du septennat. Mais l'avance du "oui" est telle que, Jacques Chirac et Lionel Jospin s'attacheront certainement surtout à encourager la participation de Français majoritairement convaincus du bien fondé du quinquennat, et ce au risque de mobiliser davantage les partisans du "non".

La tâche sera difficile, tant la question semble éloignée des préoccupations quotidiennes des Français, plutôt centrées sur des thèmes comme la sécurité ou le chômage. Qui plus est, l'allocution télévisée du président de la République a peut-être encouragé l'opinion dans sa conviction qu'une telle "réforme ne va pas changer profondément les institutions de la cinquième République" (63%). Même pour les personnes déclarant leur intention de voter "non" au référendum, l'idée, pourtant développée par Charles Pasqua, qu'une telle "réforme va changer profondément les institutions de la cinquième république", est largement minoritaire (32%, contre 61% d'avis contraires).

En tout état de cause, Jacques Chirac n'a pas vraiment réussi sa prestation télévisée : autant de Français l'ont trouvé "plutôt convaincant" que "plutôt pas convaincant" (43%), un résultat plutôt mitigé pour un sujet qui fait pourtant consensus dans l'opinion. On note toutefois que ceux qui ont suivi l'émission sont plus nombreux à avoir été convaincus que ceux qui en ont simplement entendu parler, alors que le profil politique des deux populations est sensiblement le même. Par ailleurs, la majorité des sondés a jugé le président "plutôt clair" (50%, contre 38% d'avis contraires) et "plutôt sincère" (56%, contre 29%).

Quant à savoir si Chirac doit s'appliquer à lui même le quinquennat, au cas où un référendum serait adopté, les deux-tiers des Français sont contre. Ils ne veulent pas que la réforme de la durée du mandat présidentiel se traduise par la démission d'un président qu'ils ont élu pour sept ans. Dans le même esprit, la majorité souhaite que le calendrier électoral, qui prévoit l'élection présidentielle en avril 2002, après les législatives prévues pour mars, soit maintenu. Sur cette dernière question toutefois, l'opinion est susceptible d'évoluer ; un tiers des Français souhaite d'ores et déjà que "la présidentielle ait lieu avant les législatives", alors même que la problématique n'est pour l'instant pas vraiment débattue sur la place publique.

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